Biologiste et féministe : retour sur le destin hors norme de Marie Phisalix, mère de travaux fondateurs utilisés pour l'emploi thérapeutique des venins

Marie Phisalix est l'une des premières femmes en France à être agrégée de sciences en 1888 et à devenir médecin. Elle est à l'origine de travaux fondateurs utilisés pour l'emploi thérapeutique des venins. Découvrez son histoire.

France 3 Franche-Comté et dans la Boucle productions mettent en lumière les femmes illustres de Besançon et de ses environs dans la série Besançon la Féminine. Certains noms sont plus évocateurs que d'autres, mais toutes ces femmes ont une histoire, que nous conte Dan Nicolle. Un voyage sur les traces de dix femmes exemplaires qui ont marqué la capitale du Doubs.

Texte d’Alexandre Perret-Gentil (Dans la Boucle productions)

Marie Phisalix, la dame aux serpents

Entre les falaises bleues de la haute vallée de la Loue, au creux d'une coulée de verdure, le village de Mouthier-Haute-Pierre dans le Doubs s'agrippe à flanc de montagne depuis plus de mille ans. Certaines nuits, les villageois décrivent d'étranges gerbes de feu qui rougeoient dans les ténèbres. C'est, dit-on, le rubis de la Vouivre qui flambe sur le front de la créature. La vouivre, l'antique dragonne au corps de serpent.

Marie Phisalix connaît-elle la légende, quand elle découvre ce pittoresque village où la famille de son époux Césaire plonge ses racines ? Le couple, en cette toute fin du XIXᵉ siècle a lui aussi quelque chose de pittoresque. Si Monsieur est couvert d'honneur pour la brillante carrière scientifique qui le mènera jusqu'aux allées du prestigieux Museum national d'histoire naturelle, Madame n'est pas en reste, et fait figure de pionnière dans son domaine.

La mère de travaux fondateurs utilisés pour l'emploi thérapeutique des venins

Non contente d'être l'une des premières agrégées de sciences en 1888, elle parvient même à devenir médecin. Elle s'inscrit dans les pas de Madeleine Brès, la première femme française à avoir été admise à ce titre, en 1875 seulement. Dans la campagne du Doubs le couple étonne. Et si certains rechignent, l'admiration prévaut et l'évidente intelligence de Madame Phisalix s'impose à chacun. La greffe prend si bien entre la native de Besançon montée à Paris et les habitants de Mouthier que cette dernière, après la mort de son époux, fonde un Musée d'histoire naturelle dans la petite commune. L'édifice existe toujours et prolonge la passion de sa fondatrice pour le savoir et l'histoire naturelle.

C'est qu'entre temps, Marie Phisalix s'est passionnée pour l'étude des serpents, et son exceptionnelle ténacité l'a imposée comme l'une des meilleures herpétologues de la planète. À sa mort, en 1946, celle qui sera également, et jusqu'à son dernier souffle, une inlassable militante féministe se fait ensevelir dans le petit village que son mari lui faisait découvrir plus de cinquante ans auparavant.

Herpétologue réputée et militante féministe engagée

Grâce à l'action de femmes comme Marie Phisalix, et par leur exemple, l'époque a certes changé : les femmes ont le droit de vote depuis peu, et l'élan devant mener à leur émancipation, malgré les obstacles, ne s'arrêtera plus. Mais certaines choses ne changent pas : on raconte que par de chaudes nuits d'été, depuis les bords de la Loue, un orbe rouge déchire la nuit et serpente dans la colline. C'est peut-être la Vouivre elle-même, qui prend le risque de fréquenter le monde des hommes, pour venir discrètement se recueillir sur la tombe de celle qui fut une si brillante amie de l'univers des couleuvres et autres salamandres. Besançon la Féminine, sur les pas d'une très grande dame des sciences.

En apprendre plus sur Besançon

Les 10 épisodes de la série Besançon la Féminine sont disponibles en intégralité sur France.tv.
Et si vous souhaitez en apprendre plus sur la capitale du Doubs, nous vous conseillons les séries Besançon la Mystérieuse et Besançon la Romanesque.