Aides Covid-19 : “Je suis punie car je veux travailler”, la colère d’une mère de famille du Haut-Doubs 

Dans le Haut-Doubs, Ingrid Bouveret ne décolère pas. Gérante d’une structure touristique à l’arrêt en raison du confinement, elle a trouvé un travail temporaire comme aide-soignante. De ce fait, elle pourrait ne pas percevoir les aides de l’Etat pour son travail habituel.

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Dans le massif du Jura, à Mouthe, le site nordique de Chez Liadet est un paradis blanc. L’hiver, on vient goûter ici aux joies du ski nordique dans un paysage préservé digne d’un décor du Canada. 

Ingrid Bouveret et son mari ont investi plus d’un million d’euros il y a 10 ans pour construire des chalets en bois. Hébergement, restauration. Le Covid a tout stoppé en ce mois de novembre, il y avait pourtant des réservations "Chez Liadet". Les clients sont coincés chez eux. L’attestation dérogatoire ne permet pas de partir en vacances, même vers le grand air des cimes du Jura. 

“Le premier confinement, je l’avais passé avec mes 4 enfants” explique Ingrid Bouveret. “Là, je n’avais pas envie de recommencer, je voulais travailler. Aller bosser, ça évite de ruminer, de péter un plomb” dit-elle.

Pas d’aides, si vous avez un contrat en poche au 1er du mois

Ingrid répond donc une offre d’emploi. Elle qui avait travaillé dans le milieu hospitalier décroche un contrat payé proche du smic comme aide-soignante dans une structure pour personnes handicapées à 30 minutes de Mouthe où elle habite. Un boulot, et ces derniers jours, la mauvaise nouvelle de son comptable. Selon ce dernier, en travaillant, Ingrid qui est gérante des chalets n’aura pas droit au fonds de solidarité pour sa structure touristique. 
 

Aujourd'hui, je reçois une note du comptable qui me dit que "si vous détenez un contrat de travail au premier jour du mois considéré pour la demande d'aide vous ne serez pas éligible à l'aide de 10 000 euros et ne pourrez pas en faire la demande...." Moralité : Ne fais rien, reste chez toi et peut être tu auras des aides! Si tu essayes de travailler dans le secteur hospitalier pour les aider dans cette période tu n'auras rien. Pour nous, l'aide est pour l'entreprise afin d'éviter de creuser dans la trésorerie de celle-ci. Nous avions choisi de travailler pour les revenus du foyer. Je suis punie car je veux travailler. Vive la France” 

écrit la gérante sur la page Facebook de son établissement touristique

 

Ce que prévoit le décret sur le fonds de solidarité

Effectivement, le décret n° 2020-1328 du 2 novembre 2020 relatif au fonds de solidarité stipule : 

« Art. 3-10.-I.-Les entreprises mentionnées à l'article 1er du présent décret ayant fait l'objet d'une interdiction d'accueil du public intervenue entre le 25 septembre 2020 et le 31 octobre 2020 bénéficient, au titre de chaque période mensuelle considérée, d'une aide financière prenant la forme d'une subvention destinée à compenser la perte de chiffre d'affaires subie au cours de la période d'interdiction d'accueil du public lorsqu'elles remplissent les conditions suivantes :
« 1° Les personnes physiques ou, pour les personnes morales, leur dirigeant majoritaire ne sont pas titulaires, le premier jour de la période mensuelle considérée, d'un contrat de travail à temps complet"


“Ce travail d’aide-soignante, pour moi, c’est effectivement pour ne pas prendre dans les économies de la société. Aujourd’hui on n’a aucune perspective sur la réouverture de nos hébergements, de la restauration. En travaillant, je ne prends du travail à personne et il y en a” dit-elle. Son mari, salarié lui dans la structure touristique, a rapidement trouvé un nouvel emploi dans les travaux publics, Ingrid elle a décroché son contrat en 24 heures.
 

"Si je dois rompre mon contrat d’aide-soignante, je suis révoltée"

La sonnette d’alarme tirée par Ingrid Bouveret a indigné plus d’un. Et dans le Haut-Doubs, son histoire s’est répandue comme une traînée de poudre. La député Les Républicains Annie Genevard a pris contact ces dernières heures avec la gérante, et elle confirme à Ingrid Bouveret, qu'elle devra bien rompre son contrat pour pouvoir bénéficier des aides. “Je ne comprends pas, si je dois rompre mon contrat d’aide-soignante, je suis révoltée” ajoute Ingrid Bouveret. Ce coup de colère, c’est aussi “pour dire à ces élus qui prennent des décisions qu’ils nous expliquent, pourquoi en tant que gérants, on ne peut pas travailler ailleurs… Nous avons investi dans cinq chalets, on n’a jamais demandé de subventions, on cotise” ajoute Ingrid Bouveret qui trouve la situation tellement injuste. 

Chez Liadet, il reste encore 5 ans à rembourser l’investissement. Ici, on attend la neige désormais, et une possible bonne nouvelle qui permettrait au couple de maintenir le cap sereinement pour la structure touristique familiale. Cumuler les aides de l’Etat (qui ne combleront pas toutes les pertes sans doute), et un emploi temporaire dans le domaine de la santé, où les appels à recrutement fleurissent de partout.  Plus que tout, le couple espère que les Français pourront rapidement repartir en vacances. Chez Liadet, les réservations sont, sur le papier, complètes jusqu’en mars 2021.
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