Les factures d'énergie peuvent être un véritable gouffre financier pour les foyers, et en particulier les plus modestes. Depuis 10 ans, la Ville de Besançon tente de lutter contre la précarité énergétique. Avec les hausses récentes des prix, la collectivité a décidé de renforcer ce service pour mieux aider les familles les plus précaires.
Vous n’êtes pas sans savoir que le prix de l’électricité et du gaz ont augmenté. Entre janvier et septembre 2021, le prix du gaz a augmenté de 60 %, puis de 12 % en octobre de la même année. Le 1er août, une hausse du tarif régulé d’EDF de l’électricité est prévue. Elle sera de 10% en raison notamment de la fin progressive du bouclier tarifaire.
Depuis 10 ans, la Ville de Besançon lutte contre la précarité énergétique avec le projet d’action Slime. Ce dispositif vise à massifier le repérage, l’orientation et l’accompagnement des ménages en situation de précarité énergétique. Il s’adresse à tous les ménages aux revenus très modestes (seuils Anah), quel que soit leur statut d’occupation. Le Slime s’appuie sur le pouvoir d’agir des ménages en instaurant une relation de confiance et en leur permettant de reprendre en main les questions d’énergie dans leur logement. Selon la CGT, 13 millions de personnes sont en précarité énergétique en France.
Accompagner le public en risque de précarité énergétique
En 2022, la Ville a aidé une centaine de familles et a pour objectif de doubler ces chiffres durant l’année à venir. Si pour l’heure, Nathalie Faure est la seule chargée de "visite précarité énergétique" à Besançon, la municipalité tient à renforcer son service en embauchant deux nouvelles personnes.
Le rôle de Nathalie est d’abord de repérer le public touché par la précarité énergétique. Durant sa première visite au domicile, elle installe gratuitement du petit matériel économe comme des ampoules LED, de mousseurs d’eau, un thermomètre et hygromètre d’ambiance, un thermomètre de frigo, des multiprises avec interrupteur, des joints de porte et de fenêtre, des rideaux thermiques, entre autres. Sans oublier l'apprentissage des éco-gestes.
Un mois plus tard, Nathalie Faure se rend chez Mme Ba, locataire du parc social qui habite seule avec son fils en bas âge. Elle a pu profiter des conseils en éco-gestes, dans l’optique de faire des économies d’énergie. "Dans mon loyer, j’ai droit à une consommation d’eau de 3m3 maximum par mois. Mais je dépassais toujours ce seuil, et je devais toujours payer un supplément. Je ne comprenais pas pourquoi. Mais depuis le passage de Nathalie, je ne dépasse plus", se réjouit la jeune femme, son enfant dans les bras.
Les éco-gestes pour réduire la facture
En effet, Mme Ba est passée d’une consommation de 3 à 4€/jour d’électricité à moins de 1€/jour et de 8m3/mois à 3m3/mois (ndlr ce qui est la moyenne pour une personne seule). "Par exemple, avant, je prenais des douches de 20/25 minutes, je ne m’en rendais pas compte. Depuis qu’elle m’a donné un sablier de cinq minutes, j’ai vraiment fait des économies."
Ce n’est pas le seul éco-geste que la jeune femme a adopté. Ne pas faire tourner sa machine à laver en même temps qu’elle cuisine, couper les multiprises lorsqu’elle a terminé d’utiliser un appareil… autant de gestes qui paraissent simples qui permettent de réduire la facture.
"Nos conseils lui ont vraiment servi, et elle le remarque sur les compteurs", se félicite Nathalie Faure. "Même si on installe du matériel économe, la mise en pratique des éco-gestes est le plus gros du travail des ménages. On essaie d’adapter l’accompagnement à la personne et à sa façon de vivre. On effectue un accompagnement personnalisé pour avoir le meilleur résultat", complète-t-elle.
La rénovation énergétique, une priorité
Si les éco-gestes, comme réduire le temps de douche, équiper ses luminaires d’ampoules LED, réduire le chauffage à 19 degrés, permettent de réduire les factures, la rénovation énergétique reste la priorité.
L'autre cheval de bataille de la municipalité est d'inciter les familles à isoler leur logement. Direction Velotte, chez Manuelle Mayot, mère célibataire de trois enfants. Quand elle a acheté sa maison en 2021, elle n'avait qu'une vague idée de ses futures factures mensuelles de chauffage. "On était proche des 400 euros, alors qu’on réglait le chauffage à 16 degrés, donc il fallait faire quelque chose". "Je savais qu’il y aurait des travaux à faire, mais je ne savais pas quoi. C’est pourquoi j’ai demandé un audit énergétique", déclare la mère de famille au micro d’Isabelle Brunnarius.
Le simple fait d’imaginer les différentes aides possibles, avec les différents partenaires, Manuelle n’y voyait pas très clair. Avec l'aide d'un thermicien de l'association Julienne Javel, elle a pu faire de sérieuses économies. "On sait vers quelles aides on peut aller. Ça permet d’avoir une idée réelle du projet et de son coût", explique-t-elle. Pour avoir recours à un thermicien, il faut s’adresser à la maison de l’habitat du Doubs.
75 % de gain énergétique et une facture quasiment divisée par trois
Dans le projet de rénovation énergétique de Manuelle Mayot, "on est à 2/3 d’aides sur le budget global de travaux pour 75 % de gain énergétique, avec une facture quasiment divisée par trois", affirme Franck Koch, responsable technique à l’association Julienne Javel. Au final, il ne restera qu'à payer un tiers des 50 000 euros de travaux, et les 2/3 seront prises en charge par l'État, la Région, le Département et le Grand Besançon. Ces travaux couvrant les travaux d’isolation des combles, de la cave, le changement de chauffage, ainsi que l’agrandissement de sa maison.
Ces financements dépendent des revenus fiscaux de référence du foyer. "À partir de cette feuille d’imposition, on prend en compte le nombre d’occupants et il va y avoir différents seuils. Le montant des aides va dépendre de ces différents paliers", explique le technicien.
Mais faut-il être dans une précarité pour pouvoir bénéficier d’aides pour un projet de rénovation énergétique ? La réponse est non. "Dès que l’on a un projet de rénovation énergétique, il y a premier lieu à consulter : les espaces conseils France Renov’, soit la Maison de l’habitat du Doubs", explique-t-il. S'ensuit un accompagnement administratif et technique sur les travaux.
(Avec Rémy Poirot et Isabelle Brunnarius)