Originaire d'Asnières-lès-Dijon, Ludovic Ibba a l'aventure chevillée au corps. Il a mené des expéditions en Amazonie, en Finlande et dans le désert. "Journal d’expéditions en Amazonie", son premier livre est disponible depuis deux semaines. France 3 Bourgogne l'a rencontré.
Archéologue, naturaliste, explorateur, spéléologue et maintenant auteur. Ludovic Ibba a plusieurs cordes à son arc. Depuis le début du mois de juin, son livre "Journal d’expéditions en Amazonie. Du fleuve à l’océan de l’océan à la forêt" est en vente. L'aventurier originaire d'Asnières-lès-Dijon (Côte-d'Or) nous fait partager son expérience inoubliable.
Pourquoi partager vos expéditions dans un livre ?
"Ce n’était pas forcément un but de faire un livre. Simplement quand je suis en expédition, j’ai mon petit carnet de bord et j’y écris tous les soirs tout ce qui s’est passé dans la journée. Je le fais pour moi, pour ne pas oublier. Il se passe tellement de choses qu’on en oublie forcément une partie. Je me suis amusé à mettre mon carnet de bord au propre, je voulais garder des souvenirs et partager avec mes proches. C’est la suite logique pour moi."
À 29 ans, vous êtes déjà un aventurier confirmé, vous avez mené de nombreuses expéditions. De quelles expéditions en particulier parlez-vous dans le livre ?
"Ça me tient à cœur de documenter toute la faune et la flore que j’observe. Je pense que ça fait partie intégrante du job d’explorateur. Dans le livre, je relate trois expéditions de fin 2019 à 2020 en Amazonie, mais ce n’était pas la première fois. J’y étais déjà allé en 2017. On n'arrive pas en forêt amazonienne comme ça, du jour au lendemain. Il faut quand même avoir des connaissances, sinon on participe à l’image négative qui peut être véhiculée. Alors que la forêt amazonienne n’est pas plus dangereuse que la ville. Il faut juste avoir les codes et savoir lire les signes."
"Pour cette expédition, pendant un mois, on a remonté la côte guyanaise en voilier jusqu’au Suriname. Après je suis retourné en Guyane et j’y ai passé deux semaines seul, sur une petite île isolée de la forêt amazonienne. Et après j’ai remonté le fleuve le plus long et sauvage de la Guyane, le Sinnamary, en kayak."
Quels étaient les moments les plus difficiles des trois expéditions ?
"L'une des plus grosses difficultés, c’était de remonter le fleuve Sinnamary à contre-courant. Il y a plusieurs fois où ce n’était pas possible de remonter les rapides à la pagaie, donc il a fallu accoster sur la rive et se frayer un chemin à travers la forêt à la machette. Le premier passage nous a aidé à tracer un petit chemin qui contourne les rapides. Après on y retourne pour emmener les affaires et une dernière fois pour tracter les kayaks à travers la forêt."
"C’est super fatiguant, nous avons fait entre 50 et 200 mètres de progression en beaucoup d’heures. C’est assez dangereux en plus, il faut être super vigilant. Le problème c’est qu’il peut y avoir deux ou trois rapides qui vont se succéder. Ça arrive de passer toute une journée à contourner des rapides et de n'avancer que de quelques mètres dans la progression de l’expédition."
Vous avez rencontré des animaux sauvages ?
"C’est un peu la chute de mon livre. Déjà, il faut savoir que le jaguar est l'un des animaux les plus difficiles à étudier. C’est aussi le félin avec le plus de puissance dans la mâchoire, c’est le seul qui va donner la mort en un coup. Le jaguar, lui, il nous voit. Nous aussi on sait qu’il est là, on reconnaît ses traces mais ça devient un peu comme une légende, quelque chose de mystique quand on a l'habitude de passer du temps en forêt amazonienne."
L’Indiana Jones des temps modernes ne veut pas vous "divulgâcher" tout son libre, alors il s'arrêtera là sur la rencontre avec le jaguar. Il révèle quand même :"Je peux quand même dire que ça restera l’expérience la plus forte que j’ai vécue jusqu’à présent. Je ne pourrais jamais oublier le regard du félin quand on s’est regardé droit dans les yeux."
L'explorateur a aussi rencontré un caïman, qu'il a pu prendre en photos. "Je pensais que la photo était raté, ce n'est qu'à mon retour que j'ai découvert la photo".
Comment gère-t-on la peur dans ces moments là ?
"Il n’y a pas d’histoire de courage dans ces moments-là. On n’a pas le temps d’avoir peur. C’est l’instinct de survie qui prend le dessus aussi, parce que l’instinct sait que si la peur prend le contrôle, c’est la mort. Heureusement, nous avons bien réagi et ça s’est bien passé. Voilà pourquoi il faut aussi bien se préparer."
Comment on se prépare pour ce genre d’expéditions ?
"La préparation passe aussi par le sport, un minimum, surtout le kayak, il faut en faire beaucoup. Je me suis aussi préparé aux techniques de survie, de pêche. Ce sont des choses de base qu’il faut connaître, c’est indispensable. Pour le matériel aussi c’est spécifique, je ne prends pas les mêmes choses en fonction de si je marche ou si je suis en kayak. En Amazonie j’avais un hamac et une bâche, c’est ma maison. Je suis toujours sûr d’être en sécurité. Évidemment de quoi faire du feu mais pas qu’un briquet."
Eh oui, si vous aussi vous souhaitez partir à l’aventure, Ludovic Ibba insiste, l’encens naturel à base de sève d’arbre est un très bon combustible. À ne pas oublier non plus : des vivres comme du riz et de la semoule, de quoi pêcher, des cordes et l’itinéraire.
C’est quoi un bon aventurier ?
"C’est quelqu’un qui a un minimum de connaissances, surtout s’il veut partager ses aventures par la suite. Quelqu’un qui respecte l'environnement, les endroits où il va, les populations locales et les cultures. Et la préparation aussi c’est important. Tant qu’on a ces trois choses là, je pense qu’on peut partir en expédition."
Depuis 2019 vous avez mené d’autres expéditions. À quand le prochain livre ?
"J’ai envie d’écrire un autre livre, j’ai beaucoup de choses à raconter. Par exemple, en septembre j’étais en Finlande à la frontière Russe pour observer les grands prédateurs. Je suis tombé nez à nez avec un ours. Il y a trois semaines j’étais encore à Madagascar pour étudier les occupations pirates. J’ai plein de carnets de bords dans mes tiroirs mais il ne faut pas écrire pour écrire."