Covid 1 an après : " je n'ai jamais autant pleuré de ma vie" Catherine, aide-soignante à l'hôpital de Trévenans

Catherine a 54 ans. Cette aide-soignante a été l'une des premières à rejoindre l'unité covid créée en urgence il y a 1 an à l'hôpital de Trévenans. Une expérience qui a laissé des traces et sur laquelle elle a accepté de revenir lors d'un entretien. 

Catherine Jean-Pierre comme de nombreuses soignantes et soignants en France n'était pas préparée à ce tsunami qu'a représenté l'arrivée il y a 1 an de l'épidémie de Covid. Une déferlante qui a tout embarqué sur son passage et chamboulé durablement sa vie. Le sourire est doux et l'oeil pétillant, Catherine se livre avec pudeur mais sans fard. 

Les premiers jours

Les premiers souvenirs de Catherine, ce sont « la peur, l’inconnu, un changement total de rythme de travail et de nouvelles collègues qu’il fallait découvrir mais tout s’est bien passé (…) on s’est toutes entendues, chacune avec sa peur.
Catherine est aide-soignante à l’hôpital de jour de Belfort et, il y a 1 an, on lui annonce quasiment la veille que c’est son unité qui va être transformée en unité covid  « quand on nous a amené tout ce qu’il fallait, les masques, les lunettes, les combinaisons, on s’est dit dans quoi on va vivre, on a tous eu la peur au ventre ».

Une course contre la montre au quotidien

« Quand on a ouvert le service les patients arrivaient des urgences toutes les 5 minutes. Il fallait préparer les chambres, voir les patients au plus mal et les mettre dans une chambre seule après les familles téléphonaient pour savoir.

On avait une tablette pour que les familles gardent le lien avec leur proche hospitalisé et on jouait le rôle d’intermédiaire le patient nous disait ce qu’il avait envie de dire à sa famille ... surtout vers la fin. 
C’était très difficile de mettre ces gens dans des housses plastiques sans adieu de la famille, on avait l’impression d’être dans une guerre.

C’est du non-stop 10h par jour ; pas le temps d’aller aux toilettes, de manger, de boire ; c’était la course contre la montre et les patients nous quittaient. J’ai pu en accompagner certains jusqu’à la fin mais pas tout le monde parce qu’on ne pouvait pas être partout.

On ouvrait une porte on avait peur on se demandait ce qui se passait qu’est-ce qu’on allait découvrir derrière.

y’a eu un moment où je me suis sentie complètement démunie. Je me disais tu sers à rien, j’arrive pas à les soigner Catherine, aide-soignante

Lorsqu’on demande à Catherine si elle avait imaginé qu’en choisissant ce métier, elle aurait à vivre de tels évènements, la réponse est non sans hésitation.

« Après je l’ai fait parce que j’adore mon métier, j’adore être avec les gens, faire tout ce que je peux pour eux. Mais là, y’a eu un moment où je me suis sentie complètement démunie. Je me disais tu sers à rien, j’arrive pas à les soigner, ils meurent c’était horrible le soir quand je prenais ma voiture et les collègues aussi on éclatait en sanglot dans la voiture. J’ai jamais autant pleuré de ma vie … jamais. »

Alors comment tenir ?

« Je pensais énormément à mes enfants, mes petits-enfants. Je me disais il faut que tu tiennes, je pleurais quand même devant eux parce qu’il fallait que je craque mais je racontais pas tout. Ce sont eux qui m’ont aidé à tenir. »

Aujourd’hui encore Catherine ne dors pas très bien « je fais des cauchemars, j’ai des coups de blues et énormément d’angoisses le soir mais j’essaie de tenir pour eux ». Des craintes elle en a bien sûr « combien de temps ça va encore durer mais je sais à quoi m’attendre, j’ai appris à être confrontée à la mort physique. Je suis fatiguée mais moralement je suis là et plus forte. »

Changer de vie

Catherine n’a jamais douté de son engagement … « je me suis dit j’ai choisi ce métier pour le bien et pour le pire. J’ai fait la deuxième vague et si y’a une 3ème vague je serai là !

Mais cette période a indéniablement bouleversé sa vie. « mon petit-fils Evan est né le 23 avril en plein service, en plein milieu de la mort et là une vie ! J’ai eu un déclic et je me suis dit faut que tu te battes, la vie vaut d’être vécue et oui tout a changé pour moi. Je suis repartie à zéro j’ai quitté mon conjoint je me suis reconstruit ma vie à moi. »

De ces vagues qui ont mis à mal bien des certitudes, Catherine retient pêle-mêle la peur, la joie, les nouvelles amitiés et un métier qu’elle adore quoi qu’il arrive.   

 

 

 

Soignants, commerçants, employés de supermarché, artistes, élus ou encore parents : nous les avions rencontrés il y a un an. Aujourd’hui ils nous racontent leur année Covid. Pour les découvrir, cliquez sur un point, zoomez sur le territoire qui vous intéresse ou chercher la commune de votre choix avec la petite loupe. 

 

 

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