Sécheresse : "Qui nous dit que dans 20 ans, il y aura encore des truites et des écrevisses ici ?"

La chaleur et la sécheresse exceptionnelles de l'été 2022 ont laissé des traces. Dans le parc national de forêts, au nord de la Côte-d'Or, les agents de la biodiversité ne peuvent que constater l'appauvrissement de la faune aquatique.

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"On devrait protéger ces ruisseaux comme des monuments historiques. Qui nous dit que dans 20 ans, il y aura encore des truites et des écrevisses ici ?" Nous sommes à La Chaume, au milieu du parc national de forêts, à cheval sur la Côte-d'Or et la Haute-Marne. Olivier Milley et Cédric Geeraert, inspecteurs de l'environnement pour l'Office français de la biodiversité, nous guident dans le lit d'un cours d'eau totalement à sec... au point qu'on croirait marcher sur un simple sentier.

Un cours d'eau à sec sur 10 kilomètres

"On est sur un affluent de l'Aube, le Coupe-Charme", explique Olivier Milley. "C'est un petit affluent calcaire où les truites, habituellement, vivent, se reproduisent et arrivent à accomplir leur cycle. Mais aujourd'hui, ça doit faire deux mois que pas une goutte d'eau n'a coulé dans ce ruisseau." Ici, la rivière a disparu sur 10 kilomètres.

"La sécheresse est de plus en plus prononcée. La fréquence et la récurrence de ces épisodes est de plus en plus marquée", regrettent les agents. Quelques kilomètres plus loin, ils s'arrêtent près d'un trou d'eau, réminiscence de ce qui est d'ordinaire un véritable cours d'eau. "Il y a très peu d'eau, le débit doit être d'un litre par seconde à peu près, alors qu'on devrait être à 20-25 normalement", estime Cédric Geeraert.

Selon les inspecteurs, "les pertes en terme de faune peuvent aller de 50 à 90%". La sécheresse facilite notamment la prédation des oiseaux : aigrettes, hérons...

"Quand il n'y a pratiquement plus d'eau comme maintenant, ils ont accès plus facilement aux poissons. Par endroits, on peut avoir une disparition totale de la truite fario, à cause de la prédation due aux conditions de sécheresse."

Les écrevisses de Bourgogne disparaissent

Et les poissons ne sont pas les seuls menacés. En remontant le ruisseau, nous tombons sur une écrevisse morte dans une flaque de boue. "Elle n'a pas pu regagner la partie aval. On voit que c'est un mâle adulte. On voit bien les pinces blanches, c'est ce qu'on appelle une écrevisse à pattes blanches." Une espèce protégée, autochtone en Bourgogne, déjà menacée par l'invasion des écrevisses américaines, plus voraces et résistantes.

"Ces écrevisses sont des reliques de l'ère glaciaire. Elles ont survécu jusqu'à présent. Si elles disparaissent aujourd'hui, ça veut dire que les milieux sont vraiment en état d'alerte maximum."

Autrefois communes en Côte-d'Or, ces écrevisses ne se trouvent plus que dans une poignée de cours d’eau. Dans le ruisseau que nous arpentons, la température permet encore aux écrevisses bourguignonnes de survivre... Mais pour combien de temps ? "Ici, l'eau est à 15,1 degrés, c'est conforme. Mais 300 mètres en aval, on est à 19 degrés", note Cédric Geeraert. 

Autre préoccupation : la raréfaction des cachettes des écrevisses. "À partir du moment où les racines des arbres sont exondées (totalement sorties de l'eau), où l'on a des blocs de terre à sec, elles ne peuvent plus se réfugier dedans. C'est une perte d'habitat énorme. Si c'est temporaire, ça va. Mais le problème est qu'on est dans cette situation quasiment depuis le mois de juin. C'est extrêmement préoccupant pour les écrevisses." Fin août dans le nord-Côte-d’Or, près de 20% du tracé des rivières était à sec.

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