A partir du mardi 5 mai, le restaurant asiatique préparera des plats à emporter. Une réouverture, non sans appréhension, pour le gérant Sokha Ung.
« Cette réouverture, je l’ai prévue depuis deux semaines », déclare d’emblée Sokha Ung, gérant du restaurant. Côté sanitaire, les protections sont de mises : masques et gels hydroalcooliques deviennent nécessaires. « L’important, c’est de protéger mes salariés », reprend le patron. La majorité, cependant, est toujours en chômage partiel.Depuis le 14 mars, les néons de Chinatown sont éteints. Le restaurant emblématique des quais de Besançon a fermé ses portes, en raison du confinement. Une période difficile, qui s’allonge, pour les restaurateurs. Et pour Sokha Ung, la chute est rude : « C’est une grosse perte de chiffre d’affaires qui va se répercuter dans l’année ». L’avenir ? « Sans vacances pendant plusieurs années, répond le propriétaire, je vais devoir travailler encore plus. »
Mais l’activité doit continuer. « Je n’en peux plus de rester à la maison, sans rien faire ! », raconte Sokha Ung, rieur. « J’ai envie de revoir mes clients », lance-t-il. La reprise est d’autant plus difficile que les produits ont augmenté de prix pendant la crise sanitaire. Le gérant compare : « Pour un kilo de poivrons, j’en avais pour 4 euros. Aujourd’hui, je les prends à 6 euros. » Une hausse qui se voit dans les prix des plats : 20 centimes supplémentaires. Mais, le restaurant ne s’adresse pas aux plateformes de livraison comme Deliveroo ou Uber Eats : « Elles prennent 30% sur la facture, ce n’est pas raisonnable pour mes clients. »
« Des mails raciaux »
Une clientèle fidèle qui soutient le restaurateur. Car depuis ces dernières semaines, les posts à caractère raciste se font de plus en plus nombreux sur Facebook. « Des mails raciaux, comme "vous nous avez envoyé le coronavirus" », énonce-t-il. Des messages mêlant les origines du patron et la crise sanitaire pullulent sur les réseaux sociaux. Un déferlement de haine que connaissent beaucoup de Français d'origine asiatique.
Les discriminations, Sokha Ung les connaît depuis qu’il est petit, lui qui est né en France. « Je pensais qu’en 2020, on n’en parlerait plus, mais c’est peut-être encore pire aujourd’hui », confie-t-il. Pour rassurer les personnes frileuses à l’idée de manger des plats de Chinatown, le restaurateur le revendique : la plupart des produits viennent de France. La réouverture se fera donc avec cette crainte, celle des préjugés qui pèsent sur la communauté asiatique.