La conférence citoyenne mise en place par la mairie de Besançon vient de faire connaître ses préconisations sur le projet d'écoquartier des Vaîtes. Toutes remettent en cause, partiellement ou totalement, le projet initial.
Un avis très critique sur le projet initial, qui date de 2005. Et deux options proposées aux élus du conseil municipal de Besançon : zéro artificialisation des sols et zéro construction, ou un projet immobilier réduit dans sa dimension.
C'est en résumé le rapport remis, ce dimanche 4 juillet, par la convention citoyenne sur le projet d'éco-quartier des Vaîtes.
Comme le précise Agnès Kasner, une des 50 membres de la convention citoyenne, il n'a pas été possible de trouver une position consensuelle :
On a donc décidé qu'il y aurait deux positions, sur lesquelles les élus auraient à se prononcer : est-ce qu'on a besoin de construire des logements ? Ou est-ce qu'on décide de garder une zone natutelle et de la valoriser ?
La maire de Besançon, qui avait décidé de faire appel à une convention citoyenne, salue le travail accompli :
Dans tous les cas, il y a la volonté de penser la ville autrement, et la ville de Besançon autrement. Depuis notre territoire, qu'est ce qu'on peut faire pour essayer de répondre aux enjeux climatiques ?
Le conseil municipal devrait se réunir le 30 septembre 2021 et devrait délibérer sur le projet des Vaîtes.
A l'annonce des préconisations de la convention citoyenne, Claire Arnoux, la présidente de l'association "les jardins des Vaîtes" ne cache pas sa satisfaction :
C'est un combat écologique que porte notre association, et c'est une très bonne nouvelle que la convention citoyenne nous donne raison, sur la préservation de la biodiversité, des zones humides, de la terre agricole.
Selon Claire Arnoux, "après le Conseil d’État, la convnetion citoyenne réaffirme également qu’aucune construction ne doit se faire aux Vaîtes si d’autres espaces sont disponibles à Besançon. Il est plus que temps d’abandonner ce projet d’un autre temps et de rendre aux terres des Vaîtes leur usage naturel et agricole."
Le projet d'éco-quatier des Vaites, c'est quoi ?
Le projet d'éco-quartier dans le sud de l'agglomération de Besançon est à l'étude depuis 2005. Il devrait permettre la création de 1.150 logements en petits collectifs, dont 20 % de locatif social et 15 % de logements à prix abordables, sur un terrain de 23 hectares.
Le projet comprend un espace pour les logements, des jardins dits "pédagogiques" et un espace naturel pour se promener, avec la colline de Bicquey.
L’objectif serait aussi d’approcher les 40 % d’énergie renouvelable sur cet écoquartier.
Les Vaîtes, un combat emblématique des préoccupations écologiques ?
Dès l'annonce du projet, des oppositions sont apparues. Initialement rassemblés au sein de l'association "Les Vaîtes", créée en juillet 2005, les opposants du projet ont été rejoints par des participants à Nuit Debout en 2016. S'en est suivie la création de l’association "Les Jardins des Vaîtes", en 2018. Le 17 juin 2020, le site a été occupé par Extinction Rébellion et ANV COP21.
La vigie, érigée par les défenseurs de la "zone à défendre" a été démontée début janvier 2021. Elle surplombait les 34 hectares de terre maraîchère.
A la mobilisation des opposants au projet s'ajoutent les décisions de justice, tribunal administratif et conseil d'Etat, qui avaient préconisé la suspension provisoire des travaux.
Quels sont les arguments des partisans et des opposants ?
En faveur du projet d'écoquartier, les raisons invoquées sont les suivantes:
- La nécessité de limiter l’étalement urbain, qui consomme de la terre agricole.
- Le besoin de logements lié à l’augmentation du nombre de ménages et la diminution de leur taille.
Les opposants au projet insistent de leur côté sur :
- L’impact environnemental négatif de l’aménagement avec une altération des habitats naturels
- La nécessité de préserver une activité agricole permettant l’approvisionnement en circuit court
- Le dynamisme démographique qui serait trop faible pour justifier la construction de nouveaux logements
Que disent les rapports précédents ?
En février 2019, le conseil national de protection de la nature (CNPN) rendait un avis défavorable. Le rapport pointait l'insuffisance des mesures pour protéger les espèces protégées et leurs habitats.
En mars 2020, le groupe d’étude de l’environnement et du climat (GEEC) de Besançon émettait aussi des réserves sur le projet : « les documents mis à notre disposition comportent une importante documentation cartographique peu harmonisée, parfois difficile à lire ou interpréter, ce qui rend compliqué la perception des intentions d’aménagement et l’évaluation de leurs impacts potentiels sur l’état initial et l’environnement du site »