Jean-Luc Mélenchon va porter plainte pour "dénonciation calomnieuse". Il a dénoncé le "pilori médiatique" après l'élargissement aux activités de l'ancien eurodéputé de l'enquête sur des soupçons d'emplois fictifs d'assistants au Parlement européen suite au signalement de Sophie Montel.
Cette "dénonciation sans fondement est une dénonciation calomnieuse. C'est un délit. Il va donc en cuire à cette personne ! Comme à tous ceux qui auront relayé la dite dénonciation calomnieuse. Je me prépare donc à porter plainte à mon tour pour dénonciation calomnieuse contre cette militante du FN et ses complices", écrit M. Mélenchon sur sa page Facebook. Jean-Luc Mélenchon est un ancien eurodéputé du Parti de gauche (2009-2017).
Le chef des députés de LFI fait ainsi référence au nouveau signalement déposé par l'eurodéputée frontiste Sophie Montel (chef de file du Front National en Franche-Comté) qui a amené à l'élargissement de l'enquête.
La "méthode de la dénonciation est un grand classique de l'extrême droite et sa forme suprême de courage. Au cas précis, cela aura pourtant suffi à déclencher une +enquête préliminaire+ sur une dizaine de députés européens (...) Dont moi. Un gros gibier ! J'ai donc droit à une place particulière sur le pilori médiatique habituel où tout le monde est montré comme coupable avant d'avoir eu le temps d'ouvrir la bouche", ajoute le député qui rappelle qu'il n'est "nullement mis en examen".
"Mais ce qui me blesse le plus profondément, c'est que les noms de mes assistants soient cités. Et seulement les miens ! Ce qui souligne la hargne particulière dont je fais l'objet", écrit-il encore.
"J'affirme qu'aucun d'entre eux n'a jamais consacré aucun temps de travail payé par le Parlement européen, sous quelque forme que ce soit, pour une activité au Parti de gauche, au Front de Gauche ou à +la France insoumise+", indique l'élu.
"Je peux dire que leur militantisme a consisté à travailler davantage d'heures et avec davantage d'intensité que ne le prévoyait leur contrat de travail", insiste-t-il.
"Ce que vise Sophie clairement c'est de mettre fin au deux poids deux mesures. La justice doit se prononcer sur cette pratique là dont nous, nous considérons qu'elle n'a rien d'illégal", a défendu sur France Inter le vice-président du FN Florian Philippot.
"C'est mal connaître Jean-Luc Mélenchon que d'imaginer qu'on puisse être dans son entourage et d'avoir un emploi fictif. Il est plutôt connu pour l'exigence du travail envers lui-même et ceux qui l'entourent", a assuré le député LFI du Nord Adrien Quatennens, sur BFMTV et RMC.
"Le Front national visiblement digère peut-être mal le fait que La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon prennent la tête de l'opposition",
a-t-il ajouté.
A la suite d'un premier signalement de l'élue FN, le parquet de Paris avait ouvert le 22 mars une enquête préliminaire pour "abus de confiance" visant une vingtaine d'eurodéputés de tous bords. Le 27 juin, l'élue frontiste a déposé un second signalement visant M. Mélenchon
ainsi que quatre de ses ex-assistants parlementaires, dont l'un est décédé.
Les enquêteurs cherchent à savoir si des fonds européens, dévolus à l'embauche d'assistants parlementaires, ont été détournés afin de rémunérer des cadres employés à d'autres tâches au sein de leur formation politique.
Des eurodéputés et ex-eurodéputés de tous bords sont concernés: à droite, les ex-ministres Brice Hortefeux et Michèle Alliot-Marie ainsi que Jérôme Lavrilleux, ancien haut responsable de l'UMP au coeur de l'affaire Bygmalion, et Marc Joulaud, qui fut suppléant de François Fillon à l'Assemblée nationale; à gauche, l'ancien syndicaliste Edouard Martin (PS), l'écologiste Yannick Jadot, un élu du Front de gauche Patrick Le Hyaric. Jean Arthuis (ex-UDI), soutien de La République en marche, est aussi dans la liste.
Deux autres enquêtes distinctes sont en cours sur les mêmes soupçons d'emplois fictifs au Parlement de Strasbourg: l'une vise spécifiquement le Modem et a conduit à la démission de trois membres du premier gouvernement d'Edouard Philippe: Marielle de Sarnez (ministre des Affaires européennes), Sylvie Goulard (ministre des Armées) et François Bayrou (ministre de la Justice).
L'autre concerne le FN. Dans ce volet, la présidente du parti frontiste et ex-eurodéputée, Marine Le Pen, a été mise en examen, ainsi qu'une autre eurodéputée frontiste, Marie-Christine Boutonnet.