Parce que pour certains, l'enfer c'est les eaux, la ville de Besançon organise une semaine de stage à la piscine Lafayette réservée aux adultes pour vaincre leur anxiété voire peur panique de cet élément. On appelle cela un stage immersif et ça n'a jamais aussi bien porté son nom.
Cinq séances de quarante-cinq minutes. Dans l'eau. Pour certain.es, c'était juste inimaginable avant de débuter ce stage. Et c'est également difficile d'en parler devant la caméra de notre équipe de reportage. Parce qu'on peut être gêné d'avouer avoir une peur panique à la simple idée de s'immerger la tête.
On parle ici d' "aquaphobie", cette peur intense et irrationnelle de l'eau qui peut aller de la simple appréhension à une panique totale et qui n'est pas réservée à la piscine ou aux fonds marins.
Pourtant la peur de l'eau est un phénomène courant : un Français sur cinq ne se sent pas à l'aise dans l'eau.
Pour chaque stagiaire présent.e ce premier jour, il a fallu commencer par mettre les bons mots sur sa peur. Alors que pour l'un, l'inquiétude est d'imaginer le liquide s'introduire dans les oreilles ou le nez, pour cette autre stagiaire, c'est surtout l'angoisse de la grande profondeur et d'un trou béant pouvant l'aspirer qui la paralyse.
Auprès d'eux, dans l'eau, Bassem Iskandar, maître-nageur municipal et Cécile Roy, stagiaire maître-nageuse, qui a pendant 20 ans pratiqué la natation en club et est titulaire d'une licence APA (Activité Physique Adaptée).
On procède à peu près de la même façon qu'avec les enfants pour les aider à vaincre leurs peurs. Une différence tout de même, c'est l'attention que nous portons à leurs peurs. Car ce sont des gens qui ont un passif qui est triste avec l'eau. On parle donc beaucoup au début, on débloque la parole. Notre rôle est de leur expliquer que ces représentations qu'ils se font de l'eau, ce sont des clichés.
Bassem Iskandar, maître-nageur municipal
Pour cette première séance, le groupe a commencé doucement, dans le petit bassin, là où tout le monde a pied. Cette première session aborde l’immersion, l’équilibre ou encore le déplacement en milieu aquatique. Au bord du bassin, cette dynamique retraitée est déjà ravie, même si la nuit précédente a été un peu compliquée.
"Je suis contente ! Dès la première séance, on a déjà identifié plein de choses, c'est bien. Je sais que, pour ma part, j'ai l'apréhension de la profondeur. Mais l'important c'est de faire confiance et c'est impeccable" explique-t-elle au micro d'Aline Bilinski et Lilia Aoudia.
Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à s'être inscrites à ce cours qui affiche complet pour toute la semaine. D'après Cécile, qui les conseille et les encourage, "c'est peut-être qu'elles ont plus pris que les hommes la décision qu'il était possible de se guérir de cette aquaphobie et c'est en tout cas la preuve que ce stage a une vraie utilité !"
Les huit stagiaires ne le savent pas encore, mais mardi ils poursuivront leur stage immersif dans le grand bain. Le service des sports de la ville de Besançon envisage de développer cette activité l'année prochaine, des expérimentations vont être menées ces prochaines semaines en ce sens. Mais il n'y avait qu'à voir les sourires sous les bonnets de bain ce matin pour se rendre compte de l'importance de ce genre de stage.