Il façonne le bronze et la terre cuite, expose ses œuvres jusqu'en Nouvelle-Zélande, travaille même pour la couronne d'Angleterre. Et surtout, Paul Day, sculpteur émérite, est installé chez nous, en Côte-d'Or. Rencontre.
C'est dans un petit coin de verdure, au cœur de la campagne bourguignonne, que se cache son atelier. Voilà 30 ans que Paul Day s'y est installé, pour mener, de son propre aveu, "une petite vie tranquille". "Quand j'ai quitté les Beaux-Arts, je suis venu avec mon épouse en France pour faire des expos locales, essayer de vivre en vendant mon travail modestement", sourit-il. "Je n'aurais jamais imaginé faire tout ça !"
"Tout ça", c'est une demi-douzaine d'œuvres en bronze ou terre cuite, bas-reliefs ou statues, exposées dans plusieurs grandes villes d'Europe, dont Londres. C'est d'ailleurs dans l'une des gares de la capitale anglaise, Saint-Pancras, que réside ce qui est peut-être sa création la plus célèbre : "The Meeting Place", cette prodigieuse statue de neuf mètres de haut, qui représente un couple enlacé.
"Régulièrement, je reçois des demandes de personnes qui me demandent s'ils peuvent en acheter une version miniature. Parce qu'ils se sont fiancés au pied, ou qu'ils ont rencontré leur futur époux devant", explique l'artiste. "Malgré moi, elle est rentrée dans la vie romantique des gens."
"Je pense que c'est assez sympathique qu'une œuvre puisse toucher les gens au sein de leur couple, et faire référence pour beaucoup de monde comme un moment de bonheur."
Paul Day,sculpteur
Il a travaillé pour la famille royale
Si tous ses travaux ne sont pas aussi médiatiques, ils n'en demeurent pas moins tout aussi impressionnants. Comme ces trois charolaises de métal qui ornent la pelouse de son jardin, en attendant d'être restaurées. "Il faut que je les décape et les repatine", précise le sculpteur, qui les a conçues pour un domaine viticole néo-zélandais.
"Autour d'ici, ça se trouve dans tous les bouts de champ ! C'était l'occasion de me plonger dans l'univers qui m'entoure et de créer des bêtes qui ne coûtent pas cher à l'entretien", plaisante-t-il. L'occasion, aussi, de toucher au "sujet animalier", ce qu'il n'avait jamais abordé auparavant.
Jusque là, Paul Day s'était en effet plutôt consacré à des œuvres historiques, retraçant des pans de l'histoire de son pays natal. Le monument à la Bataille d'Angleterre par exemple, ou le Mémorial à la Reine-Mère, une commande de la famille royale, et qui retrace la vie de la mère d'Elisabeth II.
"Au début, évidemment, on est intimidé parce que cette famille porte tout une symbolique, toute une histoire. Elle symbolise toute une nation. Ça nécessite une certaine forme de discipline et de responsabilité de réaliser une œuvre pour eux."
L'Angleterre toujours au cœur de ses créations
Dans son atelier justement, la Grande-Bretagne n'est jamais bien loin. Lorsqu'il nous en ouvre les portes, il travaille sur une sculpture en hommage à la chanteuse britannique Vera Lynn. "Pendant neuf décennies, elle était une sorte de présence dans la culture des chansons populaires en Angleterre. Comme Edith Piaf, on l'entendait à la radio, tout le temps."
Une œuvre "personnelle" que Paul Day a accepté de réaliser, là encore, sur demande de la famille de la chanteuse après son décès en 2020. "J'ai connu Vera, et je connais très bien sa fille unique. Elle m'a demandé si ça m'intéressait de dessiner un projet pour créer un mémorial national. Parce que Vera incarne l'esprit de résistance et d'espoir face à des heures sombres de la Deuxième guerre mondiale." Entamée il y a cinq mois, la sculpture sera installée, une fois terminée, dans un parc de Birmingham visité par des centaines de milliers de personnes.
Et malgré le succès de ses travaux, Paul Day se veut toujours modeste. "Je n'ai pas la prétention de me mesurer aux plus grands sculpteurs de l'histoire. Si mes œuvres ne sont pas trop mauvaises, et que les gens ne désespèrent pas de les voir tous les jours, peut-être qu’elles résisteront. Parce que le sujet est très important pour l'histoire de la nation."