Ce dimanche 10 janvier, l’association PDA (Partage, Droits et Autonomie), qui réunit des travailleuses et des travailleurs du sexe bisontins, organise des portes ouvertes : l’occasion de sensibiliser à leurs quotidiens, et de parler de leur cagnotte solidaire.
Boire le thé, et discuter de la réalité des quotidiens des travailleuses et travailleurs du sexe. Ce dimanche 10 janvier, l’association PDA (Partage, Droits et Autonomie) organise des « portes ouvertes » dans son local à Besançon. L’idée peut sembler surprenante, mais pour l’association, il s’agit de l’une de ses raisons d’être : informer le public, pour lutter contre les « jugements, portés sur le travail du sexe ».
Créée en 2014 par des travailleurs du sexe, l’association bisontine mène aussi des actions d’entraide, d’information, de soutien dans les démarches administratives, et des maraudes pour distribuer du matériel aux travailleuses du sexe les plus précaires, qui travaillent dans la rue. Cette journée de portes ouvertes sera d’ailleurs également l’occasion de parler de l’action la plus récente du groupe : une cagnotte solidaire, contre la précarité supplémentaire suscitée par la crise du covid 19.
Une cagnotte solidaire pour les travailleuses dans la rue
L’idée est simple. Lucie*, membre active de PDA et elle-même travailleuse du sexe (TDS), la résume ainsi : « Je vois un peu les choses comme si c’était une sorte d’allocation chômage, ou une sorte d’aide covid comme il y a eu pour les entreprises ». Car comme beaucoup de secteurs, la plupart des TDS ont été touchées par la crise économique du covid, et par les restrictions sanitaires : « elles n’ont pas pu travailler, parce qu’elles ne pouvaient pas être dans le rue » détaille Lucie « soit à cause du confinement ou des couvre-feu, mais aussi parce qu’il y a des personnes fragiles ou certaines qui vivent avec des personnes fragiles et qui ne peuvent pas prendre le risque d’être contaminées ». Mais pour ces travailleuses du sexe, il n’existe presque qu’aucune aide. A moins d’être déclarées auprès de l’URSSAF (comme c’est le cas de certaines, en auto-entrepreneur, dans le secteur « autres services), et de pouvoir justifier d’une baisse de 50% de leur chiffre d’affaire, aucun dispositif ne peut les soutenir.
Ce lundi 4 janvier, 28 personnes avaient participé au pot commun, et avaient réuni environ 2.000 euros. Une somme que l’association va donc redistribuer aux travailleuses de Besançon, dont l’activité a pu être réduite, même si les membres de PDA reconnaissent qu’ils n’ont pas encore décidé de la manière dont ils le feront exactement. Il faut dire qu’en dehors des maraudes, il est souvent difficile de contacter le travailleurs du sexe. Et le couvre-feu n’a pas simplifié la problématique.
A Besançon, ils seraient une vingtaine, principalement des femmes, à exercer, dans la rue et sur internet, via des petites annonces. Un chiffre difficile à estimer, d’autant plus en temps de covid. « Il vient de se passer quatre mois, et on ne sait pas où elles sont » résume Mama Belabbes, animatrice d’actions pour l’association Aides, qui organise des maraudes auprès des travailleuses du sexe dans la rue. Pendant les confinements, les travailleuses ont quitté la rue, ou se sont cachées. Dans ces conditions, seules quelques maraudes ont pu avoir lieu cette année. Difficile de créer un lien. Mais elle le pense : « si le couvre-feu est maintenu à 18h, je pense qu’elles ne s’en sortiront pas ». « Pour la plupart, elles n’ont pas le droit au RSA, pas le droit à la CMU » précise-t-elle « forcément, dès qu’il n’y a plus d’entrée d’agent, c’est compliqué ». Quant aux « escorts », qui exercent via des petites annonces en ligne, elle le reconnaît « on n’ arrive pas à rentrer en contact ». « On ne sait pas où elles en sont au niveau de leur santé, de leurs dépistages » ajoute-t-elle.