Catherine est kinésithérapeute à Besançon. Stéphane est pierceur à Audincourt. Tous deux ont repris depuis peu leur activité professionnelle. Il le fallait. Pour la santé de ses patients à elle et pour la survie de son entreprise à lui. Dans les deux cas, un retour sous haute sécurité sanitaire.
Depuis qu'elle a rouvert le 27 avril, Catherine Grosjean a constaté que ses patients montaient désormais à pieds les trois étages jusqu'à son cabinet de kinésithérapeute à Besançon. La peur des boutons d'ascenseur. L'illustration, pour la kiné, que le public qu'elle fréquente a conscience des gestes barrières.
Un bon point pour eux, qui se rajoute aux mesures prises dans ce cabinet que se partagent trois associés. "Désormais, explique Catherine, nous ne travaillons qu'à deux par jour, et nous avons adapté nos horaires. Je me suis décalée au quart d'heure, alors que mes collègues commencent en début d'heure ou à la demie".
En clair, avec des rendez-vous d'une demi-heure, cette organisation permet d'éviter que les patients se croisent en salle d'attente. Une salle qui a d'ailleurs vu le nombre de chaises être divisé par deux et les magazines disparaître de la circulation.
"Nos patients doivent venir masqués, seuls ou alors seulement accompagnés d'une personne pour les plus fragiles. Nous avons à disposition du gel hydroalcoolique, ils doivent en mettre en arrivant et en repartant, précise Catherine, et bien entendu nous portons des masques pendant les soins. Et finis les massages en tenue de ville. Blouse obligatoire qui reste au cabinet et qui est lavée chaque semaine à 60 degrés.
Porter un masque en travaillant. C'est une nouveauté pour Catherine. Une habitude pour Stéphane Oberti, dit REUSH.
" On avait l’avantage d’avoir déjà des normes d’hygiène drastiques avant, donc du coup cela n'entraîne que peu de changements pour nous. Pour le client c’est autre chose. Il doit se présenter seul, avec un masque, sans bijoux ni faux ongles", explique ce pierceur d'Audincourt, associé au tatoueur Cyril Frossard.
Voilà ce que les deux associés ont expliqué sur leur page Facebook pour la rouverture de la boutique.
L'établissement, très connu en Franche-Comté, sera resté fermé deux mois, du 16 mars au 11 mai. Deux mois sans aucun salaire. Mais Stéphane a eu un peu de chance.
Celle d'avoir un propriétaire sympa qui a décalé le loyer d'avril, d'une banque qui a accepté d'alléger les charges du magasin. "J'ai évité le dépôt de bilan grâce aux aides de l'Etat", explique-t'il. "Sans ça, je n'aurais pas pu rouvrir ce mois-ci".Catherine a eu moins peur. Car les frais fixes sont partagés en trois. Et parce qu'à la différence d'autres cabinets de kiné qui se sont équipés de plateaux techniques comme des salles de gymnastique ou des piscines entraînant des coûts bien plus conséquents, son activité de soin à la personne peut se faire plus simplement.
Elle a d'ailleurs pu faire du télésoin avec l'application WhatsApp dès le 27 avril et le feu vert de l'Ordre National des Kinésithérapeutes.