Sous l'impulsion des pouvoirs publics et des grands constructeurs, le marché des voitures électriques se développe rapidement. Ces véhicules restent toutefois assez peu présents en Bourgogne-Franche-Comté.
L'objectif est clair : produire 2 millions de véhicules électriques en 2030, et passer au 100% électrique à l'horizon 2035. C'est en tout cas la ligne défendue par Emmanuel Macron, réaffirmée au journal "Les Echos" dimanche 16 octobre dernier.
Nous assumons cet objectif de 100 % de véhicules électriques en 2035. Il est nécessaire pour tenir nos objectifs climatiques et est une opportunité pour réindustrialiser notre pays.
Emmanuel Macron, au journal "Les Echos"
Une présence timide en Bourgogne-Franche-Comté
Mais cette volonté de renouvellement du parc automobile rencontre pour l'instant un succès très mesuré en Bourgogne-Franche-Comté. En 2021, les voitures particulières à motorisation gazole ou essence représentaient toujours l'écrasante majorité des 1,8 million de véhicules du parc régional. Les véhicules électriques représentaient quant à eux à peine 0,5% de ce chiffre, d'après les données du ministère de la Transition écologique et du Service des données et études statistiques.
"Il y avait très peu de véhicules électriques vendus avant 2015", note Jean-Marc Jacques, chargé de développement à Bourgogne-Franche-Comté Mobilité électrique (BFCME), une association de promotion des mobilités électriques. "Avant la pandémie, ils représentaient péniblement 1,5% à 2% des ventes."
Depuis, le marché de l'électrique connaît un succès fulgurant. "Au niveau national en 2021, il y a presque un véhicule sur cinq vendu, immatriculé neuf, qui est électrique", détaille Jean-Marc Jacques. "En septembre 2022, il s'est d'ailleurs vendu plus de véhicules électriques que de véhicules diesel en France."
On estimait, au niveau national, qu'il y aurait un million de véhicules électriques en circulation d'ici la fin de l'année. Mais on a dépassé ce chiffre cet été.
Jean-Marc Jacques, chargé de développement à BFC Mobilité électrique
De plus en plus de points de charge...
Les ventes de véhicules électriques progressent et l'implantation des points de charge aussi. En Bourgogne-Franche-Comté, le gestionnaire de réseau Enedis dénombrait en juillet, en moyenne, 86 de ces points pour 100 000 habitants. Ce qui représente, en l'espace d'un an, une augmentation de 110%.
La Bourgogne-Franche-Comté fait toutefois partie des régions métropolitaines les moins bien loties. Elle dispose en effet de moins de points de charge que les Hauts-de-France, la Normandie, la Nouvelle-Aquitaine, la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, l'Île-de-France et l'Occitanie. Celle-ci fait d'ailleurs office de première de la classe, avec 128 points de charge pour 100 000 habitants.
À noter que l'implantation de ces points de charge devrait s'accélérer. Les ministres des Transports européens se sont en effet accordés, en juin 2022, pour que les grands axes routiers disposent d'une borne tous les 60 km en 2025.
... pour peu d'utilisations
En Côte-d'Or, le syndicat SICECO "territoire d'énergie" gère 41 bornes, réparties dans tout le département mais en dehors de la métropole dijonnaise. "Elles ont été installées progressivement pour répondre à l'itinérance", explique Jean-Michel Jeannin, directeur. "C'est-à-dire pour permettre aux personnes qui traversent la région par exemple d'effectuer, plutôt, des charges 'd'appoint'."
Mais ces bornes restent à ce jour relativement peu utilisées. Alors comment l'expliquer ? "C'est simple : 90% des recharges se font à domicile", précise Jean-Marc Jacques. "Le kilowattheure y est beaucoup moins cher que sur les bornes de recharge."
Actuellement, si vous avez l’abonnement qui va bien, vous pouvez toucher le kilowattheure à 15 centimes d’euros. Alors que sur un super chargeur borne rapide sur autoroute, vous êtes aux alentours de 70 centimes le kilowattheure.
Jean-Marc Jacques
Alors que les prix du carburant connaissent des hausses effrénées depuis le début d'année, sans compter les pénuries, les véhicules électriques pourraient bien être la solution pour les automobilistes. Seulement, encore faut-il pouvoir assurer la production d'électricité adéquate. "Pour faire rouler deux millions de voitures électriques, il faut trois quarts d'une centrale électrique", conclut Jean-Michel Jeannin. "Donc si on veut remplacer tout notre parc automobile, vu l'état de nos centrales, c'est simple : ça ne passera pas."