La campagne d'hiver des Restos du cœur débute ce mardi. En Bourgogne, comme ailleurs, l'association s'attend à une hausse importante du nombre de bénéficiaires. Des étudiants et des travailleurs précaires sont nombreux à frapper à la porte de l'association pour la première fois.
Les Restos du cœur lancent ce mardi 24 novembre leur 36e campagne d'hiver. L'association fondée par Coluche s'attend à recevoir cette année un million de bénéficiaires au niveau national. L'année dernière, les Restos ont accueilli 875 000 personnes et distribué 136,5 millions de repas.
En Côte-d'Or, les inscriptions sont en cours. Il est encore trop tôt pour dresser un bilan chiffré. Mais des premières tendances se dégagent. "Partout, et surtout sur Dijon, on a noté par rapport à l'année dernière une très forte augmentation, avec un afflux de personnes qui frappent à la porte des Restos pour la première fois. La catégorie la plus importante de ces nouveaux bénéficiaires, ce serait plutôt les étudiants et les travailleurs précaires", précise Jean-Denis Barroy, responsable départemental de l'association en Côte-d'Or.
Déjà, pendant la campagne d'été des Restos, qui va de mars à novembre, le nombre de bénéficiaires avait déjà augmenté dans le département. "Les chiffres de fréquentation de la campagne d'été sont de l'ordre de 7 700 personnes inscrites. Sur la campagne d'hiver précédente, c'était 7 000. Donc on a vécu entre les deux campagnes une augmentation de plus de 10% de personnes accueillies.", ajoute Jean-Denis Barroy. 550 000 repas ont été distribués dans les 24 centres de l'association pendant la campagne d'été.
"Ce qui a beaucoup augmenté, ce sont ce qu'on appelle les dépannages. Sur la campagne d'hiver, c'était 5 000 dépannages. Et sur la campagne d'été qui vient de se terminer, c'est 13 500. Pendant la période de confinement, on donnait un panier aux gens qui venaient sans autre forme de procès parce que c'était une période où les gens étaient en grande difficulté. Ce n'est pas des gens qui viennent régulièrement, c'est juste ponctuel."
On fonctionne en mode dégradé. On s'est recentré sur l'aide alimentaire. On a mis en sommeil toutes les autres activités, informatique, cours de français, accès au droit, recherche d'emploi
+30% dans l'Yonne sur la période d'été
Dans l'Yonne, la situation est comparable. La crise économique déclenchée par la pandémie de coronavirus a poussé de nouvelles personnes à solliciter l'aide des Restos du cœur. "On est sur une grosse augmentation d'environ 30% sur la saison d'été", explique Alain Sauvion, responsable départemental dans l'Yonne.Si on a un surplus de 30% sur la période d'été, il faut s'attendre à quelque chose d'idem sur l'hiver, ou même peut-être plus.
Les Restos ont distribué 20 000 repas par semaine pendant la campagne d'été dans les 15 centres que compte l'association dans l'Yonne. L'organisation a été modifiée par les contraintes sanitaires. "Les distributions ne se font pas de façon classique. Elles se font en général à l'extérieur", précise Alain Sauvion. Ce sont le plus souvent des colis déjà préparés qui sont distribués aux bénéficiaires. Et les moments de convivialité ont dû être supprimés.
L'association doit assurer ses missions avec parfois moins de bénévoles. "On a demandé à certains de ne pas revenir parce qu'ils étaient trop âgés, avec des problèmes de santé. On ne voulait pas prendre de risque", ajoute-t-il.
Dans l'Yonne, l'association va cibler plus directement les jeunes autour d'Auxerre. "On envisage de faire une distribution en plus dans toutes les structures étudiantes, indique le responsable départemental des Restos du cœur. On a demandé aux étudiants qui avaient des difficultés de nous appeler et en une semaine, on a eu près de 50 coups de fil. Donc nos camions vont se poster devant ces centres de formation et on va faire la même distribution qu'on fait à tout le monde."
Avant la crise du Covid-19, fin 2019, quelque 9,3 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en France, selon l'Insee, et près de 5 millions avaient recours à l'aide alimentaire. Selon certaines associations, la crise va plonger un million de personnes supplémentaires dans la pauvreté.
Reportage en Saône-et-Loire