Nacle, street-artiste de Besançon, colore quelques murs de la ville pour témoigner son soutien à l'Ukraine et "ancrer cet épisode de l'histoire".
« Fallait que ça sorte », lâche Nacle. Depuis plus d’une semaine, les mêmes informations tournent en boucle dans les médias. La guerre en Ukraine, les images du conflit, les larmes et la force d’un peuple. Le graffeur bisontin les a regardées, ces vidéos. Et il ne pouvait rester sans rien faire : « Mon travail d’artiste, c’est de sensibiliser les gens à l’actualité. Il fallait que je m’exprime, que cela s’inscrive sur un mur. »
Alors Nacle a pris ses bombes de peinture, couleur Ukraine. Il a tapissé quelques murs bisontins de ces graffitis.
Deux graffitis à Besançon
Le premier se trouve du côté du lycée Condé. Sur le mur du parking des Arènes, Nacle y inscrit alors des expressions, des mots qui comptent : « Free Ukraine », « Make art not war ». « Ce sont des hashtags, principalement », remarque l’artiste, qui confie suivre l’actualité via les réseaux sociaux. « J’ai l’habitude de réaliser ce genre d’œuvre avec mon blaze ‘Nacle’. Cette fois-ci, il fallait passer au-delà de moi-même, et choisir ces mots ».
L’autre œuvre se dessine à l’ancien site de la Rhodiacéta. Sur un fond jaune et bleu, une femme auréolée d’une couronne de fleurs. Sur son buste nu, l’inscription « Fuck Putin ». Une allégorie à la résistance contre le président russe. « J’ai choisi de représenter une Femen, car c’est une image qui est connue de toutes et tous. Plus médiatisée que celle de l’opposant russe, Alexeï Navalny, par exemple, explique Nacle. C’est un moyen de symboliser les femmes slaves, et particulièrement les femmes ukrainiennes qui ont dû quitter leur pays à cause de la guerre. »
Bombe n°94
Connu pour ses graffitis de pin-ups, le street-artiste bisontin souhaite inverser la tendance : « On m’a reproché de faire des fresques, parfois faciles, des ‘meufs à poil’, raconte Nacle. Je voulais me servir de cette image, réputation, pour en faire quelque chose. » Cette femme aux couleurs de l’Ukraine tient une bombe, avec le numéro 94. Une marque oui, mais une drôle de coïncidence aussi. L'année 1994 est marquée par l’abandon de l’arsenal nucléaire par l’Ukraine, en échange de la reconnaissance de son intégrité territoriale. Une garantie signée par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Russie.
Par ses œuvres, Nacle veut montrer son soutien au peuple ukrainien, et surtout, marquer cet épisode de l’histoire : « C’est dans la continuité des fresques covid, il fallait ancrer cette guerre en Ukraine dans le temps pour que, plus tard, on s’en souvienne. » L’artiste bisontin souhaite entrevoir un horizon meilleur. :« On a vu que la pandémie liée au covid n’a pas changé le monde. Espérons que le "monde de demain" arrivera après cette guerre. »