Anne Vignot, la maire de Besançon a pris un arrêté pour interdire aux poids lourds en transit dans la région de passer par la RN57 et d'autres axes routier de la ville, en espérant, par ricochet, les décourager d’emprunter la RN 83 pour éviter les péages de l’A39 et l’A36.
Sur le rond-point de Beure, c’est un balais incessant. Les poids lourds se succèdent, plus de deux par minute, toute la journée. A l'intersection de la nationale 83, qui relie Poligny à Besançon, et de la nationale 57, qui contourne Besançon et croise l’A36, avant de partir vers Vesoul et les autoroutes sans péages de Lorraine, ce rond-point est un nœud routier du réseau bisontin, où la circulation ne s’arrête jamais, et où les bouchons reviennent invariablement aux heures de pointes. Alors, pour tenter d’endiguer le phénomène, Anne Vignot, la maire de Besançon vient de prendre un arrêté interdisant aux poids lourds en transit dans la région d’emprunter la RN 57, et plusieurs autres axes routiers sur le territoire de sa commune. Quelques mètres seulement après la fin de la RN 83 à ce rond-point, les poids lourds concernés devront donc faire demi-tour. Seuls les camions dont le point de départ ou la destination se situe en Franche-Comté pourront emprunter cet axe routier majeur.
La circulation des véhicules de plus de 3,5 tonnes, en transit depuis et vers la RN 83 est interdite sur la RN 57 en agglomération, route de Dole RD 673, Route de Belfort RD 683, et les boulevards JF Kennedy, Winston Churchill et Léon Blum
Un arrêté bisontin et des effets espérés dans tout le Doubs
“C’est un bon signal” commente Sophie Montel, co-présidente de l’association Beure Respire, “ça fait longtemps que notre association demande la même chose au préfet pour la RN 83 à Beure”. Une demande évoquée avec la maire de Besançon, lors de leur dernière manifestation le 12 juin. Si celle-ci n’a pas de pouvoir sur la circulation dans la commune limitrophe, elle transforme avec cet arrêté, la RN 83 en impasse pour les poids lourds. “Quand on est dans la circulation le matin, on voit bien que les camions en forment une grosse partie, explique Sophie Montel, un camion, ça prend de la place aussi, comme trois voitures. Au feu de régulation, s’il y a trois camions, ils prennent toute la place.” Pour la co-présidente de Beure Respire, si le trafic des poids lourds n’est pas le seul problème routier de la commune, c’est une bonne initiative : “Si on décharge cette portion de route, on peut voir ce que ça donne pour la suite, et pour réfléchir au type d’aménagement qu’on doit faire”.
“C’est une très très bonne nouvelle” se félicite François Vacheresse, président de l’association Bonne route, qui réunit des habitants du Doubs riverains de la RN 83. Entre Poligny et Besançon, près de 9.000 véhicules empruntent cet axe routier chaque jour, dont plus de 2.000 camions. “Les systèmes de guidage indiquent que la RN 83 est plus intéressante pour les poids lourds”, rapporte-t-il. Alors, les poids lourds qui traversent le pays du sud au nord, "quittent l’A36 à Ecole Valentin [dans l’agglomération de Besançon ndlr], et reprennent à l’A30 à Bersaillin, après Poligny”, économisant quelques kilomètres, et surtout des droits de péage. Les habitants des petits villages le long de la nationale voient ainsi chaque jour défiler des camions immatriculés en Lituanie, Roumanie, et même en Russie. “Ça représente des nuisances énormes” se lamente le président de Bonne route. Risque d’accident, nuisances sonores et pollution altèrent le quotidien des habitants. “Pour nous, les poids lourds qui vont du nord au sud de l’Europe doivent passer par l’autoroute”, affirme-t-il. D’autant plus que les virages et passages dans des communes de la nationale coûtent, celui-ci, cher en carburant. L’association essaie d’ailleurs de convaincre des transporteurs de changer leur itinéraire.
Arrêté domino ou décision éphémère ?
Les deux associations sont d’accord : si leurs représentants se réjouissent de cet arrêté de la ville de Besançon, il faudrait qu’il soit suivi d’autres. “C’est ce qu’il faut faire de manière globale sur le territoire Poligny-Besançon, affirme Sophie Montel, on voudrait que ce signal donne des idées à d’autres, comme le nouveau préfet du Doubs, ou celui du Jura, qui ont la main sur ce type d’arrêtés.” Du côté de l’association Bonne route, on espère que l’initiative bisontine fera des petits : “on va réunir les maires des villages traversés par la RN83 pour qu’ils prennent les mêmes types d’arrêtés”. Plusieurs d’entre eux seraient déjà intéressés.
Mais l’arrêté d’Anne Vignot pourrait être éphémère : si le préfet du Doubs décide de le contester devant le tribunal administratif, il pourrait être annulé, la RN 57 étant un “axe à grande circulation”, sur lequel il a compétence.