Plusieurs siestes musicales sont organisées dans les Hauts-de-France. Ces concerts atypiques séduisent. Nous avons assisté à une représentation à Saint-Quentin, dans l'Aisne.
La lueur du jour caresse leurs visages. Ici, pas besoin de pénombre, mais seulement de fermer les yeux et de s'installer confortablement. Sous leurs plaids ou leurs bonnets, allongés dans un transat, une dizaine de personnes se laisse doucement glisser vers la sieste. Un moment de quiétude qui s'accompagne d'un fond sonore.
À l'école des arts de Saint-Quentin, dans l'Aisne, une sieste musicale est proposée. Le temps d'une journée, une expérience immersive alliant relaxation et exploration sonore est initiée. "C'est une musique qui n'est pas là pour raconter quelque chose. Elle n'est pas dans la narration, mais dans la description", détaille Raphaël Foulon, l'artiste.
La musique emmène dans un monde, où la pensée peut s’arrêter, où le rêve peut surgir.
Raphaël Foulon, artiste Les cocons électroniques
Après 35 minutes d’une parenthèse de sérénité, les yeux s’ouvrent, les corps s’étirent et les émotions parlent. "Il y a à la fois des sensations de relâchement, d'apaisement et en même temps, parfois, il y a comme des courants qui traversent le corps et qui fluctuent", raconte l'une des participantes. "C'est la configuration qui est originale et les sons, j’ai vraiment beaucoup voyagé", surenchérit une autre.
Raphaël Foulon, 35 ans, est artiste vidéo et musicien basé à Lille. Il a lancé son concept Les cocons électroniques pendant les confinements : "Ça me faisait beaucoup de bien et je me suis dit que ça ferait du bien aux autres si je partageais ma musique." Les premiers concerts ont débuté à l'été 2021.
Pour composer ses créations, l'artiste puise dans son expérience et ses explorations sonores. Un voyage au gré de deux instruments : "D'un côté, on a le synthétiseur qui crée des sons très éthérés et des sons qui n'ont pas forcément d’ancrage dans le monde réel. De l'autre, on a le violoncelle qui rappelle quelque chose de plus traditionnel au niveau de l’instrumentation. J'aime bien travailler sur cette tension entre ces deux mondes."
Ancien chercheur dans l'informatique musicale, il modifie et "bidouille ses outils" : "Il y a un gros travail de réamplification. Il faut trouver des processus sonores pour que les notes durent et se déploient dans l'espace."
Des siestes musicales partout dans les Hauts-de-France
Tous les mois, Raphaël effectue entre deux et trois représentations. "Ça fonctionne très bien sur le public adulte. Avec les enfants, ça passe ou ça casse. C'est un public très exigeant. Il faut trouver des parades, avec des couleurs notamment, pour les captiver."
Les clients sont donc divers et les lieux aussi : collectivités, musées, festivals, médiathèques... Récemment, en octobre 2024, il s'est produit dans l'église Sainte-Marie-Madeleine à Lille : "Outre le cadre, l'acoustique était vraiment incroyable."
En 2022, le musicien a joué sous la grande verrière au 5e étage du Frac à Dunkerque : "On était baigné de soleil. C'étaient des conditions inspirantes qui nourrissent la musique."
Plusieurs dates sont d'ores et déjà prévues dans les Hauts-de-France. Samedi 23 novembre, Raphaël Foulon sera au bus magique à Lille, une péniche associative.
Avec Camille Di Crescenzo / FTV