Parmi les 99 salariés de France 3 Franche-Comté, Nicolas Boucard. A l'occasion des 50 ans de la télévision régionale, il raconte son métier. Le grand chef de la technique, c'est lui.
En quoi consiste votre travail à France 3 Franche-Comté ?
Au quotidien, je gère aussi bien des problèmes de budget, que de bâtiments, de voitures. Je dois faire face aux problèmes techniques qui peuvent arriver sur une journée.Si l'on devait définir mon rôle, je suis le garant technique de la bonne diffusion de toutes les émissions.
Une part importante de mon travail concerne la gestion humaine. Il faut gérer les équipes, mettre les personnes au bon endroit pour que tout se passe au mieux.
J'ai une vision aussi des gros projets à venir chaque année, comme la Transjurassienne ou les Eurockéennes. On s'y prépare à l'avance en terme de moyens.
La Franche-Comté est la plus petite région française. Sommes-nous une station à la pointe de la technologie ?
Après, le travail du chef de centre consiste à se débrouiller au mieux avec une enveloppe financière. Il faut faire les bons choix, se débrouiller en faisant jouer son réseau, être un peu le VRP de la station ! A Besançon par exemple, nous avons deux bancs de mixage son contrairement aux autres stations qui n'en ont qu'un seul.Oui, nous sommes petits mais parmi les mieux dotés. Le parc de caméras est le même que dans les autres petites stations.
La technologie rend-elle les choses plus rapides ?
L'évolution technologique a aussi ses limites. Je trouve qu'elle a cloisonné les métiers de l'audiovisuel. Elle a aussi d'une certaine façon dévalorisé le travail au quotidien des techniciens car aujourd'hui tourner des images et faire un petit montage est à la portée de tous.
Autre revers, l'évolution technologique fait que le téléspectateur ne se rend même plus compte des prouesses parfois réalisées. Lors de l'inauguration du tram à Besançon par exemple, nous étions en direct dans une des rames en circulation. Un monsieur m'a demandé quand ces images avaient été tournées. Il n'a pas pensé une seconde que cela pouvait être du direct.
Quel est votre pire et meilleur souvenir de télé ?
Mon pire souvenir. J'avais 5 ans. Je suis un enfant de la télé. Mon père était monteur à Amiens. En venant le voir à la station, j'ai renversé la bobine de diffusion du journal. A une demie-heure de l'antenne. De mes yeux d'enfants, j'ai su que j'avais fait une très grosse bêtise.
Parmi les bons souvenirs, des petits miracles de la télé. En 2000, j'ai eu la chance de travailler sur le renouvellement des deux cars de production de Lille et Lyon. Un outil de diffusion avec 48 caméras. Nous avons posé les autocollants, fait un ultime test dans la nuit. Le lendemain, le car est parti pour les jeux olympiques d'Athènes. Marchera, marchera pas ? Et bien ça a marché.
En Franche-Comté, en 2015 nous avons pour la première fois diffusé en direct les images de la Transjurassienne depuis une caméra en course sur une motoneige. Le signal passait par un hélicoptère en rotation au dessus de la course. La veille du jour J, la météo n'était pas avec nous. On n'a rien pu tester avec l'hélico. Le lendemain, il a pu décoller. Et tout a fonctionné.
Quelles évolutions technologiques attendent la télévision régionale ?
Il faut s'attendre aussi à une nouvelle évolution des moyens de transmission des images. Aujourd'hui, on peut déjà faire un direct de n'importe quel endroit en Franche-Comté. Mais il faut un car satellite ou un boîtier "Aviwest" (3G-4G) pour diffuser par internet.
Un jour viendra où l'on pourra transmettre les images directement depuis les caméras.
Avec un téléphone, on pourra envoyer à l'avenir des images diffusables à la télé, et même faire un direct. Les équipements techniques vont continuer à se miniaturiser. Sans être péjoratif, l'humain sera la seule limite de demain.