L'enseigne Maty leader de la vente par correspondance de bijoux et montres s'apprête à réduire ses effectifs et fermer plusieurs boutiques en France. L'épidémie de coronavirus a fragilisé encore un peu plus l'entreprise créée en 1951 à Besançon (Doubs).
A Besançon, le bruit des difficultés de Maty circulait depuis plusieurs mois. L'entreprise a annoncé ce jeudi 27 août devant le CSE, le comité social et économique, la mise en place d'un plan de sauvegarde de l'emploi. Un plan social.
Ce que prévoit le plan de sauvegarde de l'emploi
Ce plan prévoit la fermeture de 20% des points de vente à enseigne MATY. Maty ferme 8 magasins sur ses 37 en France. 38 postes sont concernés. Le détail des boutiques concernées n'a pas été précisé mais aucune ne fermera en Bourgogne-Franche-Comté, indique Maty. “Les boutiques où il n’y a plus d’espoir de rentabilité seront concernées par les fermetures”, précise Patrick Cordier, le président du directoire joint par téléphone par France 3 Franche-Comté.
Maty dont l’activité est structurellement déficitaire va réduire également ses effectifs au siège de Besançon. 16 postes sont concernés par le plan de sauvegarde de l'emploi, des postes qui étaient liés à l’exploitation des boutiques.
Au total, le PSE prévoit 54 suppressions de postes soit 12% de l'effectif de l'enteprise qui emploie donc près de 450 personnes.
Le chiffre d'affaires de l'entreprise dépassait en 2011 les 115 millions d'euros. Maty c'était alors 5000 colis emballés chaque jour, un million par an. Aujourd'hui, ce chiffre d'affaire, n'est plus que de 61 à 62 millions d'euros par an.
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Chute des ventes en ligne, hausse de l'or, gilets jaunes et covid : les raisons du déclin
Dans un communiqué de presse, Patrick Cordier, président du directoire détaille les difficultés de l'entreprise.
"Confrontée à l’érosion de la vente par correspondance, MATY avait ouvert dès 1999 son site de vente en ligne « Maty.com », eninvestissant massivement en parallèle à partir de 2011 dans le développement d’un réseau de vente « physique » qui compte actuellement 37 magasins sur toute la France. Les conditions défavorables d’un marché durement affecté par la hausse des métaux précieux et également par le recul général des intentions d’achats de bijoux chez les consommateurs, le poids des investissements consentis pour faire évoluer l’entreprise, le déclin plus rapide qu’attendu des ventes par catalogue et les difficultés à retrouver un modèle économique profitable, ont fragilisé la société qui a enregistré depuis 2011 une baisse de 40% de son chiffre d’affaires et des pertes conséquentes au cours des cinq derniers exercices" explique le communiqué.
“Culturellement, on est une société qui hésite toujours à actionner des choses sur le volet de l’emploi" souligne Patrick Cordier au téléphone. "Sur la vente par catalogue, nous avons résisté plus longtemps que les autres, il existe encore la Redoute”. “L’effet de la pandémie a été d’autant plus fort que 50% du chiffre d’affaires de Maty, est réalisé dans les magasins. La fermeture des boutiques due à l’épidémie nous a achevé", résume Patrick Cordier.
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L'entreprise Maty avait déjà licencié en 1993. Elle avait été recapitalisée en 2018 par la famille fondatrice de l'entreprise. Après les mouvements des gilets jaunes de 2018 et 2019, dans une période cruciale pour les ventes de bijoux des fêtes de fin d’année, l'entreprise a du faire face au Covid. Le chiffre d'affaire à chuté de 75% dans cette période.
Malgré le soutien d’un Prêt Garanti par l’Etat, un plan de sauvegarde est donc mis en oeuvre. Le plan prévoit une redynamisation commerciale de l’enseigne. “Cela passe par une politique d’offre, une gamme attractive, de modèles et de prix, et par le fait de combiner toujours la vente par internet et celle dans les magasins pour rester efficace” précise Patrick Cordier. Ce dernier espère surtout qu’une deuxième vague de cas de Covid-19 ne viendra pas compliquer la donne en fin d’année. L'entreprise espère que le PSE lui "permettra de revenir à une situation bénéficiaire dès 2021" afin d'assurer "sa pérennité".
"C'est Maty aujourd'hui, et on s'attend à d'autres plans sociaux à Besançon"
La nouvelle du plan de sauvegarde de l'emploi chez Maty ne surprend pas José Avilès, secrétaire générale de l'union locale CGT. "Cela fait un moment que c'était dans les tuyaux, il y a 18 mois, nous avions déjà eu vent d'un possible PSE. Aujourd'hui, c'est Maty, mais il n'y aura pas que Maty, on a des retours de difficultés d'entreprises dans le secteur de l'aéronautique, le nettoyage, la restauration, le spectacle" explique José Avilès. "Maty, c'est une entreprise emblématique de Besançon, toute le monde la connaît comme tout le monde connaissait Lip" ajoute le syndicaliste. Ce dernier craint que la crise sanitaire n'entraîne des suppressions de postes en nombre, justifiées pour certaines en raison de difficultés, ou parceque selon lui, des entreprises vont vouloir profiter de la période pour accroître un peu plus leurs dividendes.
