Les gardiens de la maison d'arrêt de Besançon durcissent leur mouvement alors que la ministre de la Justice doit reprendre aujourd'hui les discussions sur leurs revendications salariales et sécuritaires. Manifestation également à Lons-le-Saunier et débrayages à Belfort, Montbéliard et Vesoul.
Demain, le mouvement devrait se durcir : les gardiens des maisons d'arrêt de Lons et de Montbéliard devront eux aussi bloquer les accès de leurs établissements.
Il y aura des débrayages dans les maisons d'arrêt de Vesoul et Belfort.
Les négociations entre les syndicats de personnels pénitentiaires et le ministère de la Justice se poursuivront mardi, a annoncé la Garde des sceaux Nicole Belloubet à l'issue d'une réunion lundi, après huit jours d'une mobilisation nationale.
Les discussions porteront sur les "créations d'emplois", "la sécurité des personnels" mais aussi "la question indemnitaire", revendication des syndicats qui n'avaient pas été abordée lors des précédentes réunions, a précisé la ministre devant la
presse alors que les blocages de prison se poursuivaient.
Comme des dizaines de prisons partout en France, la maison d'arrêt de Besançon a été bloquée ce lundi matin à l'appel des syndicats avant une rencontre prévue à partir de 13H00 avec la ministre de la Justice pour reprendre les discussions sur leurs revendications salariales et sécuritaires.
En clair, les gardiens qui ont travaillé cette nuit n'ont pas été relayés par leurs collègues de journée. Aucune entrée ou sortie n'est possible à Besançon.
A Lons-le-Saunier, un rassemblement a eu lieu ce matin devant la prison. A Montbéliard, Vesoul et Belfort, les agents ont débrayé, ils ont retardé leur prise de service. L'évolution du mouvement dépend de l'issue de la rencontre prévue aujourd'hui au ministère de la justice.
Retour sur une journée d'action en France
"A 09H00, nous avons 50 établissements bloqués: 15 où les agents ont refusé de prendre leur service et 35 où des barrages devant les prisons empêchent tout personnel d'entrer", a appris l'AFP auprès de la Direction de l'administration pénitentiaire.
Plus tôt, le secrétaire national de FO Emmanuel Baudin avait assuré à l'AFP que "115 établissements étaient bloqués en France" sur les 188 du pays. Après l'échec des négociations la semaine dernière en raison de propositions du gouvernement jugées "insuffisantes", les trois principaux syndicats (Unap-Unsa, CGT, FO) "seront reçus par la ministre à partir de 13H00, les uns après les autres", a indiqué la chancellerie à l'AFP.
La mobilisation est aussi suivie dans le reste de la région parisienne (avec des blocages à Melun, Villepinte, Nanterre, dans le Val d'Oise et un débrayage à Meaux) et ailleurs en France: les principaux établissements sont bloqués en Auvergne-Rhône-Alpes, dans le Grand Est et toutes sont bloquées en Occitanie et à Ajaccio (Corse), selon des syndicalistes locaux.
Dimanche soir, un détenu s'en est une nouvelle fois pris à des gardiens, à Longuenesse (Pas-de-Calais). Il les a agressés avec un pied de table en fer, les blessant aux bras, selon l'administration pénitentiaire et le syndicat majoritaire Ufap-Unsa.
Lundi matin, une cinquantaine de gardiens stationnaient devant l'entrée du centre et y ont allumé des palettes.
Non aux "mesurettes"
A Borgo (Haute-Corse), où deux surveillants ont été agressés la semaine dernière, une soixantaine de gardiens se sont postés devant la prison, sans la bloquer, a constaté un photographe de l'AFP.Ces agressions à répétition alimentent la colère des gardiens de prison qui jugent leur profession dangereuse, mal payée et mal considérée. C'est l'agression de surveillants par un détenu jihadiste à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) le 11 janvier qui a mis le feu aux poudres.
La semaine dernière, parallèlement à la mobilisation nationale des gardiens, l'Ufap-Unsa (40%) et la CGT-Pénitentiaire (environ 15%) ont participé à des négociations avec le gouvernement, mais ont refusé samedi de signer le "projet d'accord" qui en est sorti.
"Les personnels sont fatigués et furieux. Le mouvement sera dur lundi et ne s'arrêtera pas si le gouvernement ne propose que des mesurettes", a prévenu le secrétaire général de la CGT-Pénitentiaire, Christopher Dorangeville, dimanche.
FO-Pénitentiaire, qui n'avait pas participé aux premières négociations, a appelé à "amplifier la pression". La CGT et FO ont prévenu que le mouvement de blocage des prisons était reconductible "jusqu'à ce que le gouvernement entende (leurs) revendications".
L'Ufap-Unsa et la CGT estiment que le "projet d'accord" est "bien en deçà des attentes des collègues mobilisés" notamment concernant les indemnités et le statut des 28.000 surveillants. Ils jugent aussi insuffisante la proposition de 1.100
créations de postes sur quatre ans.
Les trois principaux syndicats demandent des revalorisations: soit indemnitaires (pour l'Ufap), avec une revalorisation des primes de nuit ou de pénibilité, soit statutaires (pour FO et la CGT), avec le passage pour les agents de la pénitentiaire
de la catégorie C à la catégorie B.