Baselworld, le plus grand salon mondial consacré à l'horlogerie qui devait avoir lieu du 30 avril au 5 mai à Bâle avait d'abord été reporté à janvier 2021 mais après les défections de cinq grandes marques, il pourrait être purement et simplement annulé voire disparaître définitivement.
Rolex, Chanel, Patek Philippe ont annoncé la semaine dernière leur retrait de la Foire horlogère de Bâle à laquelle ils participaient pour certains depuis plus de quatre-vingt ans. Un coup de tonnerre mais aussi la chronique d'une mort annoncée. Depuis deux ans au moins, le salon subit des défections en série avec en point d'orgue l'année dernière le départ du groupe Swatch. Mais cette fois, les allées risquent d'être bien vides avec l'absence des mastodontes qui occupaient une grande partie du hall 1, le plus prestigieux de tous.
Dans son communiqué, repris par l'Agence France presse, la fondation de la Haute Horlogerie explique que ce départ fait suite à "plusieurs décisions non concertées et unilatérales prises par la direction de Baselworld", dont le report à janvier 2021. Elle précise que les marques se retrouveront en avril 2021 à Genève pour y créer un nouveau salon.
UN SEUL FRANÇAIS ENCORE PRÉSENT
Cette année, la société SMB ( propriétaire de la marque LIP) est la seule entreprise horlogère française à avoir maintenu sa participation. Les Montres Herbelin avaient déjà renoncé l'an dernier, précisant par la voix de son responsable marketing Maxime Herbelin que "la vitrine était devenue trop chère".
Le Pdg de SMB Philippe Bérard continue de considérer que "Bâle restait un excellent salon pour présenter des nouveautés et rencontrer les journalistes". Si l'organisation décide de maintenir l'évènement en janvier prochain et "divise ses tarifs par deux ou trois", il maintiendra sa participation. Il considère que les marques de prix moyens n'auraient pas leur place dans un nouveau salon à Genève, plutôt réservé à la haute horlogerie. De la même façon, un salon en France réservé aux marques françaises n'auraient "pas de sens".
Pour l'heure, la société bisontine a versé cent mille euros pour son engagement (correspondant à la location de l'espace et du stand). Elle espère un remboursement si le salon ne devait pas se tenir comme prévu.
INCERTITUDE DES ORGANISATEURS DE BASELWORLD
Dans un communiqué, les organisateurs du salon de Bâle précisent que "dans les prochaines semaines, MCH Group prendra une décision sur la poursuite de Baselworld, et sur les investissements pour son développement à long terme". Ils regrettent la décision des marques historiques de se retirer et disent n'avoir pas été informés de leur intention de créer un nouvel évènement à Genève.
Baselworld réunit les représentants des industries de l'horlogerie et de la joaillerie depuis plus de cent ans. Sa disparition constituerait un évènement sans précédent.
EXISTER EN DEHORS DES SALONS
Avec le déclin annoncé de Bâle et les coûts exorbitants demandés pour exposer au salon, la filière française essentiellement concentrée en Franche-Comté (80% de la filiére et une cinquantaine d'entreprises) avait déjà pris les devants. Des horlogers comme Utinam, Dodane, Pequignet ou Saint Honoré n'allaient plus à Bâle et les petits nouveaux , fervents défenseurs du Made in France, vendent leurs créations sur internet, à l'image de Florian Chausson, le créateur des montres Routine.
L'avenir est peut-être ailleurs, la crise du coronavirus en est un révélateur supplémentaire.