Le coureur néerlandais, quadruple champion du monde de la discipline, a annoncé sa venue lundi pour la manche finale de Besançon, déclenchant du coup un immense plaisir aux organisateurs, inversement proportionnel à celui de ses adversaires. Tous derrière et lui devant ? Certainement. Mais il y a quand même quelques raisons de penser que la roue pourrait tourner pour quelqu'un d'autre.
Dans le petit monde du cyclo-cross, le seul coureur capable d'empêcher une hégémonie belge est bleu-blanc-rouge. Oui. Mais à l'horizontale.
Et quitte à être le grain de sable, autant avoir la taille d'une montagne. C'est ce qu'est depuis quatre saisons le Néerlandais Mathieu Van der Poel, quadruple champion du monde de la spécialité, qui a remporté sur le circuit de Benidorm en Espagne le week-end dernier sa 32ème manche de coupe du monde.
Et la 33ème, il y a de fortes chances que cela soit sur le circuit de la Malcombe de Besançon que le petit-fils de Raymond Poulidor l'obtiendra. L'annonce de sa venue lundi, par son équipe, a été un mini-séisme sur la planète cyclo.
J'en rêvais d'un plateau comme celui-là. L'annonce de sa venue, lundi, aura vraiment été un grand jour.
Pascal Orlandi, organisateur de la manche de coupe du monde
Pour les suiveurs de la saison de cyclisme, la participation du Néerlandais à l'épreuve bisontine était une éventualité forte. Car à une semaine des Championnats du Monde, organisés à Hoogerheide, aux Pays-Bas, le 3 février, Van der Poel a besoin d'une course à haute intensité pour se préparer. Il avait le choix entre un Grand Prix Challenge en Belgique et Besançon, il a choisi le Doubs pour se mettre dans le dur, pour ainsi dire.
À Besançon, il va falloir pédaler pour gagner la bataille de la terre. Les conditions météo annoncées (froid et sec) vont obliger les leaders à faire la différence à la pédale, car il sera plus difficile de faire faux bond au peloton. Mais son finish tout en puissance en Espagne a montré que Van der Poel est en forme au bon moment.
"S'il est largement au dessus des autres, au niveau de la condition physique, il va falloir qu'il prenne ses responsabilités dimanche", explique Pascal Orlandi, le président du club de l'AC Bisontine, organisateur de l'épreuve. "Il sera seul contre tous, et devra éliminer à la pédale un par un les adversaires, alors que nous avons presque le plus beau des plateaux imaginables".
Le presque, c'est pour l'absence du meilleur ennemi de Van der Poel, le Belge Wout Van Aert. L'autre star du cyclo-cross, triple Champion du Monde et également terreur des routes, a terminé deuxième de la manche Espagnole et fera l'impasse sur Besançon.
Les Français Venturini et Doubey peuvent viser un Top 10
Mais pour les présents, c'est la crème de la terre, pour ainsi dire. Il y a évidemment le leader de la Coupe du Monde, le Belge Laurens Sweeck, sûr de remporter le classement final à l'issue de cette dernière manche (Van der Poel n'a pas couru les premières épreuves, car engagé sur les Classiques sur route). "Sweeck, c'est le pur spécialiste de cyclo-cross, très très régulier tout au long de la saison, il sera dans les premiers", note Pascal Orlandi. "Le candidat le plus redoutable devrait être le champion des Pays-Bas, Lars Van der Haar, qui a un départ très rapide et qui est une figure emblématique du peloton. Et puis aussi Eli Iserbyt, un autre Belge, qui a gagné les trois premières épreuves de la saison et qui sera un candidat sérieux."
Le public bisontin pourra aussi encourager le tout nouveau Champion de France, Clément Venturini, ainsi que son dauphin, le Comtois Fabien Doubey, qui connaît très bien le site et aura à cœur de briller devant son public. Les deux peuvent viser un Top 10.
Mais, incontestablement, la vraie vedette, la star que tout le monde voudra voir, sera bien Van der Poel. Les organisateur ont, à la hâte, ajouté un poster détachable dans le programme de l'épreuve, pour permettre aux fans de le rajouter à leur tableau de chasse. Le Néerlandais est également un booster de billets. Le double a déjà été vendu par rapport à l'année dernière, on devrait avoisiner les 8000 spectateurs à la Malcombe. Des Belges, des Néerlandais, mais aussi des Italiens, des Canadiens et des Américains.
"C'est énorme sa venue, conclut Pascal Orlandi. "Je passais des mauvaises nuits les jours précédents à attendre l'annonce, j'en passe des tout aussi mauvaises depuis. Car cela nous rajoute une vraie pression. Lundi, quand je leur ai appris la bonne nouvelle, les bénévoles sont tous repartis travailler avec le sourire. Et en mettant les bouchées doubles. Il faut que tout soit parfait pour que le Champion du Monde ne critique pas notre organisation".
On pourrait appeler ça le double effet Van der Poel. Le Néerlandais est attendu au tournant dimanche. Et aussi dans les escaliers terreux de la Malcombe. Ce sera un grand moment pour mal de gens. Et peut-être même pour lui, car il y a une 33ème victoire au bout du chemin.
