La banque alimentaire de Franche-Comté vient de traverser une année difficile. En raison de la crise sanitaire, les demandes ont augmenté. Dans le même temps, ses stocks de produits ramassés ont baissé en raison d'une meilleure lutte contre le gaspillage. Le réseau d'aide s'interroge sur son avenir.
En un an, la banque alimentaire de Franche-Comté a perdu 20 % de produits frais et 10 % de produits secs ce qui représente presque 152 tonnes de denrées. Son chargé de communication, Michel Jeannin, dresse ce bilan amer au terme d'une année particulière de crise sanitaire. "On a dû se reporter sur les produits secs, ramassés pendant notre collecte du mois de novembre mais il sont déjà tous consommés aujourd'hui", ajoute-t-il. Les raisons de cette situation sont multiples. "Au début de la crise covid, on ne savait pas trop comment manipuler les produits frais, on en a donc moins ramassés" explique Michel Jeannin. "De plus, on avait moins de bénévoles car pour la plupart ce sont des personnes assez âgées qui ont dû rester chez elles pour se protéger".
Moins de produits à ramasser, le résultat d'une meilleure lutte anti-gaspi
Tous les jours, les bénévoles du premier réseau d'aide alimentaire en France collectent des produits invendus voués à être jetés auprès des moyennes et grandes surfaces, avant de les livrer aux associations partenaires chargées de les redistribuer aux personnes en difficulté. Or, de moins en moins de produits sont à sauver des poubelles, c'est la conséquence directe d'une meilleure lutte contre le gaspillage. Cette situation nouvelle pose de réels problèmes d'approvisionnement aux banques alimentaires. "Si les approvisionnements continuent à baisser, il faudra trouver d’autres moyens pour reconstituer nos stocks, il faudra peut-être revoir notre modèle", déplore Michel Jeannin.
Acheter des vivres, une situation inédite
La banque alimentaire de Franche-Comté envisage exceptionnellement d'acheter des vivres pour reconstituer ses stocks. Une solution qui va à l'encontre de sa philosophie originelle. "On est parti ramasser des fruits et des produits de la mer dans le sud, il faut aller toujours plus loin, mais cela coûte cher", se désole Michel Jeannin. Pourtant les bénéficiaires sont de plus en plus nombreux à pousser la porte des associations d'aide alimentaire. "La demande a augmenté de 10 à 15 %, c’est très difficile d'y répondre", constate le chargé de communication de la banque alimentaire en Franche-Comté.
De plus en plus de jeunes bénéficiaires
"L'an passé nous avons vu arriver des étudiants pour la première fois", rapporte Patrick Boccara le président de la Croix-Rouge de Besançon. 150 étudiants bénéficient d'aide de l'association depuis début 2021 contre une soixantaine un an plus tôt. Pour faire face, la banque alimentaire a pu compter sur l'aide de l'Etat, des collectivités et de l'Union Européenne. "Malheureusement ces aides ne sont pas éternelles" tempère Michel Jeannin. Et la crise est loin d'être terminée... Avec les besoins qui augmentent, il est urgent pour la banque alimentaire d'opérer un changement dans son fonctionnement, avec une priorité : trouver des vivres à distribuer. En 2020, en France la banque alimentaire a soutenu 2,1 millions de personnes, en Franche-Comté l'association fournit 5 millions de repas chaque année.