Fabrice Ferez, le hautboïste de Besançon, continue de déclarer son amour baroque pour le compositeur allemand Georg Philipp Telemann

Le soliste de l'Orchestre Victor Hugo Franche-Comté propose un deuxième album dédié au compositeur allemand Georg Philipp Teleman. Des fantaisies et des canons qui sonnent comme d'éternels hits de la musique baroque.

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On a tellement plus l'habitude de l'entendre surgir du milieu de l'orchestre au détour d'un concerto qu'on en oublie parfois que le hautbois dispose d'une impressionnante palette de sonorités. 

C'est cette envie de le faire briller qui pousse Fabrice Ferez à enregistrer régulièrement des récitals dans lesquels son instrument fétiche tire son épingle du jeu. En ce début du mois de mai, le musicien de l'Orchestre Victor Hugo Franche-Comté a sorti le deuxième tome de ses enregistrements dédiés à cette star du baroque. 

Quel est votre rapport avec Telemann ? Pourquoi lui donner autant de place dans votre travail ?

Telemann est un graphomane de la musique. Il a écrit plus de 6000 œuvres. On le voit donc parfois comme un compositeur à succès, l'un des trois plus connus au niveau européen dans la première moitié du XVIIIème siècle, mais aussi comme un artiste un peu officiel et routinier. En fait c'est tout le contraire que l'on découvre dans le cycle des douze fantaisies.

C'est une musique pleine d'imagination, parfois de folie qui se développe ultra rapidement à la manière d'une improvisation de jazz. Il n'y a pas une plage du disque qui dépasse le temps d'une chanson à l'exception bien sur de la Chaconne de Bach.

C'est le deuxième disque de ses "Fantaisies et Canons" que vous sortez. Le premier a connu un bon succès critique. C'est ce qui vous a convaincu d'enregistrer à nouveau ?

Le succès critique a été incroyable pour le premier volume mais j'avais dès le départ dans l'idée de faire l'intégrale des douze fantaisies en deux disques. Je sais aussi que, si le son du hautbois est prenant et unique, il peut être un peu lassant pour l'auditeur sur la durée d' une heure de solo. L'idée était donc de couper en deux en apportant des compléments à plusieurs voix en utilisant la technique du re-recording et de surprendre ainsi l'auditeur avec des propositions audacieuses.

Comment s'est fait le choix des six nouvelles Fantaisies et des deux canons ?

Telemann a classé les douze fantaisies dans l'ordre des tonalités usuelles de la flûte traversière pour lesquelles elles sont initialement composées. J'ai trouvé intéressant de proposer un ordre différent, moins technique que musical, qui favorise les contrastes entre pièces mélancoliques et jubilatoires, mineures et majeures.

Pour les canons, l'idée est de donner un aspect participatif au projet. Il y a sur le CD la partition en PDF et on trouve en fin d’enregistrement les playback qui permettent à qui le veut, étudiants ou musiciens amateurs, de jouer avec moi au hautbois, mais aussi au violon, à la flûte, au piano etc...

La performance de compositeur de Telemann est ici incroyable, chaque pièce est une véritable sonate en trois mouvements avec une seule ligne musicale qui est conçue pour se superposer à elle-même de manière harmonieuse avec un décalage de une à quatre mesures: du grand art !

Vous nous proposez également une version de la Chaconne de Bach. Une œuvre pourtant plus calibrée pour du violon. Cela a été aisé de retranscrire pour votre hautbois ?

Jouer la Chaconne au hautbois, c'est un peu comme tenter de gravir l'Everest sans oxygène ! C'était un pari un peu insensé mais cette pièce est tellement incroyable!

Bach l'a composée en découvrant la mort de sa première femme alors qu'il rentrait chez lui après une période de tournée. L’œuvre est  un monument pour les violonistes, elle tisse une série de variations sur la base d'un choral de Pâques que tout les protestants de l'époque chantaient. Bach cite de manière explicite ou cachée une dizaine d'autres chants religieux construisant ainsi un tombeau majestueux et lumineux pour l'être aimé.

J'ai imaginé une version pour deux hautbois et cor anglais pour faire entendre encore mieux cette polyphonie. Bach adorait le son du hautbois qu'il a utilisé dans sa musique comme l'instrument de la plainte et de la consolation. Il a fallu ensuite enregistrer et monter complétement les trois voix dans mon salon pour pouvoir réaliser les séances du disque de manière pleinement musicale dans la magnifique salle des actes du collège Victor Hugo à Besançon.    

Quels sont les prochains projets qui vous animent ?

Dès la semaine prochaine nous répétons un magnifique programme avec l'Orchestre Victor Hugo que nous sonnerons à Besançon le 2 juin et à l'auditorium de Dijon le 15 juin avec la sublime 4ème symphonie de Mahler.

Et puis du 3 juin au 10 juillet je serai, avec Dominique Miton et Georges Denoix, à la barre du 16ème festival de musique de chambre TETRAKTYS qui parcourra la Franche-Comté d'Ornans à Marast. Côté disque, il y a un nouveau récital en préparation avec mon ami suisse Marc Pantillon autour de la musique considérée par les Nazis comme "dégénérée" .

Je m'investis de plus en plus dans la composition. Après la création de ma première pièce d'orchestre en mars avec Isabelle Druet en soliste, il y a deux contes musicaux sur la table de travail, l'un sur la vie de Telemann pour l'ensemble baroque "Les timbres", l'autre "l'impératrice et les musiciens" pour mon orchestre. 

  

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