Le confinement imposé pour enrayer l’épidémie de coronavirus COVID-19 se traduit par une forte demande de farine. En Saône-et-Loire, les Minoteries Forest et Megnaud, qui d’habitude fournissent des artisans, produisent des sachets destinés aux consommateurs des supermarchés.
Des gâteaux pour supporter le confinement !
C’est une des conséquences du confinement entré en vigueur en France depuis le 17 mars 2020 : la consommation de farine des particuliers s'est envolée.Les habitants, obligés de rester chez eux, se mettent à faire la cuisine et notamment des gâteaux.
Résultat : dans de nombreux magasins, les rayons sont clairsemés, car les consommateurs ont fait des achats de "précaution".
"Les ménages veulent limiter leurs sorties et réduire la fréquence d'achats extérieurs, y compris en boulangerie", estime Stéphane Dahmani, chef économiste à l'Ania (Association nationale des industries agroalimentaires).
Pour regarnir les rayons, les GMS (grandes et moyennes surfaces) ont fait appel aux meuniers. C’est ainsi que la Minoterie Forest, installée à Bray, dans le sud de la Saône-et-Loire, a été contactée. L’entreprise travaille habituellement avec des artisans boulangers et pâtissiers de tout l’Est de la France, à qui elle vend des sacs de 25 kilos de farine.
Face à cette nouvelle demande destinée à des particuliers, il a fallu réagir très rapidement : "Nous n’avons pas la possibilité de faire des sachets de 1 kilo, mais nous avons créé spécialement des sachets de 5 kilos", explique la directrice générale Karine Forest.
"Il a fallu aussi adapter la production et rappeler du personnel pour honorer ces commandes spécifiques samedi 4 et dimanche 5 avril en organisant des postes en 2x8."
En route vers le circuit court ?
Combien de temps la minoterie va-t-elle fournir cette nouvelle clientèle ?"On ne sait pas si cela va durer quelques semaines ou quelques mois. En tout cas, cela nous fait réfléchir à la notion de circuit court. Et peut-être que quand l’épidémie sera finie, on pourrait continuer à travailler avec les grandes et moyennes surfaces de Bourgogne-Franche-Comté qui sont proches de chez nous."
C’est aussi l’avis de la Minoterie Megnaud, située à Chenay-le-Châtel, près de Marcigny, en Saône-et-Loire. Ce moulin familial indépendant, qui travaille principalement avec les professionnels, a aussi modifié ses habitudes pour répondre à la demande des ménages.
Depuis le début du confinement, le site produit beaucoup de sachets de 1 et de 5 kilos de farine. "Ce serait bien que les supermarchés continuent à nous passer commande une fois que la crise du COVID-19 sera finie", dit Olivier Gatille, technicien commercial de la Minoterie Megnaud.
"Nous ne travaillons qu’avec des blés locaux et nationaux et, même si on est légèrement plus chers que les produits importés d'Europe et d'ailleurs, j’espère que les grandes et moyennes surfaces se souviendront qu’on existe et qu’on a répondu "présent" quand on a eu besoin de nous."
En attendant, les meuniers n’oublient pas pour autant leurs clients traditionnels : de nombreux boulangers et pâtissiers sont frappés par cette crise sanitaire sans précédent. Car, si la consommation de farine des particuliers a augmenté, celle des professionnels a chuté. Certains artisans accusent une forte baisse de chiffre d'affaires.
C'est pourquoi les minoteries s'associent à l'appel lancé par le ministre de l'Economie : "Les boulangeries restent ouvertes pendant le confinement. J’invite tous les Français à acheter leur pain en boulangerie. La profession est fortement sensibilisée aux règles d’hygiène. Le pain est cuit à haute température, ce qui élimine le Covid19", a rappellé Bruno Le Maire.
Merci Monsieur le Ministre @BrunoLeMaire pour ce soutien ô combien important pour les 33 000 artisans boulangers qui continuent d'assurer un véritable service public auprès de nos concitoyens ! ??#Artisanat #BoulangerDeFrance https://t.co/AgIpwVZHm2
— CNBPF - Confédération Boulangerie Pâtisserie (@cnbpf) April 1, 2020