Besançon : accidenté, Ludovic voit son visage reconstruit grâce à l'impression 3D en pointe au CHRU Minjoz

L’hôpital Jean Minjoz de Besançon est le premier en France à se doter d’une plateforme pluridisciplinaire d’impression 3D. Elle permet à ses équipes de mieux prendre en charge les patients, notamment pour la reconstruction après un cancer ou un accident. Ce fut le cas de Ludovic.

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Les équipes de l’hôpital Jean Minjoz de Besançon sont les premières à avoir mis en place une plateforme pluridisciplinaire d’impression 3D. Elle permet notamment à Ludovic de retrouver une apparence quasi-normale, trois ans après son accident. En novembre 2017, cet ancien chef d’équipe dans les travaux publics tombe de quinze mètres de haut. Il est admis à dans cet hôpital de Besançon, avec de graves fractures. Près de trois ans après cette chute, il doit son salut aux équipes de l’hôpital et à cette plateforme.

Une vie presque comme avant

Ludovic se souvient avec émotion de la prise en charge, après son accident. « Au départ, je me suis trouvé allongé, après j’ai été dans un fauteuil : ça a été compliqué. Je ne me suis jamais dit "tu ne vas jamais te relever". C’était difficile de se regarder dans un miroir et d’être à la limite de ne pas se reconnaître, autant pour moi que pour mes proches ». Après être tombé de cette hauteur importante, l’homme a subi de graves blessures : son visage est sévèrement touché. Une partie de son menton s’est fracturée, sous le choc. Aujourd’hui, l’homme recouvre peu à peu ses capacités.

«  La différence entre l’avant et l’après est impressionnante. Au départ, quand je faisais un changement de direction, je voyais double. Je regardais au-dessus, je regardais rapidement sur le côté : je louchais. Il y avait un temps pour que mes yeux s’adaptent. Depuis la pose de l’implant, je n’ai plus ce souci-là. C’est magique », se réjouit l’homme. S’il retrouve aujourd’hui un visage quasiment normal, c’est grâce à la chirurgie en trois dimensions.

L’hôpital Jean Minjoz est aujourd’hui le premier en France à avoir mis en place une plateforme pluridisciplinaire d’impression en 3D. Elle est appelée « I3DM ». Plusieurs services de l’hôpital bisontin y ont recours. C’est le cas notamment du service de chirurgie maxillo-faciale : il est en charge de toutes les opérations relatives au visage, à la bouche et aux dents. C’est justement le service où Ludovic a été pris en charge.

« Ce qui nous intéressait et ce qui intéressait Ludovic, c’est de retrouver un menton tel qu’il était avant son traumatisme. Il a donc fallu modéliser un menton pour lui, donc faire vraiment une médecine personnalisée, sur mesure », explique le professeur Christophe Meyer, chef du service. Pour arriver à ce résultat, il a fallu implanter des prothèses en titane, dans le visage de Ludovic. La pose de ces implants nécessitait de planifier l’opération. Cela revient à opérer virtuellement le patient. Dans un deuxième temps, des prototypes de prothèses sont imprimés en trois dimensions. Des étapes incontournables, avant de poser définitivement cet implant.

Des ingénieurs et des chirurgiens pour faire des miracles

L’intérêt de cette plateforme créé en janvier 2020, c’est de concentrer les demandes des différentes composantes de l’hôpital, en un même lieu. « Plusieurs services faisaient de l’impression 3D, mais chacun de leur côté. L’objectif a été de centraliser toute cette demande, pour faciliter toutes les démarches, auprès des médecins, des chirurgiens, des kinés, de toute personne qui travaille au CHU et ayant besoin de faire ces modèles en trois dimensions », souligne Aurélien Louvrier, chirurgien maxillo-facial et responsable médical de la plateforme.

Autres avantages, un geste plus précis et une opération plus rapide, de l’avis du responsable. « L’intervention de manière générale, se déroule plus vite car on peut imprimer, utiliser outre des implants sur mesure, des guides chirurgicaux. C’est-à-dire des guides qui vont se positionner par exemple sur une mâchoire, qui vont permettre de découper la mâchoire au bon endroit mais également aider au positionnement des vis », estime Aurélien Louvrier.

Outre la chirurgie reconstructrice du visage, cette plateforme est sollicitée par les services chargés de traiter les cancers et les malformations chez l’enfant, ou encore ceux en charge de la chirurgie relative au cerveau. Depuis son ouverture, la demande se fait forte, selon son responsable : « On constate une augmentation du nombre de demandes des autres services : certains services nous demandent 3 ou 4 impressions par semaine ».

Pour arriver à ces prouesses, les chirurgiens composent aussi avec des ingénieurs. Ils sont chargés de concevoir les modèles en trois dimensions, à partir de radiographies. C’est le cas de Benjamin Billottet, ingénieur clinique : « Je fais le lien entre les attentes cliniques entre les chirurgiens et puis la technologie, notamment pour ce qui est de la simulation chirurgicale, de planification pré-opératoire, et de modélisation de dispositifs médicaux sur mesure puis impression 3D. Nous disposons des outils qui permettent de traiter toutes les imageries médicales, pour faire de la reconstruction 3D. Ils permettent de modéliser toutes les solutions imaginées et conçues par les chirurgiens pour les patients ».

Seule limite pour cette plateforme : sa production se limite à l’heure actuelle à des prototypes, et non à des implants sur mesure. Pour le moment, elle doit encore les confier à un industriel chargé de leur impression.  Elle ambitionne à terme de fabriquer elle-même ces dispositifs médicaux implantables. Un objectif que l’équipe compte atteindre, une fois après avoir accompli les démarches réglementaires.

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