Trois personnes comparaissent depuis ce matin devant le tribunal correctionnel. En octobre 2006, quatre personnes dont deux chirurgiens du CHU trouvaient la mort au décollage de l'aérodrome. Le procès doit durer toute la semaine.
Le résumé de la première journée d'audience
Un erreur de pilotage selon l'expert
L'avion a touché les arbres dans l'axe de la piste. Le vent étant faible, le décollage était possible.L'examen du pilote n'a pas mis en évidence la présence de produits illicites.
Le Bureau enquête accident envisage deux possibilités. Un manque de contrôle du pilote, inattentif et inexpérimenté. A cela s'ajouter une décision inapropriée de recherche de vitesse après le décollage sans prise de conscience des obstacles en bout de piste
L'expert judiciaire conclut :
Conclusion : la cause la plus probable de l'accident est une erreur de pilotage. L'avion aurait roulé trop longtemps sans prendre de la hauteur.L'accident pourrait résulter d'instructions improvisées et de manquements à la réglementation ; aucun pilote n'était conscient des contraintes d'obstacles de l'aérodrome"
Des professionnels du milieu aérien sur le banc des accusés
3 personnes sont mises en examen et suspectées d'avoir permis au pilote de prendre les commandes de l'avion sans avoir suivi les formations normalement exigées.
- le gérant de la société Flowair qui faisait travailler le pilote décédé dans le crash
- un employé de la DGAC (Direction générale de l'aviation civile) qui n'aurait pas vérifié la qualification IFR (instruments flying rules - vols aux instruments) du pilote
- un contrôleur aérien qui aurait validé le stage d'adaptation du pilote au sein de la compagnie
Le pilote n'avait pas la qualification pour voler de nuit sur ce type de vol
La qualification IFR (Instruments flying rules ) est une qualification qui autorise le pilotage d'aéronefs grâce aux instruments embarqués à bord. Ils permettent des vols sans visibilité, notamment la nuit.
Cette qualification est différente de la VFR (view flying rules) qui permet uniquement un pilotage à vue par conditions météorologiques sans visibilité, mais pas la nuit.
Maître Astrid Mignon-Colombet avocat du contrôleur aérien DGAC évoque la malhonnêteté du pilote de l'avion qui aurait présenté de faux documents, intercalaire photocopié. Une fraude pas repérable (selon son avocat), par le contrôleur aérien.
En fait le pilote disposait de la qualification IFR à titre privé mais pas au titre professionnel. Il ne pouvait en aucun cas voler dans ces conditions dans le cadre d'un vol professionnel.
L'avocat met aussi en évidence l'inaptitude du pilote à comprendre la langue anglaise. Une précision notifiée dans le dossier du pilote à Paris mais dont ne disposait pas son client, "simple contrôleur aérien occasionnel" en poste à Lyon au moment du crash.
Mon client ne disposait pas des éléments complets du dossier du pilote et ne pouvait réagir à des documents malhonnêtes et falsifiés, il n'aurait jamais dû apparaître devant ce tribunal"
affirme l'avocate
Maître Sébastien Busy est l'avocat de la partie civile, l'association des familles des victimes du crash de Besançon.
Les faux documents ne peuvent justifier les fautes de Mr Trouillet contrôleur aérien, car il n'a pas utilisé le matériel mis à sa disposition, son ordinateur par exemple, pour vérifier les dispositions réglementaires du pilote avant l'envol. Il n'y a aucune raison de mettre en cause la présence de cette personne devant le tribunal"
selon lui.
Le rappel des faits
Dans la nuit du 18 au 19 octobre 2006, une équipe médicale du CHU de Besançon s'envolait à destination d'Amiens. L'avion s'était crashé en bout de piste, tuant les deux médecins et les deux pilotes.Ils étaient médecins à l'hôpital de Besançon, spécialisés dans la greffe d'organes. Dans la nuit du 18 au 19 octobre 2006, ils devaient se rendre à Amiens, pour prélever un foie. Leur avion s'est écrasé en bout de piste, au décollage de l'aérodrome de La Vèze. Les deux médecins, ainsi que les deux pilotes, ont été tués.
10 ans après le crash, trois personnes comparaissent devant le tribunal de Besançon. La Justice leur reproche un certain nombre de négligences. Parmi elles : ne pas avoir détecté l'absence de qualification du pilote pour assurer un vol de nuit. Les trois prévenus encourent des peines allant de 3 à 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende.