Grève SNCF à Noël : seulement 2 trains sur 3 en circulation officiellement, beaucoup moins en réalité

Un mouvement de grève touche la SNCF cette fin de semaine, du jeudi 22 décembre 20 heures au lundi 26 décembre à 8 heures. L’entreprise annonce la suppression de 40% des trains, des prévisions très optimistes quand on voit le nombre de trains qui ne circulent pas vendredi, samedi et dimanche au départ de Bourgogne-Franche-Comté.

Difficile d’avoir des précisions fiables sur le trafic en Bourgogne-Franche-Comté : la direction régionale de la SNCF ne communique pas sur cette grève nationale. Son argument : la SNCF est une grande entreprise nationale et les négociations se déroulent au niveau national.

Selon le communiqué national publié mardi 20, voici les prévisions de trafic, qui, depuis, cette date, se sont dégradées.

2 trains sur 3 annoncés


Selon le communiqué national publié mardi 20 décembre, voici les prévisions de trafic, qui, depuis, cette date, se sont dégradées.

«En raison d’un mouvement social des chefs de bord…la circulation des trains sera perturbée…En moyenne, 2 TGV sur 3 circuleront vendredi 23. La situation devrait être similaire les samedi 24 et dimanche 25, voire légèrement plus dégradée.

Communiqué SNCF

Visiblement la situation s’est dégradée et pas seulement légèrement. Voici le nombre de trains annulés, dès vendredi 23 décembre, pour deux destinations de Besançon vers Paris ou Lyon :

Les raisons de cette grève

Rencontrés à Dole, deux contrôleurs, membres tous les deux du "collectif des contrôleurs" expliquent pourquoi ils sont en grève. Pour cette femme, cheffe de bord, elle regrette vraiment l'attentisme de la SNCF : "Ce collectif, c'est déjà un manque de confiance envers la direction et les organisations syndicales. Le préavis de grève a été déposé fin octobre. Cela fait quasiment deux mois de négociations. Je trouve dommage que la direction n'ait pas réagi plus tôt. On veut vraiment une revalorisation du métier."

Ce contrôleur se fait plus précis dans les revendications : "Cette grève est due à un ras le bol, ras le bol sur le manque de personnel, sur les salaires trop bas, sur les conditions de travail..."

Les voyageurs s'adaptent

En gare de Besançon, les voyageurs ont pris leur disposition face au trafic perturbé. Ce jeune homme a avancé son retour sur Paris et il "croise les doigts pour que le train ne soit pas annulé". Un autre croit fermement que son retour sur Paris le 23 décembre n'est pas remis en cause : "La SNCF ne m'a envoyé aucune notification d'annulation."

Cette jeune femme, elle, pour son retour a choisi une autre option :"Je vais passer par Blablacar, ce sera plus simple pour s'organiser."

La situation se tend entre le gouvernement et SNCF


Les chefs de bord, autrement dit les contrôleurs, font grève pour obtenir des hausses de salaire. Les syndicats Sud Rail et CGT ont déposé un préavis de grève sans appeler eux-mêmes à cesser le travail. Le mouvement est parti de la base, via les réseaux sociaux, et déborde les organisations. Mais les syndicats ont ainsi protégé les grévistes qui sont  couverts légalement s’ils ne vont pas travailler.

Ce jeudi 22 décembre, de nombreuses réactions face à cette grève se font entendre.

Laurent Berger, le patron de la CFDT, affirme que son syndicat ne soutient pas ce mouvement, lui non plus « à titre personnel ». Il demande que le weekend du Nouvel An soit « sauvé » pour les usagers.

Nouvelles déclarations aussi du côté du gouvernement qui fait pression sur la SNCF. Faire grève à la SNCF à Noël est "incompréhensible et injustifiable", a regretté le ministre des Transports, Clément Beaune. Il a rejeté la possibilité de réquisitions, "très encadrées juridiquement et même constitutionnellement". Et il a ajouté que cette grève va "coûter sans doute une centaine de millions d'euros" à la SNCF.

De son côté, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a exigé ce jeudi 22 décembre une solution "dans les prochaines heures" de la part de la direction de la SNCF. Il a affirmé : "C'est ça la responsabilité de la direction de la SNCF, elle a le soutien de l'Etat, elle doit trouver les voies et moyens de sortir de ce conflit".

La SNCF en appelle à la responsabilité des chefs de bord des TGV

Le président de la SNCF Jean-Pierre Farandou en a appelé  à "la responsabilité des chefs de bord TGV" pour qu'ils ne maintiennent pas leur mouvement de grève le week-end du Nouvel an.


 "Pour ce week-end, c'est malheureusement trop tard... mais il n'y a pas de raison de punir deux fois les Français." Et il a ajouté : "J'ai plus de 40 ans de maison, j'en ai vu des grèves, mais je n'en ai pas beaucoup vu le jour des départs comme ça", a déclaré le patron du groupe public. "C'est quand même très inédit".


"On a tout donné pour éviter la grève", a rappelé M. Farandou, insistant sur les négociations annuelles obligatoire (NAO) conclues début décembre qui ont entériné une revalorisation salariale moyenne de près de 6% en 2023 pour les cheminots, d'après lui. "Et pour les chefs de bord TGV, on a même ajouté 1,5 point de plus", a-t-il souligné. "On a mis de l'emploi, on a donné la garantie qu'il y ait deux chefs de bord par TGV et on a pris des engagements de déroulement de carrière", a ensuite fait remarquer
le PDG.

La grève pourrait coûter des dizaines de millions d'euros à la SNCF

Il a également présenté des excuses, "parce qu'un Français sur quatre n'aura pas de solution ferroviaire et ça me chagrine beaucoup".
Il a rappelé l'offre d'un bon d'achat équivalent au double du billet pour chaque voyageur dont le train a été annulé, une "première" en France. Mais "ça coûtera plusieurs dizaines de millions d'euros, c'est l'argent public, celui des Français", a-t-il malgré tout déploré.

Des réactions de colère de la part des usagers

Un appel a été lancé sur la page Facebook de France 3 Franche-Comté pour recueillir les témoignages d'usagers qui voient leur train annulé et leur Noël gâché... Certains en profitent pour se défouler contre les grévistes et la SNCF.

Les réactions sont très dures vis à vis des contrôleurs grévistes :

Lydie M. est très en colère sur ce mouvement : "Train de ma fille supprimé le 25, nous sommes dégoutés !! Qu'ils viennent bosser dans l'industrie, ils comprendront la chance qu'ils ont   !"

Nathalie D. constate : "Certaines familles n’ont que ce moment là pour se réunir, c’est vraiment égoïste de faire grève pour Noël !"


Brye T. en profite pour élargir le propos : "A chaque fois la même musique : vacances d'été, vacances de Noël, vacances de Pâques...ça devient lamentable et plus aucune crédibilité leur grève ! Prendre les voyageurs en otage, une honte !"

Et certains usagers proposent des moyens ultimes :

Pour Dom D. une seule solution, la privatisation de la SNCF : "Vivement que cette entreprise soit privatisée.Elle coute une fortune aux contribuables et n’est pas capable de fournir un service public.
Le remboursement des billets devrait se faire par une reprise sur salaire des grévistes."

Idem pour Didier B. qui rêve "que les CFF (chemins de fer fédéraux suisses) rachètent le réseau ferré français et l'exploitent."

Et certains autres proposent des solutions pratiques : Marie Christine N. qui l'affirme : "Arrêtez de râler le covoiturage ça existe et ça fonctionne très bien."

Avec AFP

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