Alors que la Bourgogne-Franche-Comté fait face à un nouveau rebond épidémique à l'approche des fêtes de fin d'année, le directeur général de l'Agence Régionale de Santé, Pierre Pribile fait le point sur l'évolution de la situation. Et le constat est sans appel : "c'est très préoccupant".
Alors que les vacances scolaires débutent ce vendredi soir et que le réveillon de Noël approche, la situation sanitaire en Bourgogne-Franche-Comté ne cesse de se dégrader. Avec un taux d'incidence très élevé, 220 pour 100 000 habitants, soit 100 points de plus que la moyenne nationale, la région reste l'une des plus touchées de France.
Pierre Pribile, directeur général de l'Agence Régionale de Santé en Bourgogne-Franche-Comté, expose la situation sanitaire et l'évolution de l'épidémie dans la région.
Comment progresse l'épidémie dans notre région ?
L’épidémie est clairement repartie à la hausse dans la région. On entre dans cette période de fin d’année dans la plus mauvaise posture possible. On est dans une situation où l'épidémie repart alors qu’on entre dans cette période de fin d’année qui est une période à risques et propice à des contacts et à la circulation du virus. Le taux d’incidence est très élevé et en nette hausse. On reste la région la plus touchée de France avec un taux à 220 pour 100 000.
Cette hausse, on la remarque partout dans la région. Aucun département n’y échappe. Le niveau est très élevé partout et notamment dans trois départements que sont le Doubs, le Jura et l’Yonne. Mais les autres ne sont pas très loin derrière. La Nièvre, la Saône-et-Loire et la Côte-d’Or ne sont pas très loin. C’est généralisé. Cela concerne aussi les zones rurales. On a le Morvan, l’Avallonnais, le Haut Doubs et le Haut-Jura. Ce n’est pas un phénomène strictement urbain.
C’est une situation difficile qui se profile à court et à moyen terme."
Est-ce qu'il y a des raisons de s'inquiéter ?
C’est très préoccupant. Ce n’est pas pour autant qu’il faut baisser les bras mais on voit bien qu’on a devant nous soit le risque d’une troisième vague élevée si la période des fêtes se traduit par un relâchement complet des comportements, ou un très long plateau épidémique très difficile. On a encore une mortalité élevée cette semaine et un engorgement de nos hôpitaux qui ne sont pas en situation de reprogrammer tous les soins qu’ils souhaiteraient.
C’est une situation difficile qui se profile à court et à moyen terme. Il faut surtout en déduire qu’il ne faut pas relâcher les efforts. De plus en plus d’études montrent un impact des conditions climatiques. On est sur un territoire où les conditions climatiques favorisent la circulation du virus. Malheureusement, il faut faire avec.
"Du côté des hôpitaux, on est en alerte maximale."
Est-ce que dans les hôpitaux, on se prépare déjà à l'arrivée d'une troisième vague ?
Du côté des hôpitaux, on est en alerte maximale. On sait que s'il y a un rebond épidémique, les effets se font ressentir dix jours après. On reste vigilant pour le début de l’année. Mais on a déjà un rebond épidémique, c’est déjà sérieux. S’il s’accélère, tout début janvier, on sera amené à prendre de nouveau des dispositions de déprogrammation massive pour absorber cette vague et procéder à des transfert interrégionaux car on est déjà bien plein.
On a fait quelques transferts cette semaine vers l'Ile-de France et la Nouvelle Aquitaine. On en est déjà à 20 patients transférés depuis le début. Et on a 168 personnes en réanimation. C'est un peu moins qu'hier mais cela reste élevé car il ne faut pas oublier les autres personnes en réanimation pour d’autres pathologies. Cela veut dire qu’on est encore en surchauffe en réanimation.
Les chiffres en Bourgogne-Franche-Comté
L'activité hospitalière reste soutenue, avec 1 800 hospitalisations (au 18 décembre) contre 1.732 il y a une semaine. Pour rappel, le pic de la première vague était survenu le 17 avril, avec 1.380 hospitalisations. 168 patients sont actuellement pris en charge en réanimation (contre 194 il y a une semaine). Depuis le début de l'épidémie, 2.318 personnes sont décédées du Covid-19 à l'hôpital (+163 en une semaine) et 1.288 dans les Ehpad. 262 malades du Covid-19 ont été transférés dans un autre hôpital depuis le début de la deuxième vague, le 1er octobre.