Besançon : le flash-ball a-t-il été utilisé par les forces de l'ordre lors des manifestations des gilets jaunes ?

Alors que la préfecture a démenti l'utilisation de "flash-ball" lors des manifestations bisontines, certains manifestants dénoncent l'utilisation de ce matériel. La police de Besançon précise qu'il ne s'agit pas de flash-ball mais de lanceurs de balles de défense LBD 40. Explications.

Chaque fin de semaine, le scénario se répète. À Besançon, comme dans de nombreuses villes de France, les gilets jaunes continuent à se mobiliser. Ce samedi, ils étaient environ 1400 à défiler dans les rues du centre-ville bisontin. C'était la plus forte mobilisation en centre-ville depuis le début du mouvement.

Une partie des manifestants, calmes et pacifistes, ont fini leur boucle près de la préfecture et ont été dispersés, comme à chaque fois, à coup de gaz lacrymogène et de charges répétées après le jet d'un fumigène et d'oeufs en direction des forces de l'ordre.

Lors de la première manifestation dans les rues de Besançon, le 8 décembre 2018, un jeune homme avait été légèrement blessé à la jambe et de nombreux manifestants accusaient alors les forces de l'ordre d'utiliser des "flash-ball". La préfecture s'était alors empressée de démentir l'utilisation de ce genre de matériel à Besançon.

Ce samedi 12 janvier, un correspondant de presse a à nouveau parlé de flash-ball à Besançon, près du quartier de la gare Viotte : "avant qu’une salve d’une dizaine de tirs de flash-ball ne soit effectuée" a confié le correspondant de Factuel.info, site d'informations en ligne, connu sous le surnom de Toufik de Planoise. 
 

Qu'en est-il réellement ?


Jean-Philippe Setbon, le secrétaire général de la préfecture du Doubs nous a affirmé une fois de plus ce week-end que les forces de l'ordre n'avaient pas utilisé de flash-ball à Besançon. Une source policière nous l'a pourtant confirmé ce lundi : "Oui, nous avons utilisé des flash-ball à Besançon samedi. Nous avons un comptage précis des munitions."

Après la manifestation, Radio bip, média indépendant, a également publié le témoignage d'un jeune homme de 28 ans, victime d'une blessure sérieuse à la tête ce samedi 12 janvier après des affrontements avec la police aux alentours de la rue de Belfort (voir la blessure - attention image qui peut heurter la sensibilité de certaines personnes). "J’étais en route pour retourner a mon véhicule et surtout pour m’éloigner d’un groupe de manifestants. J’ai vu des personnes courir et donc j’ai fait de même et c'est à ce moment que j’ai reçu un projectile non identifié. Résultat un joli petit trou, une dizaine de points en sous cutané et une dizaine aussi en cutané. Plus de peur que de mal" a expliqué le jeune homme. S'agit-il d'une balle de "flash-ball" ? Qu'en est-il réellement ?

 

Lanceur de balles de défense VS Flash-ball


La police utilise-t-elle des flash-ball à Besançon ? Oui, si on s'attache à utiliser le terme "flash-ball" devenu, malgré lui, un terme générique. Non, si on joue la carte de la précision et qu'on prend en compte le modèle de lanceurs de balles de défense : LBD 40. 

Contacté par nos soins, Benoît Desferet, directeur départemental de la sécurité publique du Doubs, précise : "La police est équipée de lanceurs de balles de défense. Ils ont une portée plus importante en terme de tirs, ils sont destinés à remplacer les anciens flash-ball, qui tiraient à faible distance. Nos LBD 40 ont été déployés à partir de 2016. C'est logique que certains disent oui et la préfecture non, car beaucoup utilisent le terme générique.'

Dans quel cas peut-on utiliser ces armes ? "Quand il y a agression, les policiers peuvent tirer à plus longue distance. C'est parce qu'ils ont été agressés, qu'ils ont dû répondre avec leurs armes" explique Benoît Desferet. Et d'ajouter : "la victime blessée à la tête n'a jamais spécifié qu'elle avait été blessée par un tir de flash-ball."
 

"Nous allons faire le clair sur cette histoire, prendre contact avec le blessé. Si c'est une blessure des forces de l'ordre, cela sera traité en interne, avec une enquête" nous a quant à lui expliqué  le commissaire Charly Kmyta, chef de la sûreté départementale et commissaire de police de Besançon.
 

L'usage du "flash-ball" réglementé et critiqué


Le Flash-ball est une marque française déposée d'arme non létale, appartenant aux lanceurs de balles de défense (LBD). Il est soumis à des règles strictes. Son utilisation doit être faite sous le coup de la légitime défense, à une distance minimum de 7 mètres et l'usager doit savoir viser pour ne pas tirer au niveau du visage ou de la tête. 

En France, son utilisation est de plus en plus critiquée, en raison des nombreuses blessures causées par ces grosses balles en caoutchouc. "Enucléations, mutilations, tirs de Flashball (LBD 40) en plein visage : L’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) a été saisie par la justice pour 78 affaires et 200 cas lui ont été signalés" rappelle France Inter. "Dans un rapport remis le 10 janvier au président de l’Assemblée nationale, le Défenseur des droits a recommandé l’interdiction des lanceurs de balles de défense dans des opérations de maintien de l’ordre en raison des risques liés à la nature même d’une manifestation où les personnes sont groupées et mobiles" explique Lemonde.fr.

Interrogé par BFM TV, Fabien Jobard, directeur de recherche au CNRS explique que "de près on peut viser, mais le tir est très puissant. De loin, il est moins puissant, mais très imprécis, donc dans les deux cas il est très difficile d'échapper à une blessure qui peut être très lourde".

Depuis 2007, le flash-ball est progressivement remplacé par une autre arme : le LBD 40, permettant des tirs à plus longues distances, de 30 à 40 mètres, et pourvu d'un viseur. Mais le mot "flash-ball" reste le terme générique pour désigner les lanceurs de balles de défense, tous modèles confondus.
 
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