La crise du Covid, qui bouleverse le monde de l’aérien, peut-elle impacter l’aéroport de Saint-Yan, en Saône-et-Loire ? Le site abrite notamment un campus de l'ENAC (Ecole Nationale de l'Aviation Civile), qui forme des pilotes de ligne du monde entier.
Pourquoi l'aérodrome de Saint-Yan est-il atypique ?
La France compte environ 350 à 400 aérodromes où tout le monde peut venir se poser. C’est le cas de Saint-Yan, dans le sud de la Saône-et-Loire. Mais, ce site bourguignon est une structure atypique, qui accueille entre autres un centre de formation de pilotes depuis 1948.Saint-Yan est devenu un des campus de l’ENAC (Ecole nationale de formation des pilotes de ligne) et des générations de professionnels français et étrangers ont appris leur métier en Saône-et-Loire.
Le site dispose d’une tour de contrôle et de pistes équipées pour les atterrissages de nuit ou sans visibilité.
Outre l’école de pilotage (qui représente 85% de l’activité), l’aéroport accueille aussi des vols d’affaires et de loisirs.
Sans oublier les pilotes de l'armée de l'air de la base aérienne 702 Avord, près de Bourges, qui viennent s’entraîner à Saint-Yan.
Au final, l’aérodrome voit passer peu de passagers, mais il enregistre près de 30 000 mouvements (décollages et atterrissages) par an, soit davantage que l’aéroport de Dole-Tavaux.
Comment l'aérodrome de Saint-Yan a-t-il géré le confinement ?
Toute cette activité a été ralentie pendant le confinement imposé de mi-mars à mi-mai pour enrayer l’épidémie de covid-19. Mais, "l’aérodrome de Saint-Yan n’a jamais été fermé", explique Patrice Reverdy, directeur d’exploitation du site pour le compte de Saint-Yan Air Business.
"La formation des pilotes a été interrompue, mais il y avait quand même du personnel pour assurer la maintenance des installations et des avions.
La tour de contrôle est restée active pour des avions d’affaires et des avions privés qui bénéficiaient d’autorisations.
Il y a eu aussi des avions du Samu qui transféraient des malades atteints du Covid de la Bourgogne vers l’Allier et le Puy de Dôme, par exemple. Des hélicoptères venaient aussi se ravitailler en carburant."
En résumé, "on a réussi à bien gérer ce passage et on a même profité de cette période de faible activité pour faire quelques travaux.
Et depuis la mi-mai, tout est reparti progressivement. Les cours de l’école de pilotage ont repris et l’aérodrome a retrouvé un rythme normal" précise Patrice Reverdy.
Le traditionnel meeting aérien de Saint-Yan est même en préparation et, si tout va bien, le Fly in LFBK aura bien lieu dimanche 26 septembre 2020.
Quel avenir pour le centre de formation au pilotage basé à Saint-Yan ?
Mais, la crise du Covid a bouleversé le monde de l’aérien. Cela aura-t-il des impacts, notamment sur l’activité de l’école de pilotage ?"Pour l’ENAC, le centre de formation de Saint-Yan est idéalement placé, car il permet d’accéder rapidement à plusieurs aéroports comme Lyon, Clermont-Ferrand, Paris… Cela procure différentes configurations d’entraînement pour les futurs pilotes. De plus, c’est un centre historique auquel on est particulièrement attaché", indique Philippe Caisso, chef du centre ENAC de Saint-Yan.
"Aujourd’hui, l’école de pilotage est à 60% de son activité, en raison de toutes les consignes sanitaires. On sera de nouveau à 100% à partir du mois de septembre.
Pour ce qui est de l’avenir, on a quelques interrogations sur certains clients. Le roi du Maroc, par exemple, a annoncé que les formations de ses pilotes allaient être reprises par l’armée marocaine. Mais, les formations pour la Chine ne devraient pas être impactées. En résumé, pour les deux prochaines années, on a des contrats en cours et l’activité de l’école de pilotage de Saint-Yan ne va pas changer. Et pour les années suivantes, on est actuellement en train de prendre contact avec les compagnies aériennes pour voir quelles sont leurs perspectives", précise Philippe Caisso.
Quels sont les projets de l'aérodrome du Charolais ?
Alors, en attendant de voir venir, l’aéroport de Bourgogne du Sud poursuit ses projets.
Le site, qui est un ancien aérodrome de l’Etat, appartient aujourd'hui à un syndicat mixte, composé du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, du conseil départemental de Saône-et-Loire et des trois communes riveraines (Saint-Yan, L’hôpital-le-Mercier, Varenne-Saint-Germain).
"On a un gros projet de réfection des pistes pour 2021", annonce Patrice Reverdy. Par ailleurs, toujours en 2021, un parc photovoltaïque va être créé dans une partie de l’aéroport non exploitée par les avions. "On va louer une portion de terrain à un aménageur qui installera un parc solaire de 30 hectares et commercialisera l’électricité produite."