A Besançon, la classe allophone du collège Diderot a participé à la construction, achevée ce mardi 13 juin d'une petite éolienne. Elle doit être acheminée en juillet puis montée sur place avec les enfants d'une école primaire sénégalaise. Objectif : produire de l'électricité et éclairer les locaux.
"Une fois, j'étais en Égypte, il y a eu un jour complet sans lumière. J'arrivais pas à faire mes devoirs, c'était difficile..." Ces mots sont ceux de Heba Abdelsayed, élève d'origine égyptienne, arrivée en France voilà quelques mois. Aux côtés de deux camarades, elle exprime avec un français déjà très correct sa scolarité pas toujours évidente, dans un pays où les coupures d'électricité peuvent être courantes. Autant dire que pour la jeune femme, ce projet d'alimenter une école sénégalaise en électricité est très concernant.
Au collège Diderot de Besançon, la construction de l'éolienne a été confiée à la classe UPEAA (Unité pédagogique pour élèves allophones arrivants), qui regroupe une trentaine d'élèves d'une quinzaine de nationalités différentes. L'objectif de cette classe est de pouvoir s'intégrer progressivement au système éducatif en apprenant la langue française. "Ils ne parlent pas français ou ils n'étaient pas scolarisés avant, c'est une phase de transition pour intégrer le cursus normal", a leur professeur de mathématiques, Nicolas Mouget à notre équipe Philippe Arbez et David Martin.
Quatre journées de travail concret
Un tel projet leur permet d'avoir un objectif concret à atteindre, avec une finalité qui a du sens : "Dès qu’on leur propose de se servir de leurs mains, de fabriquer un objet concret, ils voient le résultat, ils savent à quoi s’attendre, ils sont très enthousiastes", assure leur professeur. "Ils n'ont pas beaucoup accès à du manuel, il n'y a pas un garage de grand-père avec marteau et clous, ils sont très très preneurs d’expériences de bricolage."
Aller électrifier une école dans un patelin perdu du bout du monde, ça leur cause vraiment bien, car c’est un peu ce qu’ils ont vécu pour une partie d’entre eux.
Nicolas Mouget, professeur de mathématique au collège Diderot
Menuiserie, soudure, électricité, les élèves ont été sensibilisés à divers métiers pour accomplir la mission. En tout, quatre journées de travail ont été nécessaires pour achever un prototype ainsi que l'éolienne finale qui sera acheminée au Sénégal et montée lors d'un stage de 3 jours à partir du 14 juillet, en partenariat avec l'association pontissalienne "Il y a de l’électricité dans l’air".
22 éoliennes construites sur place en 10 ans
Créée en 2013 au collège André Malraux de Pontarlier, la petite équipe s'était donné pour but de monter une éolienne pour une école sénégalaise. Un atelier avait été monté sur place dès la première année, puis des stages franco-sénégalais ont été animés deux à trois fois par an avec des locaux. Depuis, 21 éoliennes ont ainsi été livrées sur place, ce sera la ving-deuxième, explique Pascal Rubiloni, président de l’association : "Ces écoles, on les a complètement électrifiées en 220 volts, on a aussi bien des prises électriques que de la lumière. Ça leur permet de recharger leurs portables, de faire fonctionner leurs imprimantes, etc"
-Carte des différents projets menés au Sénégal depuis 2013 par l'association "Il y a de l’électricité dans l’air"-
L'école concernée est celle de Mar Fafaco, dans les îles du Sine Saloum (voir carte ci-dessus). Sur place, quatre enfants sénégalais du village viendront apprendre à fabriquer une éolienne équivalente, pour ainsi permettre un transfert de technologie, souhait de l'association.