Besançon : pour ne pas être séparés, Ahmed et Florence font une grève de la faim

Ahmed et Florence se sont mariés par amour en janvier 2020, après trois ans de vie commune. Mais parce qu’Ahmed est entré illégalement sur le territoire français, il est sous le coup d’une obligation de quitter le territoire. Pour ne pas être séparés, ils ont commencé une grève de la faim.

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« On va aller jusqu’au bout, on va se battre ensemble ». La voix de Florence ne tremble pas.  La quarantenaire a pris sa décision, et elle ne reviendra pas dessus : ce lundi 20 septembre, elle et son mari, Ahmed, ont débuté une grève de la faim. Car malgré leur mariage à Besançon dans le Doubs le 11 janvier 2020, le couple a peur d’être séparé. 

Le 13 janvier dernier, la demande de régularisation d’Ahmed a été rejetée par la préfecture. Dans la foulée, il reçoit une OQTF, une obligation de quitter le territoire. Depuis, il risque l’expulsion à tout moment. « C’est très difficile, vous n’imaginez même pas » soupire Ahmed. Sans papier, il ne pouvait déjà pas travailler. Désormais, sortir lui fait peur. « Je ne peux rien faire ». Un simple contrôle de pass sanitaire en terrasse, s’il est fait par les forces de l’ordre, peut le conduire à l’expulsion, du jour au lendemain. Au Maroc, le pays de ses parents, mais loin de Florence, qui ne peut quitter ses enfants et son travail.  

Une impasse juridique

« Aujourd’hui, on n'a plus de solutions » se lamente Florence. « On a déposé une demande de régularisation, on a été au tribunal administratif, on a fait appel aux élus », énumère la Bisontine, « on a cherché de l’aide comme on a pu ». Le couple a épuisé tous les recours possibles sur le territoire français. Mais les autorités lui ont toutes répondu la même chose : pour avoir une chance d’être régularisé, Ahmed doit retourner au Maroc, et y déposer sa demande de visa. Mais la démarche est longue, et son issue incertaine.

« Quand vous déposez une demande, déjà il y a une enquête qui dure 5 à 6 mois, explique Florence, ensuite on n’est pas forcément obligé d’accepter ce visa, et s’il est refusé, il faut faire appel au tribunal administratif de Nantes ». « Là, il faut encore attendre environ un an, ou plus, avant que l’affaire ne soit jugée, et on n’est toujours pas sûrs que le visa soit accepté ». Alors pour elle, « le risque est trop grand ». « Je ne me vois pas envoyer Ahmed au Maroc et me dire peut-être qu’il reviendra, peut-être pas ». « Ça fait cinq ans qu’on est ensemble et on a jamais été séparés, même pas un jour », contextualise Ahmed.

Je comprends comment ça se passe en France, mais je ne demande rien, je demande juste à M. le Préfet de me laisser travailler

Ahmed

Une grève de la faim, pour espérer retrouver « une vie normale »

« Tout ce qu’on demande, c’est le droit de pouvoir travailler pour avoir une vie normale » résume Florence. Car sans papiers, même avant l’OQTF, impossible de signer un contrat de travail. Or, une promesse d’embauche en CDI attend Ahmed depuis 2020. « Il est ici depuis 2015, on est ensemble depuis 2017, on est mariés, on a une vie, il est intégré, il fait partie de ma famille, mes enfants l’adorent » résume Florence, qui ne comprend pas pourquoi cette régularisation leur est refusée.

« Aujourd’hui, on vit avec mon salaire, c’est compliqué » se désole Florence. « On n’arrive pas à avancer, à se projeter ». Alors, elle le répète : « J’irai jusqu’à bout ».  Cette grève de la faim, « on va la faire ensemble », ajoute Ahmed. « Pour le meilleur et pour le pire. C’est bien ce qu’on dit quand on se marie ? ».

Pas besoin d'un visa ou d'un titre de séjour pour se marier en France

En France, il n'est pas néccessaire d'avoir un visa, un titre de séjour, ou la nationalité française pour se marier. Il faut en revanche, être en mesure de fournir les preuves administratives de son âge, de sa nationalité, de sa résidence en France et que l'on est pas déjà marié ailleurs avec une autre personne. Le maire de la commune où sera célébrer l'union a également le devoir de signaler à la préfecture les demandes de mariages qui ne lui sembleraient pas sincères. 

Dans le cas d'Ahmed et Florence, tous les papiers nécessaires à un mariage civil étaient réunis. 

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