Covid-19 : "On a été agréablement surpris", le vaccin bien accueilli dans les Ehpad de Bourgogne

Après des débuts chaotiques, la campagne de vaccination passe la vitesse supérieure. Plus de 9700 personnes ont été vaccinées en Bourgogne Franche-Comté selon le dernier bilan fourni par les autorités sanitaires. Dans les Ehpad, le processus se met doucement mais sûrement en marche. 

"Pour être franc, on a été agréablement surpris." Jonathan Leroux dirige le foyer de la Bretaude à Chablis, l'un des 20 établissements pilotes retenus par l'Agence régionale de santé pour le lancement de la campagne de vaccination dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes. Aujourd'hui, sur les 75 résidents que comptent l'Ehpad de la Bretaude, 52 ont déjà été vaccinés le 6 janvier dernier. 

"On a recueilli le consentement d’une part des résidents et pour ceux qui n'étaient pas en mesure de répondre, on a demandé aux tuteurs" explique Jonathan Leroux. "Cela demandait un certain temps. Certains souhaitaient réfléchir. On a eu un beau taux de retour en une semaine." D'ici une semaine, une dizaine de résidents supplémentaires devraient à leur tour se faire vacciner. "Si tout se passe bien, on sera à près de 85 % de taux de vaccination".

Un taux de résidents vaccinés similaire à d'autres établissements comme l'Ehpad Abbé Charon de Cheroy géré par Valérie Fisher. Cette maison de retraite, située aux portes du Loiret et de la Seine-et-Marne, accueille 80 résidents. Elle fait également partie des établissements pilotes retenus par l'ARS pour lancer la campagne de vaccination. 

La première phase vaccination s'est terminée vendredi dernier dans l'établissement. "Nous avons au total vacciné 69 résidents sur les 80 que comptent l’établissement" précise la directrice. "A la base on avait 72 consentements mais un résident a été récusé par le médecin car il était fébrile ce jour-là et une autre résidente a été hospitalisée la veille de la vaccination."

La vaccination a été également bien suivie par le personnel soignant. Au total, 22 salariés ont pu être vaccinés ainsi que des intervenants extérieurs. "Pour éviter le gaspillage de doses, les autorités nous ont demandé d’élargir aux plus de 50 ans.  Il y a donc des personnes qui se sont rajoutées sur ce jour- là".

Un taux de vaccination qui dépasse les 80% comme à l'Ephad de la Capitainerie situé à Digoin, en Saône-et-Loire. "On a été surpris par le taux de retour positif", témoigne Sylvie Guillement, directrice de l'établissement. "Mais j'ai été également surprise par la motivation grandissante des salariés à être vacciné. Plus les jours passent et plus j’ai des salariés qui se font connaître pour la vaccination."

Certains résidents de l'établissement, touchés par la Covid, n'ont pu être vaccinés. Ils devront attendre le 26 janvier pour l'être. "Quand on aura fait la deuxième phase de vaccination, on aura plus de 90% des vaccinés" se réjouit Sylvie Guillemet. "On a une très très belle adhésion des résidents, des familles et des salariés."

Si le consentement a été obtenu à "66 %" en région selon la Préfecture de région, les résidents qui ont contracté le virus au cours des trois derniers mois ou qui ont été vaccinés pour la grippe lors des trois dernières semaines, doivent en effet attendre avant de pouvoir se faire vacciner.

Le rôle central du médecin

Selon Valérie Fischer, le mérite de la réussite de cette campagne de vaccination revient au travail du médecin coordinateur de la maison de retraite. "Il y a eu un gros travail d’effectué avec les familles ou les résidents dans la phase de consultation pré-vaccinale. La confiance établie avec le médecin, je crois que c’est cela qui marche et qui représente la clé de la réussite pour cette vaccination."

C'est ce qu'a pu également constater Aurélien Vaillant, médecin généraliste à Seurre (Côte-d'Or) et vice-président du syndicat MG France. "Dans un établissement, il y avait 4 ou 5 de mes patients qui ne souhaitaient pas se faire vacciner. Je suis passé discuter avec eux et il n’y avait plus qu’une seule personne qui ne voulait plus le faire."

Selon le médecin généraliste, l’allègement du protocole de consentement et l’évolution du caractère obligatoire de la visite pré-vaccinale, a eu des effets positifs sur le processus de vaccination. "Il n’y avait aucune raison de le faire. Il faut rester logique. Il faut arrêter de rajouter des couvertures. Plus on rajoute des lourdeurs administratives et plus il y a de la suspicion."

Même si pour Jonathan Leroux, "le processus de consentement est un point très important. Cela n’a pas nuit aux chiffres de la vaccination. Bien au contraire, je suis persuadé que cela a permis de gagner des personnes voulant se faire vacciner." 

Un effet boule de neige

L'autre phénomène pour expliquer l'adhésion à la vaccination dans les Ephad, c'est l'effet "boule de neige". D'abord sceptiques, certains résidents d'Ehpad acceptent aussi de se faire vacciner contre le coronavirus, après avoir vu leurs voisins. Cet effet est un phénomène habituel.

Aurélien Vaillant a d'ailleurs pu le constater sur l'un des Ehpad du pays beaunois. "On a eu à faire à ce phénomène lors de la vaccination sur Beaune à l'Ephad Saint-Luc. Il y en a qui ont dit finalement je vais peut être le faire aussi."

En voyant les voisins, les amis, leur médecin se faire vacciner, les Français opposés changent donc d'avis. "Quand on va voir que cela se passe bien, cela va rassurer la population pour la suite", explique le médecin généraliste. 

La vaccination comme lueur d'espoir

L’arrivée de cette vaccination est vécue selon Valérie Fisher comme "une lueur d’espoir" pour beaucoup de résidents. "C’est vraiment un peu le motif de l’adhésion à cette vaccination. C’est l'envie de retrouver leur vie d’avant".

Un sentiment partagé par les résidents du foyer de la Bretaude à Chablis. "Ce vaccin est vu comme une lueur d’espoir pour permettre de retrouver une vie normale et permettre aux familles de rendre visite à leurs proches et plus souvent. Le coeur de la problématique, elle est là", souligne Jonathan Leroux. 

"Les populations ont bien compris que soit on se fait vacciner, soit on ne s’en sort pas" déclare Aurélien Vaillant. "Il n’y a pas de plan B. La seule solution, c’est de vacciner massivement sinon on n'est parti pour des mois et des mois."

A quand le retour à la vie normale ? 

Le vaccin contre le coronavirus a beau être essentiel, il ne débouchera pas pour autant sur un retour à une vie normale rapide pour les personnes fragiles. Si la campagne de vaccination s'accélère en France, et notamment dans les Ehpad, il faut tout de même continuer à protéger les résidents de ces établissements.

"On va continuer à respecter les gestes barrières et mettre en place les visites sur rendez-vous dans un local dédié" , explique Sylvie Guillemet. "Pour le moment on ne change rien à ce qui était en place. Le vaccin vient en plus."

Les directeurs d'Ehpad refusent pour le moment de se prononcer sur un éventuel assouplissement des règles pour les visites, s'en remettant aux décisions gouvernementales. "Aujourd’hui, il est encore trop tôt pour répondre à ces questions mais je pense que même après la crise covid on restera sur des protocoles sanitaires", déclare Jonathan Leroux. "On ne prévoit pas d’assouplissements du protocole sanitaire avant au moins la mi-février". 

"C’est trop tôt" selon Sylvie Guillemet. "On n'a pas encore suffisamment de recul. On va donc attendre les recommandations de l’ARS sur ce point-là." Même vacciné, il faudra donc encore faire preuve d'un peu de patience avant de retrouver une vie normale. 

Selon le dernier bilan communiqué par les autorités sanitaires,  9 762 personnes ont été vaccinées dans la région Bourgogne Franche-Comté. "70 % des personnes vaccinées sont des membres du personnel soignant et 30 % des résidents d'Ehpad", relèvent les services de l'Etat. 

 

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