À partir de ce lundi 14 novembre, les syndicats de biologistes appellent à une "grève illimitée" des laboratoires d'analyses médicales. Fin septembre, le gouvernement qui prépare le budget de la Sécurité Sociale pour 2023 leur demande de faire 250 millions d’économies. Un coup de rabot qui ne passe pas.
À Besançon dans le Doubs, devant ce laboratoire CBM 25, les patients trouvent la porte close ce lundi 14 novembre. Une affiche les informe du mouvement de grève. “Je suis venue pour une analyse de sang, je vais devoir revenir” réagit un monsieur âgé. Plus agacé, ce patient : “Je dois me faire opérer mercredi, j’ai absolument besoin d’un test PCR avant d’aller en chirurgie !”.
Dans ce labo, les portes sont closes, mais les urgences restent assurées notamment pour les patients atteints de problèmes cardiaques, les chimiothérapies et les analyses pour les cliniques ou celles emmenées par les infirmières à domicile.
Pourquoi le gouvernement veut-il des économies dans les laboratoires ?
Plus les malades font des analyses, plus la Sécurité Sociale rembourse d’actes. Les labos sont donc appelés à s’organiser pour faire baisser la note. Invité de franceinfo le 13 novembre, François Blanchecotte, président du syndicat des biologistes estime que "le gouvernement veut baisser les actes courants alors que nous considérons qu'à situation exceptionnelle de Covid-19, nous devons rendre sur le Covid-19 et non pas sur les actes que nous prescrivent les médecins tous les jours", proteste le président du syndicat.
Les biologistes qui ont fait des bénéfices durant la crise covid dénoncent une folie austéritaire. “La CNAM nous demande de faire des économies à hauteur de 250 millions d’euros par an. On était d’accord. Mais on a appris que ce sera sur quatre ans sur la période 2023-2026” explique le Dr Patrice Mougin, biologiste médical. “Cela fait longtemps qu’on participe aux économies de la Sécurité sociale, mais cette fois-ci le montant demandé est énorme. 20% de rabais pour 2023-2026 c’est beaucoup. On sera obligé de faire des économies, de fermer des labos, de réduire le personnel” estime le biologiste.
Qui appelle à la grève les labos ? Combien de temps va durer le mouvement ?
Le mouvement de grève entamé ce 14 novembre touche les grands groupes de laboratoires privés (Biogroup, Cerba, Eurofins, Inovie, Synlab), ainsi que par le réseau des Biologistes indépendants (LBI). 95% des laboratoires de France sont concernés par ce moment de grève. Le mouvement devrait durer trois jours.
L'exécutif campe sur sa position de 250 millions d’économies à faire pour les labos
"Je maintiens la cible, cela aboutira", a encore affirmé la semaine dernière François Braun, le ministre de la Santé estimant qu'"avec un excédent brut de 3 milliards, ils peuvent faire un effort de 250 millions".
L'assurance-maladie "continue pour sa part à privilégier le dialogue" et "regrette profondément l'appel à la grève", jugeant ses propositions "pleinement soutenables pour le secteur de la biologie".
Les biologistes ont toutefois reçu cette semaine le renfort du Sénat lors de l'examen du projet de budget de la sécurité sociale.
Épousant leur revendication, la Haute assemblée a voté un amendement transformant cette "baisse pérenne en contribution exceptionnelle de 250 millions d'euros en 2023.
Avec AFP