Alors que les critiques se multiplient contre la lente mise en route de la campagne vaccinale contre la Covie-19, certains professionnels de santé proposent de supprimer lla consultation pré-vaccinale, obligatoire pour se faire vacciner. "Une contre-vérité" pour d'autres médecins.
Les médecins généralistes ont un rôle de premier plan dans cette campagne de vaccination française contre le coronavirus. Ce sont les mieux placés pour identifier les personnes prioritaires, mais aussi pour convaincre des patients réticents à l'idée de se faire vacciner. "Il est souhaitable que le médecin généraliste soit au cœur de notre dispositif. Chacun doit pouvoir se faire vacciner par un professionnel de santé à côté de chez lui qu’il connaît et en qui il a confiance", avait déclaré le premier ministre, Jean Castex, début décembre.
L'objectif affiché par le gouvernement est de ne surtout pas reproduire l'erreur de la vaccination contre la grippe H1N1. En 2009, la stratégie gouvernementale se basait sur des vaccins à la chaîne. Mais face à une campagne au compte-gouttes, les attaques ne faiblissent pas et visent notamment la consultation pré-vaccinale obligatoire, dans le champ de mire de certains médecins et politiques, qui y voient un frein à la vaccination.
Pour certains, c'est presqu'un peu trop. Anne-Laure Bonis, médecin généraliste à Dijon et présidente du syndicat de médecins généralistes MG France en Côte-d’Or, c'est une "contre-vérité. Je ne pense pas que le ralentissement vienne de la part des consentements ou de la consultation", explique le médecin. "L’attente, elle ne vient pas de là. Elle vient de l’attente des vaccins qui n’arrivent pas."
Ce rendez-vous covid obligatoire entre le patient et son médecin permet d'évaluer la situation clinique du patient, notamment de vérifier qu'il n'a pas d'allergie et n'est pas malade, de l'informer bénéfices et les risques du vaccin et d'obtenir son consentement, fondamental, surtout pour les personnes dépendantes vivant en EHPAD.
Plus vous rajoutez des procédures officielles, plus vous allez faire peur à la population.
Un point de vue que ne partage pas totalement Aurélien Vaillant, médecin généraliste à Seurre, en Côte-d'Or. Selon lui, "plus vous rajoutez des procédures officielles, plus vous allez faire peur à la population. On a l’habitude d’expliquer aux gens et de noter dans leur dossier qu’ils ont bien été informés. On n’a pas besoin de faire signer des papiers etc qui ne servent pas à grand chose car s’ils veulent faire une procédure, ils feront une procédure. C’est le problème du fonctionnement à la française mais malheureusement c’est comme ça."
On rajoute du mille-feuille administratif et je pense que ce n’est pas bien.
Pour Pierre-Louis Variot, président de l'Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine de Bourgogne Franche-Comté, "c’est un des points noirs pour lequel on prend beaucoup de retard dans cette vaccination. Si chaque médecin fait trois ou quatre consultations pré-vaccinale par jour, on va en avoir pour mille ans à vacciner tout le monde. On rajoute du mille-feuille administratif et je pense que ce n’est pas bien. Il faut que l'on aille vite et il faut faire les choses simplement."
Aurélien Vaillant propose de "discuter avec les gens sans forcément faire une consultation sous forme d'entretiens courts." Il n’est pas nécessaire selon lui "de faire une consultation que pour ça surtout pour les volontaires" avec le risque d'augmenter les délais d'attente pour se faire vacciner.
La France est en effet l'un des rares pays à accorder des consultations prévaccinales avant l'administration du sérum.
Se faire vacciner en pharmacie ?
Selon le JDD, pour faire accélerer la campagne de vaccination, le gouvernement envisage de faire participer les pharmacies à l'effort vaccinal contre le Covid-19, pour l'heure limité aux médecins généralistes.
"Il y a quand même un travail médical de connaitre son patient, il y a une surveillance médicale", estime Anne-laure Bonis. "Cela ne peut pas se faire dans une pharmacie." Elle estime que les médécins généralistes sont "capables de se coordonner et travailler en synergie avec les paramédicaux notamment les infirmières qui connaissent le geste. C'est un acte médical donc on ne peut pas faire n’importe quoi."
Pour Aurélien Vaillant, "on n’a pas besoin de ça pour l’instant. C’est surtout que les patients ont besoin d’être rassurés et qu’on leur explique clairement avec leur médecin habituel. C’est là où cela marche le mieux. La plupart des gens à qui j’explique et qui étaient au départ contre le vaccin au départ se tiennent prêts à se faire vacciner."
Un vaccin qui pose des problèmes logistiques
Le vaccin Pfizer/ BioNTech acheminé en France a des caractéristiques très particulières, notamment concernant sa conservation à – 80°. La vaccination requiert l’injection de 2 doses par personne espacées de 21 jours. Ces paramètres constituent un défi logistique majeur pour acheminer les doses au plus près des personnes qui ont choisi d’être vaccinées.
"Un bémol" pour Pierre-Olivier Variot. "ll y a une infrastructure logistique énorme avec ce vaccin car il doit être conservé à -80°. Le fait que ces vaccins soient très lourds en terme de logistique n’aide pas. Aujourd’hui, le choix de faire un vaccinodrome ce n’est pas qu’un choix politique, c’est aussi un choix technique car ces vaccins ont un mode de transport et de conservation particulier."
L'enjeu de cette campagne est sanitaire mais également financier à savoir quel corps de métier en aura la charge. En tout, la première phase de la campagne devrait concerner selon le gouvernement un million de personnes et se poursuivra jusqu'à début février en raison du délai de trois semaines nécessaire entre l’administration des deux doses du vaccin.