Alors qu'aucune date de réouverture n'est avancée, le ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises annonce un fonds de soutien destiné aux boîtes de nuit. A Besançon, à l'arrêt depuis le début de l'épidémie de covid-19, les gérants de discothèque demandent le "gel de leurs dettes".
Le coronavirus a brisé pour une durée indéterminée la fièvre du samedi soir. Plus de quatre mois après le déconfinement, les portes des discothèques sont toujours fermées. C'est le dernier secteur toujours à l'arrêt et la fête n'est pas prête de repartir. Cette situation difficile va perdurer au-délà d'octobre 2020 au moins. Le ministre délégué en charge des petites et moyennes entreprises, Alain Griset, a confirmé à la presse qu'il n'y a pas de date prévue de réouverture. A l'issue d'une réunion avec les représentants du monde de la nuit, il a proposé ce vendredi 24 juillet un fonds de soutien.
Fonds de soutien : une mesure de survie
Les loyers, factures d'eau et d'électricité et autres frais seront pris en charge à hauteur de 15 000 euros par mois maximum, pendant trois mois, au lieu de 5000 euros initialement prévus dans les dispositifs d'aides aux entreprises menacées de faillite.
"Ce plafond couvre les charges d'environ 85% à 90% des établissements du monde de la nuit", a précisé Alain Griset à la presse. Le ministère évalue le coût total de la mesure à 50 millions d'euros pour 1600 entreprises concernées. A partir du 10 septembre, les établissements du monde de la nuit bénéficieront de dérogations pour avoir accès aux aides du fonds de solidarité aux entreprises, mis en place pour faire face à la crise économique causée par le Covid-19. Les critères de chiffre d'affaires, de nombre de salariés, de perte de revenus ne s'appliqueront plus aux entreprises de ce secteur afin "de ne pas avoir de risque de fermetures d'entreprises", a précisé Alain Griset.
Ces aides ne représenteront pas le manque à gagner cumulé depuis presque six mois. Elles nous mettront sous perfusion pendant trois mois.
Les aides annoncées ne suffiront pas pour bon nombre d'établissements estime le collectif le BBRBU (Bars, boîtes, Restaus de Besançon Unis). Selon son porte-parole Antonin Borie par ailleurs gérant d'un café-concert à Besançon, dans l'agglomération les frais fixes des établissements oscillent entre 7 000 et 17 000 euros par mois.
"Nous demandons le gel de nos dettes"
A l'arrêt, les clubs de nuit bisontins réfléchissent à saisir le tribunal de commerce. Ils ont rencontré le mandataire judiciaire jeudi 23 juillet lors d'une réunion au siège de l'agglomération Grand Besançon Métropole. Via cette procédure qui serait lancée collectivement, les patrons de boîtes de nuit espèrent obtenir le gel de toutes leurs dettes. Un levier qui ne suspendrait pas pour autant leurs charges fixes.
Nous demandons une pause avant que nous ne mourrions tous
Les gérants des six discothèques de la capitale comtoise ont fait leurs comptes. Ils estiment qu'il leur faudrait une aide de 10 000 euros par mois durant un an pour garder la tête hors de l'eau. "Cela représenterait 720.000 euros de subventions" précise les dirigeants. Entre les loyers, la location de matériel, les coûts de la télésurveillance et les assurances, des charges mensuelles fixes continuent à peser sur leur comptabilité. Grand Besançon Métropole a donné son accord de principe pour le versement d'une aide exceptionnelle. "Les modalités restent encore à définir mais il est important de soutenir ce secteur qui représente une activité économique et sociale importante" commente Gabriel Beaulieu, Vice-Président Grand Besançon Métropole. Cette aide exceptionnelle s'élèverait à 300 000 euros avancent le porte-parole du collectif BBRBU. Un chiffre que ne confirme pas Grand Besançon Métropole.
Pas de réouverture avant 2021 ?
Dans le Grand Besançon, six discothèques font vivre 100 personnes à temps plein et jusqu'à 200 personnes ponctuellement.
S'estimant injustement laissées au vestiaire, les discothèques sont dans l'incompréhension. A l'arrêt pendant que les bars et restaurants fonctionnent, ce "deux poids deux mesures" passe mal auprès de ces chefs d'entreprise.
La Secrétaire d'Etat Marlène Schiappa distribue des masques dans une rave party dans la Nièvre pendant que nous sommes contraints de rester fermés. C'est une forme d'injustice.
Certains contournent les interdictions s'insurge Antonin Borie : "d'autres professionnels ou non professionnels organisent des fêtes privées et font danser les gens en dépit des mesures de prévention et de sécurité". Les gérants d'établissements de nuit se sentent oubliés, déconsidérés. "Nous sommes des entrepreneurs comme les autres" martèle le porte-parole du collectif des boîtes de nuit de Besançon.
Le 13 juillet, le Conseil d'Etat a rejeté un recours déposé par le Syndicat national des discothèques et lieux de loisirs (SNDLL), estimant que la fermeture prolongée des discothèques n'était pas "disproportionnée". Les boîtes de nuit espèraient pourtant redémarrer leur activité après le 10 juillet et la fin de l'état d'urgence. Cette décision de la haute juridiction a fini par doucher leurs espoirs. Eux qui espéraient une réouverture dès le 2 juin devront finalement attendre fin octobre 2020 voire 2021 "à en croire certaines rumeurs". "On nous mène en bateau depuis le début" lance tout de go Frédéric Constantin.