Le 6 juin, le père de Stéphanie et Aurélie décède d'un infarctus, malgré trois appels au secours passés par la famille au 15. Trois mois plus tard, cette famille originaire de Côte-d'Or ne digère pas ce drame, et exige des réponses.
Depuis plusieurs mois, la famille de Stéphanie et Aurélie vit un vrai cauchemar. Le 6 juin, son père décède d'un infarctus. Ses proches, pourtant, avaient appelé les secours à trois reprises pour signaler son état. Ces derniers ont fini par arriver trois heures plus tard, cinq minutes après le décès de la victime.
"J'en veux à la terre entière mais c'est normal", avoue Stéphanie, dont la famille habite à Quetigny (Côte-d'Or). On est dans une telle colère. On a envoyé beaucoup de courriers, et on attend des réponses."
La victime dans un état "faible" depuis le matin
Des réponses, pour comprendre comment les secours ne se sont pas déplacés plus tôt. Le 5 juin, alors qu'il est en vacances avec sa femme au Cap d'Agde (Hérault), le père de Stéphanie se réveille avec une douleur au dos, et un état de faiblesse général. "Il reste tant bien que mal toute la journée dans cet état, à manger puis se recoucher. Son état se détériore le soir."
C'est alors que la femme de la victime décide de faire appel à son beau-frère et sa belle-soeur, qui logeait également dans la résidence. Ensemble, ils décident d'appeler la maison médicale d'Agde à 23h30. "Ils ont directement dit qu'ils fermaient à minuit et qu'ils ne s'occupaient pas des cas comme ça, qu'il faut appeler le centre 15."
"Ce n'est pas considéré comme un cas grave"
C'est ce qu'ils feront cinq minutes plus tard. Mais l'appel n'aura guère plus de réussite. "Ma mère dit que mon père n'est pas bien du tout, qu'il a un point dans le dos, une transpiration excessive, et un état de faiblesse impressionnant. Les secours répondent que c'est sûrement une hypoglycémie, le médecin conseille alors une prise de sucre et de nourriture pour que ça aille mieux, et de toute façon ils n'ont pas d'ambulance dans l'immédiat", raconte Stéphanie.
Mon père était dans un état de faiblesse telle qu'il ne pouvait plus marcher, ni se mettre sur ses jambes. Le médecin a répondu que ce n'était pas considéré comme un cas grave, et qu'il ne pouvait pas envoyer quelqu'un.
StéphanieFille de la victime
Les minutes passent, et l'état du père de Stéphanie continue d'empirer. La mère, l'oncle et la tante attendent 45 minutes et rappellent le 15. "Ils réexpliquent la situation en disant que son état s'aggrave. On leur dit de l'amener par leurs propres moyens aux urgences de Béziers, à 28 kilomètres. Mais mon oncle ne peut pas, il ne peut pas le porter sur son dos, il n'est pas tout jeune."
Un appel avec le 18 qui ne se termine pas comme prévu
Dans un acte désespéré, l'oncle de Stéphanie décide d'appeler le 18. L'appel se conclura par une réponse inattendue. "Ils disent qu'ils ne peuvent pas déclencher l'intervention du centre 15. Mon oncle s'énerve. "Qu'est-ce qu'il faut faire pour que vous envoyiez quelqu'un ? Que la victime soit dans une mare de sang ?" "Oui c'est un peu ça", répond le 18.
Au troisième appel au centre 15, le médecin régulateur se décide enfin à envoyer quelqu'un. "Entre temps, mon père avait des soucis d'élocution. Il ne pouvait plus articuler et des gros soucis de respiration. Il est décédé 5-10 minutes avant l'arrivée des pompiers. Il a fait un arrêt cardiaque, ils ont essayé de le réanimer mais n'ont pas réussi."
"Ma famille a vécu quelque chose de traumatisant"
Trois mois plus tard, lorsqu'on demande si la famille va porter plainte, la réponse de Stéphanie est cinglante. "Porter plainte contre quoi ? Porter plainte contre un système de santé en France qui s'essoufle ? Cela fait des années que les professionnels de santé alertent sur leurs conditions de travail et leur manque de moyens."
On veut avoir des réponses, qu'on reconnaisse qu'il y a une faute.
StéphanieFille de la victime
Aujourd'hui, sa famille est encore marquée par ce drame. "C'est une culpabilité pour mon oncle, ma tante et ma mère. C'est quelque chose de traumatisant qu'ils ont vécu. Se dire "qu'est-ce qu'on aurait pu faire de plus ? Est-ce qu'on n'a pas assez insisté ? C'est vraiment le monde à l'envers. Nous en tant que citoyen, on a le droit à la santé. Vous appelez les urgences et c'est quand même fou qu'au bout de trois appels ils soient incapables d'envoyer quelqu'un."
La victime n'avait pas d'antécédents cardiaques. Stéphanie et Aurélie ont envoyé de nombreux mails dans l'espoir d'obtenir une réponse. Contacté par France Télévisions, l'hôpital de Montpellier ne veut pas faire de commentaires, mais précise qu'une enquête interne est en cours.