A l'approche de la journée nationale des allergies, le 16 mars, une mère de famille des Fins s'inquiète. Son jeune garçon, allergique, ne peut pas fréquenter la cantine de son école. Pour la mairie de cette commune du Doubs, l'accueil de l'enfant se révèle impossible actuellement.
C'est l'histoire d'Ayden, 4 ans. Il vit avec ses parents, aux Fins (Doubs), près de la frontière suisse. Le petit garçon est allergique, depuis ses huit mois. Certains aliments lui sont interdits : oeufs, poisson, noix ou encore petits pois. Il va en classe dans une école maternelle de la commune. Les parents du jeune garçon travaillent : ils ne peuvent pas toujours être présents, à l'heure du déjeuner.
Ils doivent recourir aux services d'une nounou, mais elle doit parfois s'absenter pour des rendez-vous médicaux. Les parents n'ont pas d'autre solution que de devoir parfois l'envoyer à la cantine. Une fréquentation occasionnelle, mais compliquée à organiser, selon la mairie des Fins. La municipalité ne peut pas l'accueillir à la cantine, dans le contexte actuel.
S'il n'y avait pas la pandémie actuelle et si les parents sont en mesure de trouver une personne qui peut s'occuper de leur petit garçon, il serait possible d'accéder à leur demande.
Marjorie est désemparée. Dès que la nounou est absente, il faut rapidement trouver une solution pour Ayden. « Quand la nourrice prend des jours de congés, je prends aussi des jours de repos. Le problème se pose en revanche, si la nourrice vient à tomber malade. Elle a une cinquantaine d'années et doit parfois se rendre à des rendez-vous médicaux. Je peux parfois faire appel en urgence à ma belle-mère, mais ce n'est pas toujours le cas. Sans compter que je n'ai pas de famille sur place », explique la mère de famille.
Un écolier allergique, dont l'accueil ne posait pas problème jusqu'ici, selon la mère de famille. Par le passé, il a pu aller à la crèche de Villers-le-Sec, commune où la famille habitait auparavant, ou au centre aéré de Morteau. Même chose aussi dans son école actuelle des Fins, sous l'équipe municipale précédente.
Marjorie concède toutefois quelques difficultés : « On avait dû négocier avec monsieur le maire. Il nous a donné une réponse écrite. L'accueil de l'enfant est possible, si vous fournissez le repas chaque matin, dans un récipient réfrigéré, et sous réserve d'une prise de température (NDLR : pour s'assurer que le repas reste frais) », se rappelle la maman.
Elle n'a finalement pas eu à recourir à cette solution. La mère d'Ayden pense que le problème est réglé. Elle pense que son enfant pourra si besoin revenir à la cantine, la rentrée suivante. Les parents réinscrivent donc le petit garçon, à la rentrée de septembre 2020. Les élections municipales sont entre-temps passées par là : l'équipe municipale ainsi que le responsable de la cantine changent. Tout comme la décision concernant l'accueil de l'enfant allergique.
Selon la maman, les personnes en charge de la cantine indiquent qu'il faut « une auxiliaire de vie scolaire, pour assurer l'accueil de l'enfant à la cantine ». Un dispositif prévu pour les enfants en situation de handicap, « alors que l'allergie ne rentre pas dans ce cas », juge la mère de l'enfant. Ils clament aussi « ne pas savoir que faire en cas d'allergie, notamment si l'enfant venait à prendre de la nourriture dans l'assiette de ses camarades », d'après Marjorie.
De lourdes adaptations requises
Côté mairie, on comprend que les parents veulent que leur enfant puisse aller à la cantine. La maire juge cependant compliqué de pouvoir accueillir Ayden, dans la situation actuelle. « Nous devons respecter les dispositions relatives au Covid-19 : les enfants doivent déjeuner par classe. L'espace est limité dans la cantine, alors qu'il faut respecter les distanciations sociales », explique la maire, Elisabeth Redoutey. Ces mesures rendent difficiles la mise en place des règles pour accueillir l'enfant, du point de vue de l'édile.
Les parents de l'enfant se prévalent de lui avoir pourtant appris à ne pas toucher les assiettes des autres. Elisabeth Redoutey a du mal à y croire : « Je ne demande qu'à être convaincue, parce qu'à 3 ou 4 ans, on peut être tenté d'aller goûter la nourriture des camarades. Ce n'est pas possible qu'il mange avec les autres enfants. Il faudrait presque le mettre à une table individuelle, pour éviter ce risque ».
La mairie se montre d'autant plus réservée, car installer l'enfant à une table individuelle reviendrait à l'isoler. « Les parents parlent d'intégration de leur fils, mais le fait de le mettre à une table individuelle reviendrait justement à le mettre à l'isolement, et faire qu'il soit pointé du doigt », estime la maire des Fins.
La responsable de la commune pense enfin que les allergies de l'enfant nécessitent un accueil personnalisé. « L'état de santé du garçon requiert le maintien d'une personne qualifiée qui lui soit totalement dédiée pour les heures de restauration scolaire. C'est dans l'intérêt de l'enfant », se justifie Elisabeth Redoutey.
La maire laisse tout de même entrevoir une solution à ce problème : « S'il n'y avait pas la pandémie actuelle et si les parents sont en mesure de trouver une personne qui peut s'occuper de leur petit garçon, il serait possible d'accéder à leur demande ».
Elle ajoute toutefois que cela est subordonné à l'obtention de locaux plus grands. Un agrandissement doit être prévu dans les projets de la mairie.