EN IMAGES. "C'était du 4 étoiles !" : à quoi ressemblait une maternité flambant neuve en 1973

Les travaux de démolition de l’ancienne maternité de l’hôpital Saint-Jacques à Besançon (Doubs) débutent symboliquement ce samedi 25 mai 2024. Durant près de 40 ans, plus de 90.000 bébés y sont nés. À son ouverture, la maternité était des plus modernes. Retour… vers le passé.

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1ᵉʳ mars 1973. C’est le grand jour. Jean Minjoz alors maire de Besançon, inaugure la toute nouvelle maternité située près du pont Canot, à la place d’un ancien jardin botanique. Le bâtiment en U de trois niveaux succède à l’hôtel de Montmartin rue de l’Orme de Chamars. Construit sous la Renaissance pour la sœur du Cardinal de Granvelle, l’hôtel particulier comptait encore 54 lits dans des chambres de communes, parfois six mamans dans une même pièce. Le lieu était trop devenu trop petit, vétuste. En 1972, près de 3.000 naissances y ont encore lieu.

Du confort pour les mamans

Grâce au CHU de Besançon, et les archives de l’INA, l’institut national de l’audiovisuel, nous avons pu retrouver quelques documents de l’époque.

En 1973, la nouvelle maternité dispose de 88 lits de gynécologie et obstétrique, 60 lits de pédiatrie. Elle forme aussi les futures sages-femmes de Franche-Comté.

Les chambres sont pour la plupart double, quelques-unes seulement sont individuelles.

Jacqueline Baulard, ancienne surveillante chef de la maternité, n'a rien oublié de cette époque. "On est passé en 1973 d'un hôtel Formule 1 à un quatre étoiles" raconte-t-elle à France 3 Franche-Comté.

Je me souviens être allé faire les grands magasins à Dijon pour acheter de la décoration pour les chambres. Dans les frigos, on avait même du champagne que l'on vendait à prix coutant pour que les parents fêtent les naissances. 

Jacqueline Baulard, ancienne surveillante chef de la maternité

Grande révolution, les jeunes mamans ont même la télévision à disposition dans les chambres ! “80 % des jeunes ménages disposent en France d’un téléviseur. Il eut été inconcevable d’en priver la jeune femme au moment même ou sa noble fonction lui donnait droit à ce confort si répandu” peut-on lire dans le magazine "Hermès", le magazine du CHU à l’époque en 1973.

À l’époque, vous l’aurez compris, la femme n’a pas la place, ni les droits qu’elle a aujourd’hui. Le téléviseur par câble va même permettre dans la nouvelle maternité de diffuser tous les jours à 11 heures des programmes éducatifs pour apprendre aux mères à s’occuper de la santé de leur bébé. Une première alors en France détaille la revue.

Pour le confort de ces dames, le site propose un salon de coiffure, et une assistante sociale. Et même un salon bibliothèque.

Des équipements dernier cri pour les médecins, sages-femmes

Si aujourd’hui ces équipements auraient leur place dans un musée, à l’époque, La Mère et l’Enfant c’était en 1973 le modernisme ! Des salles d’accouchement insonorisées, climatisées avec des lits à commandes électriques, des équipements pour réanimer les nouveaux nés, une biberonnerie automatique, des appareils pour suivre les contractions utérines, les battements de cœur du bébé ou l’état du sang fœtal… La Mère et l’Enfant marque un pas vers une meilleure prise en charge des femmes et des naissances. "Le professeur Colette était un grand patron. On a pris le train des innovations médicales, échographies, PMA..." ajoute Jacqueline Baulard.

En 1973 à Besançon, on avait la musique dans les blocs opératoires. On était au top. On ne pouvait pas rêver mieux. La maternité de Besançon a toujours été en pointe.

Jacqueline Baulard, ancienne surveillante chef de la Mère et l'Enfant

On vient alors de toute la Franche-Comté pour y mettre au monde son enfant. La Mère et l’Enfant est un lieu qui a marqué les familles. Dans cet article, vous nous avez d’ailleurs confié vos souvenirs, heureux comme plus tristes.

La maternité n’est pas qu’un monde en rose et bleu. Avec les naissances, la Mère et l’Enfant a connu aussi des accouchements sous X, des bébés morts nés et les IVG après le vote de la loi Weil. "Même si officiellement, au début, à La Mère et l'Enfant, il n'y en avait pas" se souvient Jacqueline Baulard. 

Celle qui a travaillé jusqu'en 2002 à la Mère et l'Enfant ne se dit pas du tout nostalgique des lieux. "Je suis navrée que ce bâtiment soit abattu. Il a 50 ans, on aurait pu en faire quelque chose. J'y ai passé de très bons moments. Le site était grand. J'arrivais à faire 15 à 20 km par jour !" se souvient Jacqueline Baulard.

Une sculpture qui a fait aussi l’histoire de ce lieu

Les plus anciens d’entre nous s’en souviennent. Devant la maternité, trônait une sculpture signée Bernard Jobin. Le jeune artiste comtois avait donné vie à une sculpture de 4,70 mètres de haut, de près d’une tonne. Avec des feuilles de cuivre et des milliers de points de soudure, il avait créé son œuvre.

“La mère et l'enfant” avait été inaugurée en 1973 par Simone Veil, alors ministre de la Santé. Lorsque la maternité de Chamars a fermé en 2012 pour être transférée au CHU Minjoz, l’œuvre a suivi. Elle se trouve désormais devant l'entrée de l'hôpital Jean Minjoz depuis novembre 2013.

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