Samedi 25 janvier 2020 en fin de journée, des insultes homophobes ont été prononcées devant le commissariat de police de Besançon. Forces de l'ordre et gilets jaunes étaient présents dans un face à face tendu. Une enquête administrative va être ouverte à la demande du Préfet.
Les images tournées par le média indépendant Radio Bip ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux.
Samedi 25 janvier, à l'issue d'une nouvelle manifestation dans les rues de la ville, deux personnes sont placées en garde à vue au commissariat de la Gare d'eau. Un petit comité de soutien se regroupe devant le site. Les insultes contre les policiers pleuvent comme on peut l'entendre dans la vidéo diffusée par le média indépendant. "Police, SS, à bas l'état policier, fainéants, fascistes, policiers de merde, Gestapo..." les manifestants s'expriment violemment et des grenades lacrymogènes sont lancées par les forces de l'ordre.
La scène se poursuit, on aperçoit une jeune femme qui reste debout sur le trottoir face aux policiers. Que se passe t-il avec le policier tout près d'elle ? On la voit se faire soudainement gazer en plein visage à coup de lacrymogènes. Les échanges de mots se poursuivent alors parmi les personnes présentes. "Et va te faire enculer pédé, amène ta gueule et je vais la rectifier moi" entend-on sur la vidéo filmée par Radio Bip.
Ces propos ont-ils été tenus par un fonctionnaire de police ? Le Préfet du Doubs Joël Mathurin a demandé dès lundi 27 janvier au matin l'ouverture d'une enquête administrative de commandement auprès du DDSP, le directeur départemental de la sécurité publique. "Le Préfet ne mésestime pas le climat de tensions qui pouvaient exister à ce moment là, mais il ne souhaite tolérer aucun manquement à la déontologie" déclare la Préfecture. Cette dernière précise qu'un arrêté préfectoral interdit les manifestations autour du commissariat de police de Besançon pour des raisons de sécurité. La jeune femme gazée par les forces de l'ordre ignorait visiblement cette consigne. "Depuis 15 mois, les policiers agissent avec professionnalisme et discernement" ajoute la Préfecture du Doubs.
C'est un policier qui tient ces propos homophes, c'est clair
La journaliste de Radio Bip Emma Audrey qui a filmé la scène n'a aucun doute sur la provenance des mots lâchés ce soir-là. "Je filmais et je travaille avec un micro unidirectionnel. Le micro était bien dirigé vers les policiers. A ce moment là, j'entends dans mon casque les insultes homophobes et je tourne ma caméra. C'est un policier, c'est clair.... un gradé prend alors le policier et le tire vers l'intérieur du bâtiment" décrit la jeune femme.
L'association Nationale SOS Homophobie a condamné via son compte Twitter ses insultes homophobes présumées de la part d'un agent des forces de l'ordre : "Les insultes homophobes sont inacceptables, d’autant plus lorsqu’elles viennent des forces de l’ordre qui sont censées assurer notre sécurité ! Nous condamnons ce débordement et appelons la préfecture de Police à réagir fermement et rapidement" .
Les insultes homophobes sont inacceptables, d’autant plus lorsqu’elles viennent des forces de l’ordre qui sont censées assurer notre sécurité ! Nous condamnons ce débordement et appelons la @prefpolice à réagir fermement et rapidement.
— SOS homophobie (@SOShomophobie) January 27, 2020
pic.twitter.com/yXPF5PNWTN
La jeune femme touchée au visage par du gaz lacrymogène est une étudiante présente régulièrement sur les manifestations. Elle ne compte pas déposer plainte mais s'insurge contre la violence disproportionnée selon elle des forces de l'ordre : "Oui, il parait qu'il y a un arrêté (de manifester, ndlr) sur cette partie du trottoir, mais j'étais seule, je ne criais pas de slogan, je ne disais rien, je venais juste voir si les gars sortaient ou pas. Je ne me sentais pas en tort d'être là. Je n'ai pas protesté outre mesure quand on m'a demandé de partir. Bien sûr que je trouve ça disproportionné, mais je ne suis pas surprise, cela fait un an et demi que c'est comme cela" confie Emilie au micro de France 3 Franche-Comté.
Une enquête de l'IGPN en 2019 après un coup de matraque d'un policier
A Besançon, le média indépendant Radio Bip avait déjà filmé en 2019, une scène qui avait fait débat et fait réagir Christophe Castaner. Le 30 mars 2019, un jeune de 22 ans avait reçu un violent coup de matraque en fin de manifestation des gilets jaunes à Besançon. Après l'enquête de l'IGPN, le procureur de la République a décidé en octobre 2019 de classer la plainte. Selon lui, le gilet jaune "n'avait pas l'intention de ramasser un objet. Mais de l'autre côté, il n'y a pas d'intention coupable de la part du policier. L'agent n'a pas voulu blesser délibérément le gilet jaune. Il l'a frappé en pensant qu'il allait se saisir la grenade. Au vu de ces objectifs, j'ai donc décidé un classement sans suite" avait expliqué le Procureur dans les colonnes de L'Est Républicain.