En Haute-Saône, l'Ehpad Cournot-Changey à Gray est un établissement "pilote" du département. Il est le premier à recevoir les doses de vaccin Pfizer-BioNTech. Le centre hospitalier de Haute-Saône doit les livrer mercredi 6 janvier. Sur 75 résidents, 57 ont dit oui pour être vaccinés.
Frédéric Meunier, directeur de la maison de retraite, est prêt. Chaque résident a été consulté pour savoir si oui ou non, il acceptait d'être vacciné. Et une majorité a répondu favorablement. 76%.
Le directeur va connaître un peu de répit dans cette crise car avec son équipe, ils ont été les premiers à affronter le virus en mars avec 7 décès à déplorer.
Les tests manquaient au début mais dès qu'il a été possible, tous les salariés ont fait une sérologie. 52% d'entre eux étaient positifs à la prise de sang, c'est-à-dire qu'ils avaient été touchés par le virus et qu'ils avaient développé des anti-corps.
La seconde vague a été plus calme, plus contrôlée. Fin octobre, début novembre, 6 résidents et 2 membres du personnel ont été testés positifs. Confinés dans leur chambre pendant 14 jours, la vie a ensuite repris, sans nouveaux décès.
Les activités, les repas collectifs... la maison de retraite fonctionne aujourd'hui normalement.
Frédéric Meunier attend avec impatiente les vaccins. Il les conservera dans le réfrigérateur du cabinet médical entre 2 et 8°. Il ne faudra pas dépasser 5 jours pour vacciner les 57 résidents. Deux médecins coordonateurs et deux infirmières sur place s'en chargeront.
Nous avons profité d'un après-midi de visites des familles pour demander à certains ce qu'il pensait du vaccin et si les résidents acceptaient de le recevoir.
Simone Mairet, 85 ans, reçoit la visite de son fils Daniel et de sa petite fille Céline. Elle n'était pas pressée pour être vaccinée mais elle a dit oui.
C'est son choix, ça reste le seul moyen pour se protéger. Il y a toujours une part de risque mais il faut de toute façon commencer par les personnes les plus fragiles.
Daniel est plus sceptique, il ne sait pas encore s'il se fera vacciner. Sur le ton de la rigolade, il dit que c'est bien qu'il y ait des cobayes !
Joëlle Bourdelat est la fille de Jeanne-Marie. La femme de 90 ans ne peut plus communiquer alors c'est en réunion familiale qu'ils ont décidé d'attendre. Ils ne sont pas contre le vaccin mais ce qui entoure le vaccin Pfizer-BioNTech est trop compliqué d'après Joëlle. Le froid, les deux injections, tout le flot d'informations et de désinformations ont pris le dessus sur la vaccination. Ils ont plus confiance en le vaccin Moderna qui parait plus simple dans la logistique et plus stable. Mais il est difficle pour Joëlle de parler au nom de sa maman.
Avec le vaccin, on met toutes nos chances de notre côté. Nous on reporte, mais il y aura une nouvelle discussion familiale. Pour l'instant, c'est la piqûre d'amour... et ça c'est indispensable !"
Aujourd'hui, Madeleine reçoit la visite de son petit-fils Luc et de sa femme Emmanuelle.
Quand on lui a proposé de se faire vacciner, elle a dit oui tout de suite. Ses enfants lui ont laissé le choix, et elle sait qu'en le faisant ils seront bien plus rassurés. Madeleine ne manque pas d'humour et elle n'a pas peur de la piqûre...
Je souffrirai peut-être moins que d'avoir le virus !
Luc est moins téméraire, il craint les seringues, il ne pense pas se faire "piquer". Sa femme Emmanuelle est infirmière aux urgences adultes du CHU Minjoz de Besançon, alors les seringues font parties de son quotidien. Elle a vécu la crise au premier plan, le flou de la première vague, la meilleure organisation pour la seconde. Elle attend les retours des premières vaccinations.
Jeanne Cercley, 89 ans, et son mari Marcel Cercley, 93 ans, sont arrivés à quelques jours d'intervalle dans la maison de retraite. Tous deux atteints du Covid en mars 2020, ils reviennent de loin et n'ont pas hésité longtemps pour dire oui à la vaccination. Mais Marcel regrette de ne pas avoir eu beaucoup de discussions au sein de l'établissement à ce sujet.
Je n'ai pas eu beaucoup de monde pour en discuter. On est vieux mais on aime encore savoir.
Pour sa fille Martine Dequingey, il faut faire confiance à la médecine, sinon on n'avance pas. Elle se dit rassurée que ses parents soient protégés. C'est une porte de secours, dit-elle. Son frère Michel Cercley trouve, quant à lui, qu'on n'a pas assez de recul. Que tout a été trop vite pour créer ces vaccins.
Irène Wittwer, 94 ans, se porte comme un charme. Contrairement à grand nombre de résidents, c'est sur sa demande qu'elle séjourne à la maison de retraite Cournot-Changey et elle y est heureuse. Il y a deux mois pourtant, elle a été infectée par la Covid-19 et elle est restée très fatiguée longtemps.
J'ai eu le Covid, ça s'est mal passé, alors j'ai dit oui. On est beaucoup à avoir dit oui.
Sa fille Christiane, craint elle aussi le virus. Elle pense que dans le contexte, si on donne aux gens une possibilité de ralentir la propagation, il faut foncer.
Il faut se protéger et protéger les soignants qui n'en peuvent plus.