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CLIMAT. "Tout le monde a compris qu’on devait changer de modèle énergétique" : différents secteurs se mobilisent pour se détacher des énergies fossiles

Jérémy Chevreuil présente l'émission Enquêtes de Région du 12 avril, intitulée "Courants alternatifs, le nouveau souffle ?".

La région Bourgogne-Franche-Comté accuse un retard dans le développement des énergies renouvelables par rapport à d’autres territoires en France. L'émission Enquêtes de Région a rencontré ceux qui se mobilisent pour changer de modèle.

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Sera-t-il possible de tourner un jour le dos aux énergies fossiles ? Le pétrole et le gaz existent en quantité limitée, et participent activement au réchauffement climatique. Au-delà d'un recours massif au nucléaire dont la sécurité et la gestion des déchets pose encore question, d'autres alternatives durables existent. L'émission Enquêtes de Région a rencontré les acteurs de différents secteurs, des particuliers, mais également des municipalités.

Le rude hiver des entreprises

La crise énergétique a bouleversé la vie de Pierre Chalançon. Il y a quelques mois, il se levait aux aurores pour réaliser son rêve, celui de devenir boulanger. Avec la flambée des prix de l’électricité, il est désormais intérimaire, car il a dû fermer sa boutique. Il part toujours de chez lui très tôt, mais s’il prend sa voiture tous les jours à 4h du matin, c’est parce qu’il travaille à présent en trois-huit.   

Vous quittez un métier qui vous passionne, à vous retrouver dans une usine, sans être péjoratif. Vous êtes plus responsable de vos projets, vous êtes plus maître à bord, c’est plus vous qui tenez la barque en fait. C’est une grosse remise en question.

Pierre Chalançon, ancien boulanger

La vie à l’usine est devenue le quotidien de ce passionné, qui avait ouvert sa boulangerie en juin 2022. Six mois jour pour jour après l’ouverture de la boulangerie varennoise à Varennes-lès-Mâcon, Pierre Chalançon a dû fermer face à la pression des charges qui explosaient. Son commerce devait lui couter 11 000 euros d’électricité par an : en deux mois, il a dû payer 9 738,10 euros. La crise a mis en difficulté de nombreuses entreprises, quand elles n'ont pas baissé le rideau. Celles qui ont résisté s'adaptent et cherchent de nouvelles solutions.

À Longvic vers Dijon, on a décidé d’organiser l’activité sur 4 jours par semaine, pour que les machines consomment moins. Et cela fonctionne : la facture d'énergie a baissé de 33 %.  Les salariés travaillent une heure de plus chaque jour, mais soulignent le confort de vie qu’ils ont gagné. Après 6 mois d’expérimentation, la direction a décidé de prolonger les tests 6 mois de plus, pour voir si cette expérimentation est durable. 

Reportage : V. Chatelier, D. Segal, A. Douay, R. Liboz, P. Sabatier, S. Verrier

Énergies renouvelables, le parcours d’obstacles

Il reste encore beaucoup à faire pour développer les énergies renouvelables, en s'appuyant sur le solaire, l'éolien et l'hydroélectricité, pour devenir une région à énergie positive d'ici 2050. Mais les freins à ce développement sont également nombreux. Ils sont techniques et financiers, mais aussi administratifs.

Aujourd’hui le développement des énergies renouvelables ne va pas de soi, parce que ça nécessite de changer de modèle. Donc on essaye d’adapter des choses au fur et à mesure, en matière de financement, en matière de taxation, en matière de production. Tout ça est en train de se chercher.

Jean-Pierre Lestoille, directeur de la DREAL Bourgogne-Franche-Comté

La région Bourgogne-Franche-Comté a des objectifs spécifiques à atteindre pour réduire les gaz à effet de serre. L'hydroélectricité doit légèrement augmenter, la méthanisation en revanche doit augmenter trois fois plus, mais la région accuse son plus grand retard avec l'énergie solaire, qui doit être multipliée par 6.

Comment y parvenir ? À Marnay en Haute-Saône, le barrage appartient au syndicat qui gère les milieux humides d'une partie de la rivière. Il y a 15 ans, les élus ont eu l'idée de produire de l'électricité verte avec la force de l'eau. Le projet pourrait être voté en 2023, mais son coût risque d'être un frein : 2 millions d'euros sont nécessaires à la réalisation du chantier.

Aujourd’hui, il faut trouver des nouvelles technologies, il faut changer nos habitudes, tout en associant l’environnement.

Yves Marchiset, directeur du syndicat mixte SMABVO

Dans cette commune, le moulin est associé à l'énergie photovoltaïque, il existe une chaufferie au bois, et le projet de microcentrale hydraulique sur l’Ognon serait l'aboutissement de tout cet investissement humain. Cette dernière aura pour ambition de couvrir l’électricité hors chauffage de 480 foyers de Marnay en vendant son énergie à EDF. Le coût initial pourrait être un frein au projet, mais son amortissement se fera sur 12 à 15 ans. Le dernier obstacle se trouve dans le mode de décision, qui repose entre les mains des élus de la communauté des communes du Val Marnaysien : 45 personnes votent pour engager ou non le projet.
Reportage : I. Brunnarius, L. Brocard, E. Blanc, D. Robbe, A. Viloin, F. Parnet, M-P Goisseaud

Les maisons passives, un investissement pour l’avenir

Ce type de construction fait son chemin en Bourgogne-Franche-Comté. Jacques a emménagé dans sa maison passive il y a 5 ans à Auxonne, en Côte-d'Or. Dans son cocon, on ne trouve ni radiateurs, ni climatisation. Tout est pensé pour optimiser l’énergie naturelle. Orienté sud, son logement s’adapte aux saisons : l’hiver, il exploite les rayons du soleil, mais s'en protège l'été grâce à des stores. Son étanchéité et son isolation par l'extérieur évitent les fuites de chaleur quand il fait froid et maintiennent la fraîcheur quand il fait chaud.

À l'achat, il faut compter 10 à 15 % de plus dans son budget pour la construction d'une maison passive. Ce surinvestissement devient intéressant au fil des années, grâce à la baisse des frais en matière d'énergie. Le marché s'est développé : de plus en plus de constructeurs sont disposés à répondre aux nouvelles attentes des particuliers. Dans un cabinet d'architectes dijonnais, Pierre-Étienne James nous explique les plus d'un tel investissement.

Les choix qu’on fait au moment de la conception, et bien, ils peuvent être encore "rentables" 20 ans, 30 ans après, et c’est là tout l’intérêt de légèrement surinvestir dans une maison passive. Il faut essayer de penser aussi à ces hausses d’énergie, à ces hausses du coût de la vie, car c'est des choses que l'on constate.

Pierre-Étienne James , architecte à l'agence d'architecture et d'urbanisme Topoïein Studio

Des maisons qui permettent de vivre en adéquation avec son mode de pensée, tout en sortant des énergies carbonées. La demande pour la construction est forte, mais une clientèle se développe également pour la rénovation de maisons existantes, anciennes ou mal isolées. Face à la hausse des prix de l’énergie, la place accordée aux maisons passives dans les années à venir risque d'évoluer. À ce jour, ce type de construction encore peu fréquente en France ne dispose d’aucune aide de la part du gouvernement. Au Luxembourg, le passif est depuis 2017 un standard obligatoire pour toute nouvelle construction.
Reportage : G. Desmalles, D. Segal, C. Ngoc, P. Genevois, E. Picaut, A. Tock

L’hydrogène, technologie du futur ? 

L'hydrogène est déjà présent dans notre quotidien. En Bourgogne-Franche-Comté on le retrouve au cœur du secteur des transports, mais depuis quelques années ce gaz apparaît comme une alternative pour décarboner notre industrie ou encore stocker notre électricité. Des bus à hydrogène sont en circulation à Auxerre, et des véhicules conçus pour les ports et les aéroports sont fabriqués à Héricourt, près de Belfort.

Fournir de l’énergie sans polluer ou presque, c’est la qualité de l’hydrogène. L’état met sur la table 9 milliards d’euros pour financer les innovations de la filière, avec en ligne de mire la neutralité carbone d’ici 2050. Dans les projets d’envergure sur cette énergie, on compte celui mené par l’université de technologie de Belfort-Montbéliard. Avec ses chercheurs, l’université travaille sur l’hydrogène depuis 20 ans. Le projet " Belfort e-start" a pour ambition de créer la première et la plus grande communauté d’énergie renouvelable dans le secteur tertiaire à l’échelle d’un quartier.

Du côté des particuliers, les recherches avancent également. Le village de Badevel, à une vingtaine de kilomètres de Belfort, s’est transformé en laboratoire sur les énergies depuis quelques mois. Le maire de cette commune de 800 habitants est chercheur et ingénieur à l’UT de Belfort et a pour ambition de rendre sa commune autonome en énergie. L’hydrogène seul ne fera pas sa révolution, mais il est un élément essentiel pour un avenir plus sobre en énergie, et moins polluant. 
Reportage : A. Sillans, E. Debief, F. Le Moing, P. Corne, K. Monnin, R. Bolard, P. Bourgeois, D. Robbe

Jérémy Chevreuil présente l'émission Enquêtes de Région intitulée "Courants alternatifs, le nouveau souffle ?". Elle est diffusée sur les antennes de France 3 Bourgogne-Franche-Comté le mercredi 12 avril dès 23h, et à retrouver en avant-première sur France.tv.

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