Alors qu'un nouveau confinement a débuté en France, le directeur général de l'Agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté, le préfet de région et le recteur de région ont tenu une conférence de presse commune ce vendredi 30 octobre. Voici ce qu'il faut en retenir.
Un deuxième confinement a débuté ce vendredi 30 octobre pour une durée de quatre semaines au moins. Les questions qu'il engendre sont nombreuses.
L'Agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté, la préfecture de région et le recteur académique de la région ont organisé ce vendredi en début d'après-midi une conférence de presse commune.
Elle s'est ouverte par une prise de parole de Fabien Sudry, préfet de la région et préfet de Côte-d'Or. "Le constat que nous pouvons faire est malheureusement assez clair, assez évident, a-t-il rappelé. L'épidémie de la Covid-19 progresse, vite, très vite. En tout cas beaucoup plus rapidement que ce qui avait pu être imaginé."
L'épidémie s'accélère et touche tous les secteurs. Les centres urbains mais aussi les territoires plus ruraux.
"Cette logique de confinement comporte trois aspects fondamentaux. Le premier c'est le retour des attestations de déplacement. Il n'est plus possible de se déplacer, de voyager, sauf dérogation strictement limitée, a poursuivi le préfet. Le deuxième aspect c'est la fermeture des établissements recevant du public, mis à part quelques catégories. Le troisième aspect important pour la vie sociale du pays c'est la fermeture des commerces et des services jugés non-essentiels."
"Mais il y a des différences par rapport au premier confinement, elles sont importantes. Nous avons tiré les leçons du premier confinement. Je les cite rapidement : les écoles, les collèges, les lycées resteront ouverts. Les services publics aussi vont rester ouverts. Mais aussi les industries, les exploitations agricoles, les services, les entreprises du BTP sont invités à poursuivre leurs activités, en développant le télétravail."
20% des tests de dépistage positifs
Le directeur général de l'ARS, Pierre Pribile, a donné plus de détails sur l'évolution de l'épidémie dans notre région. "Le taux d'incidence a doublé en huit jours. Il est autour de 600 dans les deux départements les plus sérieusement atteints par l'épidémie que sont le Jura et la Saône-et-Loire", a-t-il expliqué.Alors que la première vague était arrivée par le nord-est de la France et par Mulhouse, la seconde semble remonter depuis la région Auvergne-Rhône-Alpes. "Si vous regardez les niveaux d'incidence, vous allez avoir un taux d'incidence très important en région Rhône-Alpes, autour de Lyon. Et notre région est atteinte par un phénomène de contagion au sens strict, par le sud. Donc par la Saône-et-Loire et par le Jura, avec une incidence très forte."
"Nous testons plus de 10 000 personnes par jour en moyenne. Le taux de positivité des tests est dans la région de 20%. C'est 7 points de plus que la semaine dernière."
"Ce qui est peut-être encore plus préoccupant, c'est le taux d'incidence chez les personnes de plus de 65 ans, c'est-à-dire les plus fragiles, qui est de 460 dans notre région. Il a plus que doublé en une semaine et est même supérieur à celui de la population générale."
Nous arrivons à une situation où les personnes les plus fragiles sont encore plus touchées alors même que ce sont celles que nous aurions dû le plus parvenir à protéger.
"L'impact hospitalier dans ce contexte est d'ores et déjà majeur. Ce matin, 848 personnes étaient hospitalisées pour cause de Covid. Et 109 étaient en réanimation", a poursuivi le directeur général de l'ARS. "Le rythme d'entrée à l'hôpital augmente tous les jours. Il est à l'heure où on se parle de 100 entrées par jour, et 15 par jour en réanimation. Ce chiffre continue à augmenter."
"Malheureusement pour les quinze jours qui viennent, en quelque sorte les dés sont jetés pour les hôpitaux. Les patients qui vont développer des formes graves dans les quinze prochains jours, et qui vont entrer à l'hôpital pour cela, sont déjà malades à l'heure où on se parle. Ils sont déjà contaminés."
Un pic attendu mi-novembre
"C'est bien une véritable vague qui a commencé à déferler sur les hôpitaux de la région et qui va continuer à le faire les quinze prochains jours au moins. Cette vague s'annonce encore plus élevée que celle que nous avons vécu aux mois de mars et avril."Nous attendons à la mi-novembre à devoir prendre en charge simultanément 2 000 patients à l'hôpital, et sans doute davantage encore que les 300 patients que nous avions déjà réussi à prendre en charge lors de la première vague en réanimation.
"Nous allons devoir transférer des patients des hôpitaux les plus tendus vers ceux qui ont encore des capacités, probablement dans des proportions encore plus importantes que nous l'avons fait lors de la première vague. Une bonne trentaine de transferts ont d'ores et déjà été réalisés en réanimation comme en médecine."
La médecine de ville va être appelée très fortement à participer à la réponse sanitaire.
"Nous aurons besoin que les patients hospitalisés puissent rentrer le plus vite possible à leur domicile et être pris en charge par des professionnels de santé de ville, pour laisser la place aux autres patients que les hôpitaux vont devoir accueillir pendant les jours qui viennent."
"Il est clair qu'il y a une fatigue. Je rappelle que les soignants ne se sont pas particulièrement reposés entre les deux vagues", répond Pierre Pribile, interrogé sur une crainte d'un épuisement des soignants. "Ils ont rattrapé le retard de prise en charge lié aux déprogrammations de la première vague. Donc oui, il y a un vrai risque de fatigue. C'est aussi une raison pour lesquelles il est impératif que ce confinement produise ses effets le plus vite possible pour que la vague reflue le plus vite possible."
La meilleure façon de venir en aide aux soignants est de respecter scrupuleusement le confinement et d'appliquer les gestes barrières au quotidien.
Poursuite de l'école avec un protocole adapté
Jean-François Chanet, le recteur académique de la région Bourgogne-Franche-Comté et recteur de l'académie de Besançon, a ensuite pris la parole, pour faire le point sur la nouvelle organisation de l'éducation. "C'est un défi nouveau qui va singulariser la situation des établissements scolaires à un moment où beaucoup de l'activité des adultes va être interrompue", a-t-il expliqué. "Nous avons une ardente obligation. Compte tenu de ce qu'a été l'impact du confinement sur l'enfance et la jeunesse, il fallait éviter à tout prix de revenir à une situation comme celle-là""Ce besoin d'école s'applique à tous les établissements scolaires, école, collège et lycée. Il ne s'applique pas de la même façon au monde universitaire. L'activité universitaire se poursuit, mais très majoritairement en distanciel. Les établissements universitaires comme les laboratoires de recherche ne sont pas stricto sensu fermés. Ils conservent une activité minimale. Par exemple les bibliothèques universitaires continuent d'accueillir du public, mais sur rendez-vous et avec des jauges très limitées."
"Les travaux pratiques à caractère scientifique peuvent être maintenus dans des conditions sanitaires très strictes. Ce qui est interrompu en revanche, c'est les enseignements en présentiel dans les cours magistraux et dans les travaux dirigés. Ils passent entièrement en distanciel."
"Pour le monde scolaire, maintien de l'activité avec un protocole sanitaire adressé dès hier soir. Ce qui est la preuve qu'il était prêt."
Sur la question des masques, ils "devront être portés à partir de six ans, c'est-à-dire à partir du CP […] Il s'agit d'une fourniture scolaire, que les familles doivent donc procurer aux enfants. Néanmoins, l'institution et les collectivités viennent en aide à ceux qui n'ont pas pu pour des raisons diverses se procurer les masques en question."
Concernant la rentrée scolaire après les vacances de la Toussaint, "l'heure de rentrée des élèves est maintenue. Nous devrions avoir très vite les décisions nationales à cet égard, dans la journée ou demain, a-t-il poursuivi en réponse aux questions des journalistes. Ce qui est en discussion, c'est le maintien et dans quel format de l'hommage à Samuel Paty."