Besançon : une fresque du graffeur Nacle pour tourner la page du Covid-19

Se lancer à l'assaut d'une froide façade d'immeuble, redonner des couleurs aux murs oubliés, il savait le faire. Cette fois, l'artiste bisontin a fait appel à l'Histoire pour réaliser cet immense graffiti sur un mur d'expression libre, à proximité de la Cité des Arts. Le message : garder espoir.

Puiser dans l’histoire les ressources d’inspiration pour mieux résister à l’épreuve du présent. C’est la philosophie que donne le graffeur Nacle à sa nouvelle oeuvre, une fresque monumentale qui laisse entrevoir une issue positive à cette période d’épidémie de Coronavirus.

Un artiste qui s’affranchit du confinement ? L’initiative est d’Emmanuel Dumont, conseiller municipal en charge des arts urbains, qui connaît bien Nacle, bisontin d’origine. Alors il lui a proposé de se lancer dans une oeuvre miroir de l’épidémie actuelle. « C’était à lui de le faire sur Besançon. »

Nacle a saisi le spray à la volée : « Il m’a envoyé des liens sur des oeuvres réalisées pendant le confinement, et il m’a demandé si je pouvais faire quelque chose par rapport à ça. Je me suis dit que c’était l’occasion de sortir et de casser la morosité ambiante, de faire mon travail d’artiste. »
 



Résultat : une fresque réalisée sur le mur d’expression libre situé à proximité de la Cité des Arts, à Besançon. « Je ne voulais pas faire un truc bidon avec un masque. En cherchant, je suis tombée sur cette statue de l’archange Saint-Michel, et j’ai eu l’idée de cette fresque qui a un lien avec le Covid. »
 

Je me suis creusé la tête pour répondre au sujet et lui donner une dimension artistique
Nacle


Et l’artiste de nous entraîner dans l'histoire : « La légende voudrait qu’en 590, le pape Grégoire 1er ait eu une vision de l’archange rangeant son épée dans son fourreau, ce qui aurait mis fin à l’épidémie de peste. L’idée est d’en faire une corrélation à l’épidémie actuelle », décrit Nacle. Avis à ceux, qui comme moi, n’auraient pas compris la référence : « Il va y avoir un résumé écrit sous forme de punchline pour titiller les gens. »

 


Quatre jour de travail, qui s’achèvent ce mercredi 29 avril 2020. Recouvrant 18m de longueur par 4 de hauteur, les statues en nuances de gris dénotent au pied du mur d’expression chatoyant. « Je ne pensais pas qu’il allait faire une fresque aussi monumentale, avoue Emmanuel Dumont. » Pour la réaliser, Nacle aura utilisé pas moins de 60 bombes.

La planche grandeur nature ne manque pas de happer les passants. « Certains viennent me voir, c’est sympathique de voir que les gens osent malgré le confinement. » Mais pour le graffeur, habitué aux curieux, se retrouver seul la plupart du temps interpelle. « Avoir cette distance sociale, c’est bizarre. Normalement il y a toujours un ou deux potes qui passent. »
 
 

D’une épreuve à une autre, le lien par l’art.


Réalisé sur un mur d’expression libre, l’archange de Nacle pourrait en théorie être recouvert par d’autres tags, avec le temps. Un risque assumé par le graffeur : « C’est un parti pris. C’est vraiment une oeuvre éphémère, qui sera recouverte. Plus vite elle sera recouverte, plus vite on aura tourné la page, » espère Nacle.

Une page qui se tourne pour lui aussi d’ailleurs. Car la fresque qu’il termine tout juste vient recouvrir le Charlie réalisé en janvier dernier, en hommage aux attentats de Charlie Hebdo en 2015, à Paris. De cette oeuvre commémorative, il demeure néanmoins une partie, située à gauche de la nouvelle fresque. On y voit un Charlie au regard malicieux, une bombe - de peinture - à la main.
  
 
 

D’autres projets à venir


Pour Nacle, c’est une expérience de plus, et l’occasion d’inscrire un peu plus sa signature sur la scène artistique bisontine. Depuis qu’il en a fait son métier, en 2017, Nacle graffe à plein temps pour des associations, des entreprises, des mairies. Dernières réalisations : une grosse fresque à Arc-et-Senans (Doubs) pour l’inauguration d’un gymnase, ou en 2019, une façade d'immeuble du quartier Palente à Besançon. Début mai 2020, il a rendez-vous rue de Belfort pour repeindre une station de lavage auto, ainsi qu’une autre vers Ecole Valentin, « dans un thème comics américains. » De quoi s’évader à nouveau.
 


 
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