Sans chauffage dans la caserne, les familles des gendarmes d'Arnay-le-Duc appellent à l'aide : "comment élever un enfant dans ces conditions ?"

Alors qu'une nouvelle caserne est attendue depuis des années à Arnay-le-Duc, les gendarmes de cette commune de Côte d'Or vivent et travaillent pour le moment sans chauffage, dans des locaux vétustes humides. Leurs familles lancent "un appel à l'aide".

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À Arnay-le-Duc (Côte-d'Or), les gendarmes vivent et travaillent actuellement sous des températures qui avoisinent les 12 degrés. Au début du mois de novembre, une fuite d'eau a inondé la caserne, contraignant les quinze familles résidentes à couper la chaudière.

Au froid s'ajoutent moisissures, fissures, défauts d'isolation thermique et sonore. La liste des dégradations est longue dans cette vieille bâtisse orangée construite en 1968. En témoigne une lettre adressée aux élus et à la presse le 5 décembre par les familles de ces militaires.

Devoir de réserve

"Si on ne prenait pas la parole à leur place, personne ne nous regarderait", commente une femme de gendarme auprès de France 3 Bourgogne. 

Les militaires étant soumis au devoir de réserve, leurs familles prennent les devants. Dans cette lettre, ou plutôt cet "appel à l'aide", conjointes et conjoints de gendarmes s'interrogent :

"Comment élever un enfant dans ces conditions ? Un service de l'Etat peut-il nous laisser vivre ainsi ?" 

Les familles de gendarmes d'Arnay-le-Duc

 

"Des plaques de polystyrène ont été installées pour maintenir le plafond, ce qui accroît le risque d'incendie", poursuit notre source qui préfère rester anonyme, inquiète face aux tâches brunes qui encerclent les ampoules des logements.

Avec d'autres familles, elle demande le rétablissement rapide du chauffage et "un soutien financier pour assumer les factures d'électricité qui ont quadruplé alors que le salaire des gendarmes, lui, n'a pas augmenté". Pour l'instant, le surcoût lié aux radiateurs d'appoint installés dans la caserne est assumé par les foyers.

Fidéliser les gendarmes

"Nous, c'est sûr, on n'aura pas d'enfant ici", souffle cette femme d'un ton désabusé. À Arnay-le-Duc, elle observe que les gendarmes avec un projet de paternité achètent une maison ailleurs. "Mais encore faut-il en avoir les moyens", poursuit celle dont le mari envisage de démissionner. 

"Il faut entamer des travaux si on veut fidéliser les gendarmes dans la commune", réagit le maire, Benjamin Leroux. "Chaque année, le major voit des officiers partir à cause de cette barre d'immeuble peu vendeuse".

Contacté dès le début de la panne de chauffage par les familles, le département de Côte-d'Or, propriétaire et donc responsable des grosses oeuvres dans les locaux, n'a pas encore apporté de solution pérenne aux gendarmes. A plusieurs reprises, les services départementaux ont néanmoins envoyé des techniciens sur place. Ils promettent l'arrivée du matériel nécessaire le 14 décembre, pour une intervention (et une solution?) dès le lendemain. 

Une nouvelle caserne en projet depuis 40 ans

Benjamin Leroux suppose que si les travaux n'avancent pas dans les locaux actuels, c'est parce qu'une nouvelle caserne doit bientôt voir le jour à Arnay-le-Duc. Sauf que ce dossier-là aussi traîne dans les tiroirs des autorités.

Lancé dès les années 80 par l'ancien maire et résistant Pierre Meunier, le projet devrait cette fois être sur le point d'aboutir : il est validé par le ministère de l'Intérieur depuis 2020 et un appel d’offres a été lancé en décembre dernier, d'après le maire de la ville.  

En attendant, les gendarmes et leurs familles risquent de passer les fêtes en parka, les mains bien lovées au-dessus du radiateur d'appoint. "Aidez-nous, aidez les militaires", concluent conjointes et conjoints dans leur courrier, au service de ceux qui ne peuvent pas parler.

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