Au CHRU de Besançon, sous l'impulsion du Professeur Régis Aubry, chef du service de gériatrie et de son équipe, une unité spéciale de soins palliatifs a été créée pour les patients qui ne peuvent pas être réanimés, mais qu'il faut accompagner avec humanité.
C'est une très dure réalité mais certains patients atteints d'une forme grave du Covid-19 ne seront pas réanimés. Soit parce qu'ils sont trop fragiles, soit parce qu'ils ont d'autres affections, des co-morbidités, qui ne laissent que trop peu d'espoir de survie. C'est une très dure réalité, mais à ce niveau de l'épidémie, les soignants doivent choisir car les moyens manquent.
Ces malades pris en charge dans l'unité de soins palliatifs sont pour la plupart condamnés, certains parviendront tout de même à s'en sortir.
Il ne faut pas oublier l'humanité, il faut leur offrir un accompagnement
C'est le crédo du Professeur Régis Aubry, chef du service de gériatrie du CHRU de Besançon et Président de l'Observatoire nationale de la fin de vie. Lui et ses équipes ont donc créé depuis quelques jours une unité spéciale Covid-19, un service totalement confiné avec des personnels soignants spécialisés dans les soins palliatifs. Là-bas, les soignants sont habillés de pied en cap avec des équipements de protection, ils ne travaillent pas plus de deux ou trois jours d'affilée, car malgré leur expérience, cette situation est inédite et met ces soignants à très rude épreuve. Pour l'instant, 17 lits sont installés, mais le Professeur n'exclut pas d'en augmenter le nombre. Les professionnels craignent une nouvelle vague de patients infectés par le covid-19, la semaine prochaine.
Parmi les patients de cette nouvelle unité de soins palliatifs, il y a des personnes âgées isolées, seules. "Elles ont besoin de contact, et puis il faut aussi traiter certains symptômes spécifiques" explique le le Professeur Régis Aubry, pour qui la fin de leur vie doit être la moins douloureuse possible. "C'est aussi une façon de soulager les personnels des urgences, des services de réanimation" estime ce spécialiste en gériatrie.
Accompagner aussi ceux qui restent
Exceptionnellement, la direction du CHRU accorde le droit de visite à un parent par jour. "Il y a aussi un risque pour les parents, les proches" rappelle le professeur : "il existe des deuils pathologiques, il y a aussi beaucoup de culpalité", certains se reprochant la contamination d'un proche. Le visiteur est pris en charge par les équipes pour l'équiper, et lui expliquer les bons gestes, une mission supplémentaire pour les équipes mais qui en dit long sur l'importance de ce contact. L'unité soins palliatifs covid-19 de Besançon, un service précurseur en France
Le Professeur Régis Aubry et son équipe sont les premiers à créer un tel service en cette période d'épidémie. Ils se sont servis des expériences de leurs collègues alsaciens, les ont analysés. L'unité covid-19 de soins palliatifs pourrait voir le jour dans d'autres hôpitaux.
Une situation difficile dans les Ehpad
Interrogé sur la difficile situation des Ehpad, le Professeur Régis Aubry estime qu'il y a un seuil de moyens en dessous duquel on ne peut pas assurer les soins de base, cela pourrait devenir de la maltraitance.En cause, le nombre déjà faible de soignants touchés par le covid-19 qui ne peuvent plus exercer. Le Président de l'Observatoire national de la fin de vie travaille avec des instances nationales sur cette question, notamment pour savoir quelle forme de solidarité pourrait être développée, sans pour autant augmenter le risque de contamination.
"Ma crainte est qu'on double le risque Covid avec le risque généré par le confinement, ajoute le Professeur. "Je pense à l'isolement des personnes touchées par les troubles cognitifs, elles méritent le respect", il faut pour le Professeur Régis Aubry continuer à faire attention à elles.
Pour aider les personnels de ces établissements, une équipe mobile de gériatre répond d'ailleurs à une ligne d'écoute, elle est très utilisée.