Covid-19 : Patients de plus en plus jeunes, hôpital plein, personnels éprouvés, le CHU de Besançon redoute la 3e vague avec inquiétude

Le Doubs avec un taux d’incidence de 409 nouveaux cas pour 100.000 habitants est le département le plus touché de Bourgogne-Franche-Comté. A l’hôpital Jean Minjoz, il n’est pas prévu d’ouvrir de nouveaux lits en réanimation. Direction et syndicats tirent la sonnette d’alarme.

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Troisième vague. Encore faudrait-il que la seconde ait eu la forme d’une vague. Depuis début novembre 2020, l’hôpital bisontin est sur un plateau qui n’est jamais descendu. 



Au 1er avril, 45 patients sont en réanimation à Besançon dont 36 pour des formes graves de covid. Le taux d’occupation en réanimation est de 115% dans le département du Doubs. La situation inquiète d'autant plus que le taux d’incidence continue à monter.

“Comment allons-nous pouvoir faire pour prendre en charge de nouveaux patients dans ces conditions-là ?”


“Nous sommes très inquiets, on attend cette troisième vague avec un stress à l’idée que nous ne pourrions peut-être pas prendre en charge tous les patients qui se présenteraient au CHU. Pourquoi ? Tout simplement parce que tous nos lits sont occupés par des patients covid et non covid. Aujourd’hui, l'hôpital est plein, et donc on se dit, comment allons nous pouvoir faire pour prendre en charge de nouveaux patients dans ces conditions-là ?” s'interroge Chantal Carroger, directrice du CHU de Besançon. Le CHU de Besançon dispose en temps normal de 40 lits en réanimation. En ce mois d’avril, il a monté son dispositif à 55 lits de réanimation plus 10 lits en soins intensifs. 

Nous avons à peine les personnels pour faire fonctionner les lits que nous avons

Chantal Carroger, directrice du CHU de Besançon


Augmenter le nombre de lits en réanimation comme l’a annoncé Emmanuel Macron ?

Une équation qui semble impossible à résoudre à Besançon. “Ce sont les ressources humaines qui risquent de nous faire défaut, que ce soit des personnels médicaux, non-médicaux. Aujourd’hui, nous avons à peine le personnel pour faire fonctionner les lits que nous avons, et donc nous ne pouvons pas augmenter notre capacité en lits” complète la directrice du CHU. 

Interview : Thierry Chauffour, Fabienne Le Moing, Lilia Aoudia

80% de variants anglais, des patients de plus en plus jeunes

Contrairement à la première vague, où l’activité autre que covid avait été mise en pause, les habitants du Doubs ont retrouvé le chemin de l'hôpital, fréquentent à nouveau les urgences, viennent se faire soigner, opérer. La peur du covid est passée. Elle s’est banalisée. Pour autant, des vies sont toujours en jeu dans les murs de l'hôpital de Besançon. “Sur le Doubs, on a quasiment plus aujourd’hui de souche initiale du virus et on est à plus de 80% de variant anglais, et on constate une modification du profil des patients admis en soins critique avec un grand nombre de cas en réanimation dans la tranche 40-50 ans” détaille le professeur Samuel Limat, président de la commission médicale. Certains ne souffrent d'aucune maladie grave ou comorbidité. 


Les soignants héros du printemps 2020 ne sont plus applaudis, mais fatigués

Du côté des syndicats, cette "troisième vague" est aussi redoutée. “La deuxième vague est arrivée, on était à 0 (lits de réanimation covid occupés, ndlr). Là, on est plein, on ne sait pas comment on va faire parce qu'on ne peut pas rouvrir des lits de réanimation, rouvrir des lits, c’est des agents derrière, des personnels qui sont épuisés. Il va falloir que le privé nous vienne en aide, que l’ensemble de la communauté médicale de notre territoire nous vienne en aide” s’inquiète  Marc Puyraveau, secrétaire CFDT santé CHU Besançon.

“On est monté à 96 lits de réanimation à la première vague, mais à quel prix, en déprogrammant des opérations… les agents, on les applaudissaient à la première vague, là on oublie un peu que depuis cette première vague, ils ont continué” ajoute le syndicaliste.

La direction du CHU n’exclut pas d’avoir à rappeler des personnels durant les vacances de Pâques si la situation devenait incontrôlable. Les enfants des soignants bénéficieront durant la fermeture des écoles et les vacances de Pâques d’un accueil organisé dans des écoles publiques de la ville comme lors des deux premiers confinements.

Autre paramètre pour l'hôpital bisontin, il doit faire face avec un taux d’absentéisme plus important que d’habitude. Il était de 8,7% en 2019. Il est monté aujourd’hui à 10% en moyenne, 12% chez les infirmières, 14% chez les aides-soignants, 15 à 16 % dans certains services, reconnaît la direction de l'hôpital.

Transferts de malades envisagés, à quand le prochain pic ? 

Pour faire face à la situation, le CHU de Besançon pourrait être autorisé à transférer des malades vers la Suisse. Les transferts intra-région sont possibles. La direction du CHU se dit très inquiète pour les 3 à 4 semaines à venir.  “On a une inquiétude, sur l’augmentation très rapide du taux d’incidence, quand l’incidence augmente rapidement, on sait que 15 jours plus tard, les entrées à l’hôpital augmentent" note le professeur Limat. Un patient reste en moyenne 10 à 12 jours en réanimation. Le variant anglais va-t-il changer la donne ?

“Ca fait un an qu’on est présent, la population, il faut qu’elle sache qu'on sera présent, mais qu’elle sache aussi à quel prix on sera présent” rappelle Marc Puyraveau, secrétaire CFDT santé CHU Besançon alors que les mesures de freinage sont élargies dès samedi 19 heures à toute la France.

Les beaux jours sont là, l’épidémie est encore bien présente, et les soignants sont toujours sur le pont. À Besançon, ils continuent à tenter de sauver des vies. Et d’entourer des familles en deuil. Le plus jeune patient décédé au CHU avait 25 ans, le plus âgé 99 ans.

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