Coronavirus : dans Besançon confiné, les livreurs à vélo de Deliveroo et Uber Eats en difficulté à l'heure du COVID-19

La plupart des restaurants sont fermés pour cause d'épidémie. Conséquence pour les livreurs : moins de courses, et des revenus en baisse. 

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On pourrait appeler cela les heures de pointe du confinement : ces instants pas si nombreux où les rues se vident pour de bon, en général, au moment des repas - tiens donc. 

 




Quand midi sonne à Besançon, Waterloo est donc là qui guette : plus personne ou presque, hormis les livreurs à vélo.


 

La loi de la jungle



Avant l'épidémie, c'est à peine si on les remarquait. Aujourd'hui, on ne voit plus qu'eux, trop nombreux, autour d'un gâteau bien chiche. Les affaires vont mal, on pouvait s'y attendre avec le confinement. 

 



"Il me faudrait 3 000 euros par mois pour être rentable, nous assure Tom, 37 ans et douze mois dans les pattes pour le compte de Deliveroo et Uber Eats, les deux principales entreprises de livraison de repas à domicile. En ce moment, je me tire difficilement un SMIC."


 

Il me faudrait 3 000 euros par mois pour être rentable. En ce moment, je me tire difficilement un SMIC. 




Tom n'est pas un cas isolé. Avant, il y avait de la place pour tout le monde. Maitenant, c'est terminé.

"Très peu de restaurants sont restés ouverts pendant le confinement, nous rappelle un livreur, qui préfère rester anonyme. On doit se les partager, la concurrence est rude."

Tom relativise : "Heureusement, les établissements qui n'ont pas fermé vendent mieux que d'habitude."


 


Parmi ces restaurants qui ont baissé le rideau, il y a celui où travaille Marine, 20 ans. Son patron avait annoncé la couleur sur Facebook :

 

Voyant son employeur à l'arrêt, Marine a décidé de signer chez Deliveroo pour occuper son temps libre. Elle est déclarée comme auto-entrepreneure depuis quelques jours. 

"J'ai dû acheter mon vélo et mon sac de livraison", nous explique-t-elle. N'enfile pas l'uniforme qui veut ! Dès le départ, il y a un investissement. Les livreurs chercheront ensuite à le rentabiliser. Ce qui n'est pas chose facile. 

"On gagne 3 € par course en moyenne quand c'est en centre-ville, poursuit Marine. Ça peut grimper à 7 euros si ce sont des courses plus difficiles." 


 



Cette plus grande précarité liée au confinement s'observe dans tous les secteurs d'activité. Le gouvernement a promis des aides, dont pourront bénéficier les livreurs. Pour cela, il suffit de chiffrer son manque à gagner par rapport à l'année précédente. 

Tom a fait les calculs. Moins de revenus en mars 2020, c'est entendu. Mais ils n'étaient guère plus élevés en mars 2019 : à l'époque, il se mettait à peine en selle ! Résultat : il n'aura droit à rien, ou si peu. 


 

Précarité sanitaire




Pourtant, les livreurs s'estiment eux aussi en première ligne face au coronavirus : ils approvisionnent les clients sans masque ni gel hydroalcoolique.

"Impossible d'en trouver, se justifie Marine. Et le pire, ce sont les clients qui ne respectent pas les règles. Ils sont censés venir chercher leur repas directement dans notre sac, pendant qu'on se tient à l'écart. Or, ils exigent parfois qu'on monte à l'étage, pour leur apporter en main propre."

De quoi donner des envies de tout plaquer ? Pas question, ni pour Marine, ni pour les autres. Juste parfois, des besoins (illégaux) d'évasion, à l'image de ce livreur bisontin qui a fait vibrer la Toile en maniant son paddle au beau milieu du Doubs en pleine période de confinement...
 
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